2016-02-27 15:44:00

Méditation pour le 3ème Dimanche de Carême


Le Père Joseph Ballong nous introduit à la méditation avec les lectures du troisième dimanche de Carême  

(RV) Transcendance  et liberté

Les textes de la Parole de Dieu du troisième dimanche de notre marche vers Pâques nous suggèrent deux pistes de réflexion : Dieu est l’Absolu transcendant ; il nous appelle patiemment à une relation libre avec lui.

Tous les qualificatifs que nous utilisons pour essayer de dire Dieu rendent très imparfaitement compte de sa nature. Notre vocabulaire ne peut épuiser le mystère de Dieu. L’auteur du livre de l’Exode ne s’y est pas trompé qui fait dire à Dieu : «  Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : celui qui m’a envoyé vers vous est : JE SUIS » ; aucun mot humain, aucune image ne peuvent exprimer la réalité de Dieu. Il est tellement au-dessus de ce que nous pouvons imaginer ou penser que tout ce que nous disons de lui trahit en quelque sorte sa véritable identité. Si Moïse se voile la face quand il rencontre Dieu, c’est parce qu’il a conscience de la distance qui les sépare. Il sait qu’il ne peut pas y avoir de relation directe entre deux êtres si différents, l’un  étant tout, l’autre se considérant comme rien.

    Cette situation est pour le moins inconfortable. Et la tentation est grande de la fuir. Moïse se voile la face. C’est peut-être le signe de crainte et de respect ; ce peut être aussi le refus d’admettre l’existence même de cet absolu dont la réalité constitue à elle seule une remise en question de ce qu’est l’home lui-même. Saint Paul fait allusion aux Hébreux qui n’ont pu résister à l’envie de se créer des dieux à leur image, à leur mesure. Et il met en garde les chrétiens de Corinthe ; il nous met en garde aujourd’hui contre la tentation de  nous tromper d’absolu, d’oublier le vrai Dieu. Dieu avait comblé les Hébreux de bienfaits, mais ils n’en ont pas été satisfaits. L’être humain a un désir de dépassement, un besoin d’absolu. Seulement voilà, il y a une telle distance entre ce que nous sommes et l’absolu, que nous nous sentons incapables de la franchir. Alors nous y renonçons et nous nous contentons de satisfaire nos besoins les plus élémentaires…

   Ou bien, nous fabriquons des idoles à notre portée qui nous satisfont à bon compte, sans que nous ayons à nous engager. Si l’une devient trop exigeante, nous passons à une autre… Notre absolu, notre bon Dieu c’est quoi ? Est-ce notre maison, notre métier, nos enfants, nos richesses terrestres, notre voiture ?

  Sur cela saint Paul nous lance un avertissement et nous invite à ne pas nous tromper de Dieu. Dieu nous comble de bienfaits. Mais ne réduisons pas Dieu aux bienfaits qu’il nous accorde. Dieu est l’Autre, l’Etre au-dessus de tous les êtres. Mais n’en tirons pas non plus raison pour le penser inaccessible et nous détourner de  lui.

     Dieu est beaucoup plus que les dons qu’il nous accorde. Il ne nous écrase pas de sa toute-puissance, il nous poursuit seulement de son amour . Il n’a rien d’un monarque absolu qui n’attend de ses sujets que soumission aveugle. Je suis descendu, dit Dieu, pour délivrer mon peuple de la main des Egyptiens et le faire monter vers le pays de Canaan. Ainsi Jésus est descendu pour nous délivrer de l’esclavage du péché et nous faire monter vers la lumière de son Royaume…Ainsi pendant le Carême, il descend pour nous faire monter, à travers la conversion, vers le mont Thabor…

      Ce que Dieu veut c’est nous inviter à monter vers lui en donnant du fruit, le fruit de nos actes d’amour. Aucun homme n’est stérile s’il accepte de se laisser cultiver par Dieu, de se laisser inonder, arroser  de sa grâce, s’il  ne se voile  pas la face devant lui et se met en route, même dans ses déserts, à la suite de Jésus, le premier des hommes à contempler Dieu face à face.

      Accueillons donc aujourd’hui cette invitation à aimer librement le Dieu qui, depuis toujours, nous montre son amour qui ne désespère jamais de l’homme, car sa patience est infinie. (KS)








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