2015-10-19 13:36:00

Synode : des auditrices pour une plus grande place des femmes dans l'Eglise


(RV) Il y a 40 ans, il y avait deux religieuses au synode. « Ce fut alors salué comme un progrès. Mais quarante ans plus tard, nous sommes trois », c’est le constat qu’a fait une religieuse ce vendredi en Salle du Synode. Plusieurs auditrices ont profité de leur intervention respective pour adresser aux pères synodaux, un plaidoyer en faveur d’une plus grande place des laïcs et en particulier des femmes dans l’Église, notamment lorsqu’il s’agit de réfléchir au thématiques familiales.

Blandine Hugonnet.

« Je rêve d’une Église où chacun est appelé à apporter sa pierre à la construction de l’édifice ». Dans son intervention, Sœur Carmen Sammut de l’Union internationale des supérieures générales, plaide pour une plus grande participation de laïcs. « Si l’image de l’Église, c’est le Peuple de Dieu, alors on devrait attendre des laïcs qu’ils apportent leurs connaissances au processus de discernement de l’Église, en vue d’une prise de décisions, toujours en union avec le Pape et les évêques ». Les budgets diocésains incluraient dès lors la formation des femmes, des hommes et des jeunes afin qu’ils deviennent des leaders dans l’Église.

La religieuse maltaise juge utile la création de groupes de travail pluridisciplinaire où collaboreraient de laïcs et des membres du clergé, sur les questions de biotechnologies notamment. Elle se montre favorable à la participation des couples dans la formation des prêtres, par exemple sur la question de la responsabilité parentale.

Dans une position d’ouverture à la vie et contre l’avortement, elle explique par exemple que « les méthodes naturelles de planning familial ne sont pas toujours utiles pour que les couples grandissent dans un amour réciproque, surtout si le mari ne se montre pas coopératif ou qu’il est régulièrement absent ».

 

Le constat de Sœur Maureen Kelleher, religieuse depuis plus de 55 ans et, elle aussi, membre de l’Union internationale des supérieures générales, est brutal. Beaucoup de femmes « appelées à se mettre au service du Royaume de Dieu » ne trouvent pas leur place dans l’Église. Peu importe leur talent, elle ne peuvent pas l’apporter ni dans les prises de décision, ni dans les questions de planning pastoral. « Elles doivent aller ailleurs pour se mettre au service du Royaume de Dieu. Dans son intervention, la religieuse américaine demande aux dirigeants de l’Église de reconnaitre » cet état de fait.

Pour proposer de nouveaux modèles familiaux, adaptés à notre temps et fidèles à la vocation chrétienne, l’Église qui a contribué de manière déterminante à définir et discipliner la famille, se trouve dans une condition privilégiée. Cependant, juge l’historienne italienne Lucia Scaraffia, il ne suffit pas de parler uniquement et toujours de mariage. Il ne faut pas non plus s’arrêter à une vision abstraite et parfaite de la famille. « L’Église a besoin d’écouter la réalité », les vrais acteurs de la famille : les hommes mais surtout les femmes, « les grandes expertes de la famille », « qui ont vécu et réfléchi aux grands changements du rôle féminin lors du dernier siècle ». « L’Église a besoin d’écouter les femmes, ce qu’elles pensent avoir perdu ou acquis lors de ce grand changement, et ce qu’elles veulent aujourd’hui ». L’historienne qui pilote depuis quatre ans un supplément de l’Osservatore Romano consacré à la femme dans l’Église et le monde, rappelle que le vrai discernement ne s’opère qu’à travers une écoute réciproque. Si les pères synodaux ne leur accordent pas plus d’attention, affirme Lucia Scaraffia, le risque est réel de voir ces femmes, parfois seule avec leurs enfants malades ou handicapés, encore plus isolées. Rejetées et malheureuses, alors qu’elles « donnent un exemple admirable de comportement chrétien ».








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