2015-06-06 10:18:00

La Bosnie peut devenir un modèle de coexistence pour l'Europe


(RV) « Les nuages noir de la tempête » s’étant enfin éloignés de la Bosnie-Herzégovine, près de 20 ans après la fin de la guerre, François espère « qu’après l’hiver glacial fleurisse le printemps ». Arrivé à Sarajevo samedi matin, le Souverain Pontife a adressé ses premières paroles aux autorités du pays et à sa population. Le pays doit être pour tous un modèle de cohabitation entre les peuples, c’est le message central du Saint-Père.

« Sarajevo, Jérusalem de l’Occident, une ville qui a tellement souffert dans l’Histoire, est sur un beau chemin de paix, a lancé le Pape aux journalistes durant le vol. C'est pour cela que je fais ce voyage comme un signe de paix, une prière pour la paix ».

Ce déplacement a une résonnance toute particulière dans le contexte international actuel dans lequel de nombreux conflits dévastent des pays entiers où cohabitaient diverses confessions, comme au Moyen-Orient et sur le continent africain. Le Pape a ainsi choisi Sarajevo, dont les murs sont encore marqués par les cicatrices de la guerre, pour nous exhorter à « s’opposer avec succès à la barbarie qui voudrait faire de toute différence l’occasion et le prétexte de violences toujours plus féroces ».

François a débuté son voyage par une visite de courtoisie au palais présidentiel, sur un ton positif, dans la « joie de [se] retrouver dans cette ville » qui, après avoir « tant souffert des conflits sanglants du siècle dernier », « est redevenue un lieu de dialogue et de cohabitation pacifique ».

« Les blessures les plus profondes peuvent se guérir, grâce à un parcours qui purifie la mémoire et donne l’espérance », a-t-il poursuivi, soulignant l’espoir qu’il a vu dans les enfants de diverses confessions rencontrés lorsqu’il est arrivé à Sarajevo.

Un modèle en périphérie du Vieux continent

La Bosnie-Herzégovine, « partie intégrante de l’Europe », revêt en effet une « signification spéciale » pour le continent et pour le monde entier. La particularité de pays où cohabitent Croates, Serbes et Bosniaques, où les relations entre musulmans, juifs et chrétiens sont « cordiales et fraternelles », est d’autant plus importante qu’elle va « bien au-delà des frontières », a insisté le Saint-Père : elle témoigne « au monde entier que la collaboration entre diverses ethnies et religions en vue du bien commun est possible, qu’un pluralisme de cultures et de traditions peut subsister et donner vie à des solutions originales et efficaces des problèmes, que même les blessures les plus profondes peuvent se guérir, grâce à un parcours qui purifie la mémoire et donne espérance pour l’avenir ».

Pour se faire, il y a un besoin de communiquer, « de découvrir les richesses de chacun, de valoriser ce qui nous unit et de regarder les différences comme des possibilités de croissance dans le respect de tous », a poursuivi le Pontife. Ainsi, un « dialogue patient et confiant est nécessaire ».

Les autorités politiques du pays, à qui s’adressent ces paroles, font partie de ce dialogue. Le Pape les a invitées « à la noble tâche d’être les premiers serviteurs de leurs communautés à travers une action qui sauvegarde d’abord et avant tout les droits fondamentaux de la personne humaine, parmi lesquels se distingue celui de la liberté religieuse ». Le but étant « l’égalité effective de tous les citoyens devant la loi, quelle que soit leur appartenance ethnique, religieuse et géographique ».

Ainsi, selon le Pape, « tous sans distinction se sentiront pleinement participants de la vie publique et, en jouissant des mêmes droits, ils pourront activement apporter leur contribution spécifique au bien commun. »

Il ne faut néanmoins pas « négliger le fait qu’encore aujourd’hui, la pleine égalité ne s’est pas réalisée pour tous les citoyens partout dans le pays », a reconnu le président actuel de la présidence tripartite, Mladen Ivanic, qui « attend » le « sincère soutien » du Pape : le dirigeant espère en effet « que la porte de l’Union européenne soit ouverte pour tous les pays du sud-est du continent qui, avec les réformes essentielles au processus d’intégration, désirent en devenir membre avec des droits et devoirs égaux ».

Pour le parcours que doit faire le pays, « la proximité et la collaboration de la communauté internationale, et en particulier l’Union européenne » sont d’ailleurs, selon François, « fondamentaux ».

 

 








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