Les religions unies contre la corruption au Guatemala

(RV) Les responsables religieux du Guatemala ont organisé un pèlerinage pour dire leur indignation contre la corruption qui gangrène la classe dirigeante. A l’initiative du Conseil œcuménique chrétien, une cinquantaine de représentants de différentes religions ont défilé jeudi dans les rues de la capitale pour protester contre ce fléau et réclamer une réforme électorale alors que des élections générales sont prévues le 6 septembre.

Le scandale de corruption qui secoue le Guatemala depuis des mois a atteint vendredi la tête de l’Etat avec la mise en accusation directe du président Pérez par le parquet et l’arrestation de son ex-vice-présidente. Le chef de l’Etat est accusé de diriger le réseau de corruption découvert au sein des douanes. De nombreux fonctionnaires sont accusés d’avoir touché des pots-de-vin pour exonérer des importateurs de frais de douane. Une procédure a été lancée pour que le président comparaisse devant la justice.

Jeudi, plusieurs communautés religieuses, dont la conférence des religieux et des religieuses catholiques, sont descendues dans la rue pour demander aux autorités d’écouter les demandes de la population. Le pèlerinage de l’indignation a commencé par une bénédiction devant la cathédrale catholique de la capitale et s’est terminé par une procession aux flambeaux suivie d’une célébration œcuménique et interreligieuse dans la Basilique d’Esquipulas, qui abrite le Christ noir, une sculpture vénérée par des millions de fidèles en Amérique centrale. Le défilé a fait notamment une halte devant le monument érigé en l’honneur de Mgr Juan Gerardi, l’évêque assassiné en 1998, deux jours après avoir rendu public un rapport faisant état de violations des droits de l’Homme et indiquant les responsables.

« Les politiques finiront tôt ou tard par payer la note de leurs privilèges », a lancé l’archevêque actuel, Mgr Oscar Vian Morales en invitant les croyants à prier pour que le Guatemala ait un avenir meilleur et pour que les gens cessent de vivre dans la misère. La manifestation s’est conclue par une prière interreligieuse pour que les élections du 6 septembre soient sereines et transparentes.

Les scandales dévoilés ces derniers mois ont éclaboussé une bonne partie de la classe dirigeante. L’ex-patron de la Banque centrale est visé par une enquête pour blanchiment d’argent et l’ancienne vice-présidente est poursuivie pour association de malfaiteurs, fraude et corruption passive. Des milliers de Guatémaltèques sont descendus dans les rues ces derniers mois et le procureur en charge des droits de l’Homme redoute une montée des troubles dans ce pays frappé par une violence et une pauvreté records.