Noël : les évêques de France tentent de réconforter un pays inquiet

(RV) Dans plusieurs pays, les vœux des évêques, à l’occasion de Noël, sont en lien étroit avec une actualité souvent dramatique et appellent à la cohésion. Ceci est particulièrement vrai cette année en France.

Ainsi l’archevêque de Paris ne manque pas d’évoquer «les attentats mortels et destructeurs» qui ont frappé la capitale en janvier et en novembre. Mais il souligne que «ces événements tragiques ont été pour les Français, l’occasion de prendre conscience qu’il y avait des liens qui les unissaient par-delà leurs différences et leurs divergences de convictions et de croyances». Le cardinal André Vingt-Trois évoque aussi des événements positifs importants comme la session du synode consacré à la famille à Rome au mois d’octobre, ou plus récemment la COP 21 réunie à Paris. L’archevêque de Paris souhaite que l’année 2016 porte du fruit dans ces deux directions : dans notre capacité à développer la cohésion entre nous et à éclairer cette cohésion à la lumière de la foi. A la suite de l’encyclique Laudato Sì du Pape François, le cardinal Vingt-Trois invite les fidèles à entrer dans de nouveaux modes de vie pour lesquels chacun est sollicité.

Dans un message vidéo, le président de la conférence des évêques de France s’adresse en particulier à ceux qui ont le plus besoin d’encouragements, les détenus, les malades dans les hôpitaux, les personnes âgées dans les maisons de retraite, les personnes seules, celles qui vivent de graves épreuves. Il souhaite à tous d’avoir «le courage d’affronter ce qui leur est donné de vivre, en sachant que chacun est précieux, pour Dieu, pour sa famille, pour ses amis». Mgr Georges Pontier en est certain : «nous avons les ressources en nous-mêmes pour trouver les solutions et le chemin qui nous permet d’avancer dans cette vie. Il n’existe pas de situation inéluctable qui ne pourrait être redressée». L’archevêque de Marseille souhaite aux chrétiens de «retrouver la fraîcheur de la foi chrétienne». Et pour que l’année 2016 soit bonne, il faut, conclut-il, que «nos relations soient les meilleures possibles».

Toujours en France, l’évêque d’Évreux constate que les réactions de peur dues à l’insécurité, les disparitions d’entreprises, le fléau du chômage déterminent les comportements d’un bon nombre de Français. «Les rencontres familiales et sociales qui accompagnent les fêtes de fin d’année apportent une véritable lumière dans un univers sombre. L’enfant Jésus qui naît nous invite à transformer avec Lui notre manière d’être et de vivre avec la force de l’Amour, un Amour qui respecte notre liberté. Aucun changement bénéfique ne se produira sans que nous acceptions d’abord un changement des esprit et une conversion des cœurs». Mgr Christian Nourrichard lance un appel aux chrétiens mais aussi aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour qu’ils se donnent les moyens d’établir entre eux «une véritable confiance au service du bien commun».

L’évêque d’Ajaccio. Mgr Olivier de Germay, déplore lui aussi la montée du radicalisme islamique, la crise des migrants et la dégradation de l’environnement. Dans un tel contexte, l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, Mgr Denis Moutel, souligne que la flamme de l’espérance est confiée à chacun. En regardant l’enfant de la crèche, nous apprenons que nous sommes faits pour être en paix les uns avec les autres : la connaissance plutôt que le soupçon, la parole échangée plutôt que les barrières qui séparent.

L’évêque de Laval exhorte les fidèles à apporter la lumière de la compassion et la joie de la solidarité face au mal et à la haine qui, quotidiennement, blessent et défigurent l’humanité. Ne laissons pas ce monde s’enfoncer davantage dans la nuit, écrit Mgr Thierry Scherrer, tandis que l’évêque de Pontoise, Mgr Stanislas Lalanne évoque les pays en guerre, comme la Syrie, la Centrafrique et tant d’autres. Pour Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne, Noël est «la fête des pauvres et des plus fragiles. Ce jour-là, nous devrions tous sortir à la rencontre des exclus et des marginaux, ceux qui dorment dehors, sous une tente, mais aussi les grands malades… pour aller chercher auprès d’eux la lumière qui éclairera nos vies».

L’évêque de Saint-Denis, ville très éprouvée par l'actualité récente, Mgr Pascal Delannoy, rappelle que «ceux qui se laissent sauver par l’enfant de la crèche sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur et de l’isolement. Avec Lui, la joie renaît toujours». «Dieu ne désespère de personne» renchérit l’évêque de Nîmes, Mgr Robert Wattebled, et l’archevêque d’Aix-en-Provence, enfin, appelle à «ne pas tuer l’Enfant qui dort en nous». «Réveillez la confiance», c’est l’invitation de Mgr Christophe Dufour.

(CV-RF)