2015-08-10 15:23:00

L'Église italienne porte assistance aux réfugiés en Jordanie


(RV) Entretien - Le secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Nunzio Galantino, a conclu sa mission en Jordanie, accomplie au nom de tous les évêques italiens. Il y a rencontré les nombreux chrétiens qui ont fui l’Irak il y a un an, en raison de l’avancée des djihadistes de l’État islamique, et accueilli dans les camps de réfugiés du royaume hachémite. Le prélat a apporté le salut et le message du Pape, dans lequel François exprime sa proximité concrète et celle de toute l’Eglise pour les frères persécutés.

Mgr Galantino a répondu aux questions d’Antonella Palermo, du service italien de Radio Vatican :

« L’Église qui est en train d’accueillir les réfugiés, que ce soit celle du Kurdistan irakien, à Erbil, ou celle d’Amman, a senti particulièrement proche l’Église italienne, et l’a senti à travers les attentions, à travwers la prière, à travers la présence, mais surtout, de manière concrète, à travers ce qui est parvenu aux réfugiés grâce au "huit pour mille" (ndlr : en Italie, 0,8 % des ressources fiscales provenant de l’impôt sur le revenu est reversé aux Églises, selon la volonté du contribuable). Vous savez qu’une partie du "huit pour mille" est utilisé justement justement pour des interventions d’urgence, mais aussi de promotion et de charité continue. Cette Église a donc senti l’Église italienne, les évêques italiens, proches, et a voulu qu’ils soient présents, à travers ma personne, à cette extraordinaire célébration. Imaginez qu’avec tous les patriarches, avec les autres Églises chrétiennes, il y avait 3000 réfugiés, venus là pour prier ensemble, pour écouter et présenter ensemble leurs paroles de remerciement au Saint-Père qui, comme vous le savez, à travers moi, a envoyé un message très intense.

Quelles émotions avez-vous ressenti dans cette proximité si forte avec eux ?

R- L’attitude avec laquelle je suis venu ici n’a pas été l’attitude de celui qui va pour donner : j’y suis allé avec l’attitude de celui qui reçoit. J’y suis allé pour dire merci en mon nom, mais aussi un peu au nom de tous : merci à ces hommes, à ces femmes, à ces si nombreux jeunes, qui, pour ne pas trahir Jésus, pour ne pas trahir l’Évangile, ont laissé vraiment tout. J’y suis allé pour dire merci : merci pour votre témoignage, merci parce que vous nous avez fait comprendre ce que signifient certaines phrases de l’Évangile, quand on parle d’hommes qui ont tout laissé pour suivre Jésus. Ces paroles, je les ai entendues justement d’un papa qui a dit justement cela : "nous, nous avons tout laissé pour suivre Jésus". Et il m’est venu à l’esprit la façon dont tant de fois nous banalisons cette expression. Tant de fois nous disons que nous avons tout laissé pour nous faire prêtres, sœurs, pour une vocation particulière, et ensuite un peu à la fois nous reprenons ce que nous avons donnés.

Donc je suis venu ici avant tout pour dire merci, merci pour ce témoignage sérieux, profond, difficile que vous nous donnez. Et ensuite, certainement, j’ai été frappé par le sérieux avec lequel l’Église de Jordanie, comme celle d'Erbil au Kurdistan irakien, ces Églises locales aidées évidemment par d’autres Églises, sont en train de vivre cet autre appel fort de l’Évangile à accueillir les immigrés, à accueillir ceux qui sont persécutés. Et ici il y a des personnes qui ont été persécutées. L’autre jour j’étais dans un centre Caritas et j’ècoutais le témoignage d’un papa avec ses trois filles, qui a dû tout laisser, mais surtout a dû voir le pistolet d’un milicien de l’État islamique pointé sur la tempe de sa propre fille. Par chance cette petite fille a été épargnée, mais évidemment cet homme a été tellement choqué qu’il n’a pas encore réussi à s’en remettre.

Comment réagit ce pays, la Jordanie, face à l’arrivée massive de ces réfugiés ?

Aussi ici, je pense que nous, en tant qu’Italiens, nous devrions apprendre à distinguer un peu mieux la réalité et ce que l’on en perçoit. Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous qui entendons dire et entendons parler du niveau "insupportable" de demandeurs d’asile : cela, selon moi, est une attitude qui vient ces jours-ci de ces opportunistes qui, pour prendre des votes, pour racketter des votes, disent des choses extraordinairement niaises. Je sais que c’est fatiguant d’accueillir, je sais que c’est difficile d’ouvrir ses propres maisons, d’ouvrir son propre cœur, d’ouvrir ses propres réalités à l’accueil. Mais la Jordanie a une population de près de 6 millions et demi d’habitants, et il y a deux millions et demi de réfugiés. Alors je pense que ce qui distingue la Jordanie, le Kurdistan irakien et les autres zones qui sont en train d’accueillir les réfugiés en ce moment, de l’Italie, c’est cela : ce n’est pas parce qu’ils ont plus de moyens, probablement ils ont simplement un cœur un peu plus grand, Et surtout, je répète, cette attention, qui à nous, nous manque, cette attention aux persécutés chrétiens et yézidis, des minorités qu ont fait l’histoire du Moyen-Orient.

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire à propos du retour à l’école de nombreux réfugiés irakiens ?

Cela a été un choix précis fait par la Conférence épiscopale italienne, en accueillant une demande qui nous est venue dans ces jours. Nous avons mis moins de 24h pour décider, grâce à l’attention et à la sensibilité de notre président, le cardinal Angelo Bagnasco. Je me souviens de lui avoir téléphoné à la nonciature, avec les responsables de Caritas, et nous étions en train de voir ensemble, qu’est-ce qui pouvait rendre de l’espérance à ces personnes en ce moment particulier. J’ai tout de suite téléphoné au président, qui n’a eu aucun doute et m’a dit : "Oui ! Allons-y tout de suite, tu peux l’annoncer !". Durant cette rencontre de prière avec les 3000 réfugiés je pouvais voir l’enthousiasme, la joie.

Ces enfants, ces jeunes, depuis un an ne sont pas allés à l’école. Ils devaient être là, enfermés, dans ces 2-3 mètres qui étaient à leur disposition pour toute leur famille. Donc vous comprenez l’angoisse, la frustration, l’impossibilité de regarder en avant. Alors, l’Église italienne a réussi, à travers le huit pour mille. Et non seulement les évêques, mais tous ceux qui ont ont signé pour destiner à l’Église catholique les "huit pour mille", l’autre soir, étaient présents avec moi, pour regarder droit dans les yeux ces familles, ces enfants, ces jeunes. Je m’en souviens d’une qui pleurait, parce qu’elle devait soutenir encore deux examens pour être diplômée, et qu’elle a dû tout lâcher. À partir du 1er septembre, 1400 de ces jeunes, de ces enfants, retourneront à l’école : ils iront dans les écoles du patriarcat, dans les écoles aussi de l’État, et pour payer les professeurs, pour payer les structures, il y aura les "huit pour mille" de l’Église catholique italienne. »








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