2015-07-01 16:24:00

Laudato Si', un formidable encouragement pour la solidarité


(RV) Deux semaines après la publication de Laudato Si', les cinquante ans de la Coopération internationale pour le développement et la solidarité (CIDSE) ne pouvaient pas mieux tomber. Ce collectif rassemblant 17 organisations catholiques engagées dans le développement solidaire, organise pour l’occasion une grande conférence de deux jours à Rome, en partenariat et avec le soutien du Conseil pontifical Justice et Paix, intitulée « Les personnes et la planète d'abord : l'impératif à changer de route ».

"Entraide et fraternité" en Belgique, le CCFD-Terre solidaire en France, "Manos Unidas" en Espagne ou le FOCSIV en Italie... Ces organisations ont l’intention de devenir un « mégaphone » afin que tous puissent connaître l’encyclique du Pape François dédiée à la sauvegarde de la maison commune, mais aussi afin de relayer la parole des personnes victimes des changements climatiques ou encore, œuvrant chaque jour pour y remédier.

Ces organisations sont convaincues que les solutions pour protéger le climat ne sont pas les innovations technologiques, les biocarburants ou les investissements massifs dans le secteur agricole, mais dans les innovations locales : « des concepts comme l’agro-écologie servent la planète et les gens » affirme Bernd Nilles, le secrétaire général du CIDSE. Ainsi, il s’agit également lors de cette conférence de mettre en avant une série de bonnes pratiques à adopter individuellement ou en groupe.

Campagne sur Twitter et mobilisation tous azimuts

D’ailleurs, ce 1er juillet, une campagne à suivre sur Twitter, via le compte @ChangeandCare, vient d’être lancée. « Change pour la planète, prends soin des gens » invite les citoyens de par le monde à adopter un changement radical de comportement pour sauver la planète, en consommant, par exemple, des produits plus respectueux de l’environnement. Le CIDSE invite également « les personnes de toutes les confessions » à effectuer un pèlerinage à Paris fin novembre pour faire pression sur les négociations « cruciales » de la COP21.

A Rome, le CIDSE a invité quelque deux cents dignitaires religieux, représentants du monde politique ou de la société civile à l'Istituto Patristico Augustinianum. Le Secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Parolin et le président du Conseil pontifical Justice et Paix, le cardinal Turkson, représentent le Saint-Siège. Marie Robinson représente elle, les Nations-Unies. Responsable de l’agence onusienne pour les énergies renouvelables et rapporteur pour les populations indigènes, elle a été nommée envoyée spéciale pour les changements climatiques.

A noter, la présence du Premier ministre des îles Tuvalu ou, à la surprise de nombreux catholiques et non-catholiques, de la journaliste canadienne Naomi Klein. Hérault des altermondialistes depuis la parution de son livre bestseller « No logo », elle se définit elle-même comme « une féministe juive non pratiquante ». L’urgence de la situation et l’encyclique du Pape l’ont convaincu à prendre part au débat.

Le compte-rendu de Marie Duhamel :

« J’ai été choquée par le courage et la poésie » de Laudato Si'. Des mots qui vous arrivent « droit au cœur ». Un document « qui s’adressait à tous, et qui clairement m’a parlé ». Séduite par l’encyclique du Pape, Naomi Klein, d’origine juive et féministe pro-choice, n’en est pas moins restée coite, en recevant son invitation. « Des alliances "étranges" sont parfois nécessaires assure-t-elle, les enjeux sont énormes, le temps est court et la charge très lourdes. Pendant que nous brûlions toujours plus de fuel, convaincus que nos containers et nos jets tiraient le monde par le haut comme si nous étions Dieu, du CO2 s’accumulait dans l’atmosphère, capturant la chaleur ». La science démontre le changement climatique, les politiques l’acceptent, mais en rejettent les implications. Ils acceptent les propos moraux du Pape, mais demandent à ce qu’on laisse l’économie aux experts. Or « ces derniers nous ont trompés, (...) produisant des modèles qui n’accordent que scandaleusement peu de valeur à la vie humaine, et en particulier celle des plus pauvres » au profit de la croissance économique et de certains seulement. « Dans un monde où le profit prime sur les gens et la planète, l’économie liée au climat a tout à voir avec l’éthique et la moralité » souligne Naomi Klein. Il ne faut pas miser le futur sur les places financières mais établir des politiques équitables, des politiques qui se régulent sur la quantité de charbon qu’il est possible d’extraire de la terre, sur des politiques qui nous conduiront au 100% d’énergies renouvelable d’ici 20 ou 30 ans.

La journaliste salue le propos courageux du Pape quand il affirme que le système économique actuel non seulement nourrit la crise climatique, mais nous empêche activement de prendre les actions nécessaires pour l’éviter, tout en nourrissant les inégalités. Elle se range aux propos du Pape : trouver une solution aux changements climatiques pourrait résoudre plusieurs crises en une.

Sollicitant chacun à agir, - « nous sommes la solution » affirme-t-elle - la Canadienne plaide pour un accord prévoyant une réduction immédiate du CO2 et un soutien concret pour les pays pauvres. Le rationnement sera difficile, à la hauteur de celui qui succéda à la Seconde Guerre mondiale, mais il est encore possible. A ce titre, elle recommande la lecture complète de Laudato Si' pour expérimenter « la douleur de ce que nous avons perdu, et la joie de ce que nous pouvons encore protéger et aider à construire pour prospérer ».








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