Le FMI menace de suspendre le plan d'aide à l'Ukraine

(RV) Entretien - Le Fonds monétaire international (FMI) menace de couper son aide à l'Ukraine si des réformes ne sont pas rapidement mis en oeuvre. «Sans de nouveaux efforts significatifs pour améliorer les réformes en matière de gouvernance et combattre la corruption, il est difficile de voir comment le programme soutenu par le FMI peut continuer», a indiqué la directrice générale du FMI Christine Lagarde mi-février 2016.

Le prêt de 17,5 milliards de dollars sur quatre ans, accordé en mars 2015 à l'Ukraine, pourrait donc être suspendu, alors que seuls 6,7 milliards de dollars ont été déboursés jusqu'à maintenant. L'histoire se répéterait alors, le FMI ayant déjà dû abandonné deux précédentes lignes de crédit, en 2008 et en 2010, faute de volonté politique des autorités de l'époque.

Démission du ministre de l'économie

Alors que le pays s’enfonce dans la récession et subit un conflit avec les séparatistes pro-Russes dans l’est, la première exigence du FMI porte sur la lutte contre la corruption. Un phénomène qui touche les plus hautes instances de l’Ukraine mais aussi les différents échelons de l'administration.

Début février, c’est dans ce contexte de blocage et d’alliances intéressées au sein du pouvoir que le ministre ukrainien de l'économie a démissionné. Cette figure de proue de la lutte anti-corruption a dénoncé des pressions sur son ministère, notamment de la part d'un homme d'affaire proche du président ukrainien Petro Porochenko. Il a aussi critiqué non pas seulement «un manque de soutien ou de volonté politique» mais aussi «des mesures actives visant à paralyser notre travail de réformes».

Florent Parmentier, enseignant à Sciences Po Paris et spécialiste de l’Ukraine, explique comment la corruption touche le pays. Il est interrogé par Caroline Chabir.

Florent Parmentier est l'auteur de Les chemins de l'État de Droit - la voie étroite des pays d'Europe et de la Russie, paru aux Presses de Sciences-Po.

(SBL-CC)