2015-12-14 07:36:00

Un massacre à huis clos au Burundi


(RV) Entretien – Les événements se précipitent au Burundi. Depuis avril, ce petit de l’Afrique des Grands Lacs vit au rythme d’une crise politique qui voit s’opposer le pouvoir du président Pierre Nkurunziza à l’opposition. La décision du chef de l’État de se présenter à un troisième mandat à la faveur d’une certaine lecture d’un article de la Constitution qui limite le nombre de mandat présidentiel à deux, a provoqué la colère de la société civile et des partis d’opposition.

La réélection de Pierre Nkurunziza malgré les protestations ayant précédé le scrutin n’a pas fait taire la colère des opposants. Le pouvoir a alors décidé d’utiliser la manière forte pour s’imposer. Depuis cet été, des attaques d’hommes armés ont régulièrement lieu principalement à Bujumbura, entrainant des représailles de la part des forces de l’ordre.

Vendredi, le niveau de violence a atteint un niveau inédit jusqu’alors. Trois camps militaires ont été attaqués à Bujumbura et en province. Quelques heures plus tard, selon des témoignages d’habitants de plusieurs quartiers de la capitale, notamment Nyakabiga et Rohero II, les forces de sécurité ont exécuté au moins 79 jeunes hommes considérés comme des "ennemis". Huit soldats et policiers ont également été tués.

L’abbé Dieudonné Niyibizi, étudiant à Rome, est en contact régulier avec ses proches qui habitent Bujumbura. Interrogé par Xavier Sartre, il revient sur le climat qui règne actuellement dans le pays et sur cette crise qui risque à tout moment de dégénérer en nouvelle guerre civile. 

Dans ce contexte, Mgr Joachim Ntahondereye, souligne que le Jubilé est une grande opportunité pour le pays. « Sans pardon et sans miséricorde, il ne peut pas y avoir de réconciliation » indique l’évêque de Muyinga, qui a ouvert ce dimanche 13 décembre la Porte Sainte de la cathédrale de la ville.

Face aux tensions, les évêques ont écrit deux lettres pastorales, rappelle-t-il, soulignant l'importance de travailler pour une véritable démocratie, qui n’exclut personne et qui œuvre en faveur du bien commun et de la justice sociale.

Mgr Ntahondereye a également évoqué le sort des quelques 200.000 réfugiés burundais qui se trouvent actuellement en Tanzanie, au Rwanda et en République démocratique du Congo. « Nous ne pouvons pas les négliger, nous devons les réconforter et nous mobiliser pour créer les conditions de la paix leur permettant de rentrer chez eux », a-t-il déclaré dans un communiqué à l’Aide à l’Église en détresse. (MD-XS)








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