2015-06-23 17:08:00

Pour Mgr Brunin, l'Instrumentum laboris va dans le bon sens


(RV) Entretien - « L’Instrumentum laboris » présenté ce mardi à moins de quatre mois du second synode des évêques sur la famille propose des pistes de travail, une réflexion nourrie notamment par les réponses au questionnaire envoyé par le Vatican à travers le monde après la dernière rencontre d’octobre 2014. Pour le cardinal Baldisseri, le secrétaire général du synode des évêques « ce document reflète de façon fiable la perception et les attentes de l’Eglise toute entière sur le thème crucial de la famille, en intégrant le résultat de l’assemblée précédente, contenu dans la Relatio Synodi ».

Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre est l’un des délégués au synode des évêques sur la famille d’octobre 2015, qui constitue le deuxième volet d’une vaste réflexion engagée par le Pape François. Il livre à Hélène Destombes ses premières réactions à la lecture de « L’Instrumentum laboris » 

Le document voulait vraiment partir des réalités vécues par les familles et non pas de présupposés théoriques. On sent que le secrétariat général du synode a vraiment ressaisi ce qui remontait des consultations que le Pape François avait souhaité au niveau de l’ensemble du peuple de Dieu. Et on a là un panorama des défis devant lesquels se trouve la famille. C’est donc vraiment une réflexion qui est ancrée dans les réalités vécues par les familles.

Parmi les défis les plus importants, la pauvreté, l’exclusion sociale, l’éducation, les migrations : quels sont les défis les plus déterminants ?

Les choses sont très liées, ça explique la complexité et la diversité des situations et des défis. Il est évident que le donné culturel est important, la dimension anthropologique et culturelle est importante, et ça n’est pas sans retentissement sur la manière de gérer l’affectivité. Il y a tout un passage sur la formation de l’affectivité, l’éducation, et la prise en compte aussi de cette fragilité, d’immaturité affective et alors après, il y a les défis qui sont liés à des situations socio-économiques. Et puis au niveau des difficultés internationales, on pense aux migrants… Je crois que ces défis sont multiples, divers mais en même temps ils interagissent.

Ce texte représente-t-il les différentes sensibilités culturelles et géographiques ?

Je pense qu’effectivement, peut-être plus que la relatio synodi, ce texte prend en compte la dimension internationale finalement des défis et de la réflexion. On ne retrouve pas tous les défis dans toutes les parties du monde de la même manière. Mais, je pense qu’il y a ces évolutions culturelles et puis, les problèmes sociaux dans un monde qui est global, forment une sorte de socle commun sur la base duquel on peut mener des réflexions qui demanderont à être précisées selon les contextes.

Tout en indiquant que l’Eglise doit accompagner les personnes en souffrance, les souffrances conjugales, le texte insiste sur le Sacrement du mariage qui reste indissoluble. C’était très important de le rappeler ?

Oui, je pense que ce rappel est nécessaire pour que l’on puisse un peu penser sur les questions de l’accompagnement des gens qui ne sont pas - j’allais dire d’emblée - dans les conditions et ceux qui vivent des situations difficiles. Je pense effectivement que l’ensemble du texte s’enracine dans une approche qu’on a qualifiée de pédagogie divine plutôt que de loi de gradualité qui était beaucoup plus biblique d’ailleurs - la pédagogie divine avec la conséquence pour l’Eglise, c’est de l’accompagnement. Et même ce qui est dit de la famille, c’est qu’elle est en chemin vers sa plénitude. Autrement dit, la famille est à la fois un don mais aussi une tâche et donc l’Eglise se reconnait en mission d’accompagnement de toutes les familles pour essayer de leur faire vivre cet horizon, pour permettre que la famille puisse faire chemin vers cette plénitude. On intègre finalement les personnes qui sont en difficulté, les souffrances, les relations brisées dans toute cette perspective d’accompagnement.

Réaffirmer le magistère de l’Eglise mais insister sur la nécessité d’être proche des familles y compris celles qui se sont éloignées ?

Oui, il y a cette belle expression : « le grand fleuve de la miséricorde » que l’Eglise doit annoncer à toutes les personnes quel que soit leur situation : toutes les personnes qui sont engagées d’une manière ou d’une autre, à quelque étape du chemin qu’ils sont vers cette plénitude de la famille de manifester cette miséricorde de Dieu. Il y a vraiment une insistance là-dessus, tout en réaffirmant la doctrine du mariage et puis son indissolubilité.

Concernant l’accès à l’eucharistie pour les divorcés remariés, ce document de travail évoque un consensus autour d’un chemin pénitentiel suivi par un évêque et basé sur une nullité de  mariage et la décision de vivre dans la continence, comment accueillez-vous cette piste de réflexion ?

Il y a certainement encore un travail pour le synode qui va se réunir de préciser quel est le chemin qui peut être fait. Le document ne tranche pas, il indique des pratiques ou des approches différentes sans pour autant trancher sur cette question, qui est une question qui évidemment suscite bien des débats et qui nécessite un approfondissement qui fera certainement l’objet du travail des pères synodaux.

Lors du Synode de 2014, les débats et les discussions avaient parfois été houleux, vous avez le sentiment que ce texte, cet instrumentum laboris est plutôt consensuel ? Il représente ce qui a été dit, ce qui a été pensé en octobre 2014 ?

Oui, il y a une reprise à la fois des défis, remis dans la perspective de la pédagogie divine : prendre acte que les gens ne sont pas tout de suite dans une situation parfaite, prendre les choses dans le devenir : la famille en chemin vers sa plénitude, d’où la nécessité d’accompagner, de donner corps à cette pédagogie divine qui conduit vers le salut et toujours dans une attitude de miséricorde et je crois que la remise en perspective des questions qui ont fait l’objet du débat du Synode de 2014 dans cette plénitude, dans cette miséricorde permettra un approfondissement pour une attitude et un message plus juste de l’Eglise pour aider les familles à appréhender, à redécouvrir leur vocation et à assurer leur mission dans la société et dans l’Eglise.








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