2016-02-19 12:49:00

Première méditation de Carême du père Cantalamessa : "l'adoration en esprit et en vérité"


(RV) Le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, a livré dans la matinée de ce vendredi 19 février la première de ses méditations du Carême 2016, devant le Pape François et les responsables de la Curie romaine, réunis dans la chapelle Redemptoris Mater. Il a poursuivi sa relecture des textes majeurs du Concile Vatican II, démarche qu’il avait entamée en décembre 2015 lors de ses prédications de l’Avent. Il a consacré sa réflexion à la constitution Sacrosanctum Concilium, sur la liturgie, en l’axant sur le thème «l’adoration en esprit et en vérité».

Le père Cantalamessa a tout d’abord précisé qu’il ne fallait pas considérer Vatican II comme un «fleuve» mais comme un «affluent», c’est-à-dire comme un étape importante dans l’histoire de l’Église, mais ni un début, ni une fin. Une analyse proche de "l’herméneutique de la continuité" chère à Benoît XVI. Le prédicateur capucin s’est d’ailleurs appuyé sur une figure spirituelle qui a beaucoup inspiré le Pape émérite dans ses enseignements : «Dans sa fameuse œuvre sur Le développement de la Doctrine chrétienne, le bienheureux cardinal Newman a affirmé qu’arrêter la tradition à un point de son cours, même s’il s’agit d’un Concile œcuménique, serait en faire une tradition morte et non une tradition vivante. La tradition est comme une musique. Que serait une mélodie si elle s’arrêtait sur une note, en la répétant à l’infini ? Cela arrive avec un disque qui s’use et nous savons l’effet désagréable que cela produit».

Le prédicateur a rappelé que les fruits des Conciles ne sont pas toujours ceux attendus par les participants directs à ces assemblées. Par exemple, le Concile d’Ephèse, en 431, reste attaché à la définition de Marie comme Theotokos, Mère de Dieu, alors que son objet initial était d’affirmer l’unité de la personne du Christ.

Le retour nécessaire à l'Esprit Saint

Concernant Vatican II, le père Cantalamessa a déclaré que «s’il y a un champ dans lequel la théologie et la vie de l’Église catholique se sont enrichies dans les 50 années post-conciliaires, c’est sans doute celui relatif à l’Esprit Saint», une évolution conforme au vœu de saint Jean XXIII qui souhaitait «une nouvelle Pentecôte pour l’Église». Cette évolution a aussi motivé les textes du Concile, pour un esprit de la liturgie qui soit surtout celui d’une liturgie de l’Esprit. Mais il s’agit surtout de sauvegarder le dynamisme trinitaire de la liturgie, et non de privilégier l’une ou l’autre des trois personnes de la Trinité.

«C’est surtout quand la prière devient fatigue ou lutte que se découvre toute l’importance de l’Esprit Saint pour notre vie de prière. L’Esprit devient, alors, la force de notre prière faible, la lumière de notre prière éteinte, en un mot, l’âme de notre prière.» Et tout ceci advient par la foi. Le père Cantalamessa a remarqué que les formes d’adoration traditionnelles dans l'Église latine, diffusées notamment par l’École française de spiritualité qui s'était forgée au XVIe siècle autour, notamment, du cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629), avaient porté de grands fruits dans l’Église mais ne se référaient pas suffisamment à l’Esprit Saint.

Pourtant Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, exprime clairement la nécessité de faire appel à l’Esprit Saint : «l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles.» (Rom 8, 26-27).

Pour conclure son intervention, le père Cantalamessa a invité tous les participants à proclamer ensemble «le texte qui reflète la place de l’Esprit Saint et l’orientation trinitaire de la liturgie, c’est-à-dire la doxologie finale du canon romain : “ Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siè­cles".»

(CV)

 








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