2015-11-13 12:45:00

Être un peuple pour accueillir l'étranger


(RV) Des membres de la fondation allemande Romano Guardini ont été reçus par le Pape François vendredi 13 novembre 2015 au Vatican. Ils étaient présents à Rome pour participer à une conférence organisée par l’Université pontificale grégorienne à l’occasion du 130ème anniversaire de la naissance du prêtre théologien ayant donné son nom à l’institution.

Le Souverain Pontife s’est dit «convaincu que Guardini est un penseur qui a beaucoup de choses à dire aux hommes de notre temps, et non seulement aux chrétiens». Projet qu’est en train de réaliser la fondation, «faisant entrer la pensée de Guardini en dialogue avec la politique, la culture et la sciences d’aujourd’hui». Romano Guardini est un personnage que le Pape connait bien. En effet, il s'était rendu en Allemagne en 1986 pour un projet de thèse sur ce théologien allemand d'origine italienne.

Dans L’univers religieux de Dostoïevski, Romano Guardini cite le roman de l’écrivain russe Les frères Karamazov. Le Saint-Père s’intéresse au passage où les gens se rendent auprès du starets Zosime pour lui confier préoccupations et difficultés, lui demander prières et bénédictions. À une femme ayant tué son mari malade, qui la battait par le passé, et convaincue d’être condamnée, le religieux lui montre une échappatoire: «son existence a un sens, car Dieu l’accueille dans un moment de remords». «Il n’y a pas de péché que Dieu ne pardonne pas à qui se repent sincèrement», ajoute le starets. Grâce à la confession, la femme est transformée.

«Pour Romano Guardini, “l’unité vivante” avec Dieu consiste en une relation concrète des personnes avec le monde et avec les autres autour de soi», au sein d’un peuple, explique le Pape. Et poursuit: «Guardini explique le concept de “peuple” en le distinguant nettement d’un rationalisme des Lumières qui considère réel seulement ce qui peut être compris par la raison et qui tend à isoler l’homme en l’arrachant à ses relations vitales naturelles».

Ces réflexions peuvent être appliquées à notre temps, selon François, «en cherchant de découvrir la main de Dieu dans les événements actuels. Ainsi pourrons-nous peut-être reconnaitre que Dieu nous a envoyé, dans la riche Europe, l’affamé pour que nous lui donnions de quoi manger, l’assoiffé, pour que nous lui donnions à boire, l’étranger, pour que nous l’accueillions, le nu, pour que nous puissions l’habiller. Si nous sommes un peuple, nous l’accueillerons certainement comme notre frère; si nous sommes seulement un groupe d’individus, nous serons tentés de sauver d’abord notre peau, mais nous n’aurons jamais de continuité.»

(AG)








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