Méditation du XXXIIème dimanche du Temps ordinaire

Mgr Bernard Munono Muyembe, official au Conseil pontifical Justice et Paix, nous introduit à la méditation avec les lectures du XXXIIème dimanche du Temps ordinaire :

L’évangile de ce dimanche nous propose deux enseignements de Jésus. Le premier est une mise en garde contre l’hypocrisie des scribes.

Le deuxième met en lumière le contraste entre la façon de donner des riches et des pauvres. Jésus observe comment la foule met de l’argent dans le trésor. Les riches mettent de grosses sommes, une pauvre veuve s’avance et met deux pièces de monnaie. Tandis que les riches ont pris sur leur superflu, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.

Les scribes ne sont pas seulement une classe, une élite ; ils représentent une façon de se comporter qui manque de cohérence. Quand Jésus dit aux foules « Méfiez-vous», c’est pour qu’elles ne tombent pas dans les mêmes erreurs et ne croient pas que l’hypocrisie est une caractéristique des seuls dirigeants ou de l’élite. Certes, il est plus facile de critiquer ceux qui sont au pouvoir, qui exercent des responsabilités politiques, économiques, culturelles ou religieuses.

Mais ceux qu’ils gouvernent ne sont pas moins exempts de la tentation du pouvoir, des horreurs, de l’argent. Celui qui cherche à paraître ce qu’il n’est pas, qui vit aux dépens des plus faibles, qui prie pour se faire voir des gens, qu’il soit dirigeant ou non, celui-là n’est pas un vrai disciple du Christ. Jésus dit que ceux qui se comportent ainsi seront d’autant plus sévèrement jugés, parce qu’ils trompent, ils sont hypocrites, ils se moquent de Dieu et méprisent leur prochain.

L’exemple de la veuve nous montre que le don doit nous coûter quelque chose. Lorsque quelqu’un donne ce qu’il a pour vivre, il donne en quelque sorte sa vie aux autres, au prochain qui est dans le besoin. Il ne faut pas attendre d’amasser des biens ou d’avoir des comptes bancaires bien fournis pour commencer à donner, car ce que l’on donnerait alors ne serait que du surplus, et ne mettrait pas en danger notre vie, notre sécurité. Jésus nous invite à donner avec générosité ce qu’on a à disposition pour vivre, comme cette pauvre veuve de l’évangile, mais aussi comme la veuve de Sarepta qui a donné au prophète Elie ce qu’elle avait pour vivre, elle et son fils. En retour, le Seigneur l’a comblée de bénédictions. Quel bel exemple de multiplication de pain, par la solidarité et le partage entre pauvres !

La lettre aux Hébreux nous dit que le Seigneur Jésus s’est offert lui-même pour la multitude. Ainsi, frères et sœurs, apprenons nous aussi à être généreux sans compter, spécialement envers les plus nécessiteux qui nous montrent la face de Jésus aujourd’hui : les opprimés et les affamés, les enchaînés et les aveugles, les accablés et les étrangers, les veuves et les orphelins. Que ceux qui, dans nos paroisses et nos communautés chrétiennes, sont chargés de la gestion des dons faits aux pauvres, spécialement de la collecte dominicale, se montrent dignes de confiance ; et utilisent ces dons pour aider leurs frères et sœurs nécessiteux. Apprenons à donner à cœur joie à qui est dans le besoin, donnons de nos biens, mais aussi de notre temps, de notre savoir, de notre énergie, de notre confort, de toute notre vie, en union au sacrifice du Christ. C’est là l’offrande véritable, un trésor inépuisable et un investissement sûr pour la vie éternelle. Amen.