2015-07-04 12:07:00

Méditation du XIVe Dimanche du Temps Ordinaire


Les lectures proposées dans la liturgie de ce dimanche nous invitent à nous demander : qu’est-ce donc qu’un prophète ?

Dans la première lecture, Ezéchiel rend compte des circonstances dans lesquelles il a été appelé à devenir prophète, mais il explique aussi ce qu’est cette mission : parler au nom du Seigneur. Le prophète n’est pas celui qui habille d’une prétendue autorité divine ce que lui-même pense ; le prophète est quelqu’un qui prie, qui écoute et qui se laisse lui-même interpeller par le Seigneur jusqu’à transmettre à ses contemporains ce que le Seigneur lui demande d’exprimer. Dans la Bible, le prophète est une personne dont la parole est forte, mais c’est aussi une personne humble, soucieuse d’écouter le Seigneur.

Dans la deuxième lecture, l’apôtre Paul confesse que le Seigneur lui a révélé de grandes choses, mais qu’il ne lui a pas enlevé ce que Paul lui-même qualifie d’écharde dans sa chair… une blessure qui lui évite de tomber dans l’orgueil. La nature de cette écharde est l’objet de nombreuses hypothèses, mais en fait on ne sait pas clairement de quoi il s’agit. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que cette situation conduit l’apôtre Paul à déclarer : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ». Autrement dit, celui qui parle en vérité au nom du Seigneur rend son témoignage à partir de sa propre faiblesse, et non à partir de sa force, réelle ou supposée. Celui qui parle au nom du Seigneur agit en étant pleinement conscient d’être dépassé par Celui qu’il annonce : il ne possède pas le Seigneur, il est rejoint par lui, dans sa faiblesse même, pour aller au-delà de cette faiblesse.

Si tels sont quelques-uns des traits qui caractérisent le prophète, alors Jésus se situe bien dans la lignée des prophètes bibliques : sa parole est forte, mais il est humble et se tient dans une constante attitude d’écoute de Celui qu’il appelle son Père ; cette écoute le conduit jusqu’à accepter l’expérience de la passion afin de pouvoir conduire tous les êtres humains à la vraie vie. Cependant, et l’extrait de l’Evangile de Marc que nous lisons aujourd’hui l’exprime avec clarté, le prophète est souvent méprisé dans son pays, sa famille et sa propre maison. Jésus semble reprocher à ses contemporains leur attente d’hommes providentiels, venant on ne sait trop d’où et capables de faire des choses extraordinaires. Un tel appétit pour le merveilleux est trompeur.

La foi chrétienne nous fait sortir du merveilleux, et nous fait entrer dans la reconnaissance de ce que le Seigneur accomplit à travers tant de personnes, connues ou inconnues, malades ou bien portantes, riches ou pauvres, qui se mettent véritablement à son écoute. Nous pouvons penser, les uns et les autres, à telle personne - homme ou femme - officiellement reconnue pour sa sainteté. Nous pouvons aussi penser à ces prophètes anonymes, à toutes ces personnes qui, dans notre histoire personnelle, ont été comme des rayons de lumière qui nous ont aidés à reconnaître le visage du Seigneur. Nous pouvons enfin penser à telle ou telle personne - un homme, une femme - qui, par sa vie d’humilité et sa manière d’être attentive aux besoins de son entourage, s’est laissée transformer en témoin de la radicalité de l’amour de Dieu. Oui, dans la tradition chrétienne, le prophète ne se manifeste pas dans ce qui clinque et brille, mais dans la profondeur de qui désire aimer et servir le Seigneur en toutes choses - les grandes choses comme les petites.

Demandons au Seigneur de nous aider à reconnaître les prophètes de notre temps, ces hommes et ces femmes qui - tout en vivant au milieu de nous - nous montrent le chemin pour changer nos vies afin que nous aimions et servions le Seigneur en toutes choses.








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