2015-06-04 18:28:00

Le cardinal Parolin évoque le sens du voyage du Pape en Bosnie


"La paix soit avec vous" : c'est la devise du 8e voyage apostolique du Pape François qui ménera le souverain pontife, ce samedi 6 juin, à Sarajevo. Le Pape encouragera les catholiques de Bosnie-Herzégovine et portera un message de paix et de réconciliation à toute la société bosnienne. À quelques heures de ce voyage, Barbara Castelli, du Centre de Télévision du Vatican (CTV), a interrogé le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège :

« Il (le Pape, ndlr) entend surtout encourager les fidèles catholiques qui vivent en Bosnie-Herzégovine, et ensuite, susciter des ferments de bien dans cette terre, et promouvoir tout ce qui favorise l’amitié, la fraternité, le dialogue interreligieux entre les différentes composantes du pays, et la paix. Il est intéressant de noter que ces thèmes sont repris dans le logo et dans le devise de ce voyage. Dans le logo nous voyons une colombe, qui tient dans le bec le rameau de la paix. Ensuite il y a la croix, avec un triangle, qui rappelle en mode stylisé, les confins de la Bosnie. Les couleurs sont celles du drapeau du pays, ensuite il y a un rappel aussi à la communauté catholique, qui est composée en majorité de Croates, et la devise : « la paix soit avec vous », le salut de Jésus ressuscité à ses apôtres. Le Pape va dans cette ville que Saint Jean-Paul II a défini comme la « Jérusalem d’Europe, comme pèlerin de dialogue et de paix.

Il y a cependant toutes les traces de guerre et de mort, en Bosnie-Herzégovine. Quel est ce pays qui accueillera le Pape François ?

Les conséquences de la guerre se sont faites sentir surtout sur la communauté catholique, qui pratiquement, du début des années 90 à aujourd’hui, a quasiment diminué de moitié, de 800 000 à 400 000 personnes. Maintenant dans certaines paroisses il ne reste que peu de familles, et surtout des personnes âgées. Aujourd’hui on enregistre surtout le phénomène de l’émigration des jeunes, causé par le chômage, le manque de travail, et la recherche de meilleures perspectives dans d’autres environnements. Et ensuite il y a aussi un ralentissement général de la démographie, qui frappe de manière particulière la communauté catholique. Il y a ensuite une complexité dans la structure politique de ce pays, qui est fruit des Accords de Dayton, une complexité qui se manifeste dans la coexistence de trois ethnies constitutives : celle des Bosniaques, celle des Serbes, et celles des Croates, et qui, au niveau des structures, s’exprime à travers la coexistence de ces trois réalités que sont la Fédération bosniaque, la Republika Srpska, et le district de Brčko. En décembre prochain on se souviendra du 20e anniversaire de la fin de la guerre, mais cette guerre continue encore à laisser ses traces, ses blessures. En tout cas, tous attendent le Pape avec beaucoup d’anxiété et d’espérance, et ont vraiment confiance dans le fait qu’il pourra aider à faire de la Bosnie-Herzégovine une maison accueillante pour tous ses habitants.

Quelle est en détail la situation de l’Église ? Quels sont ses horizons d’intervention les plus urgents ?

L’Eglise, malgré les difficultés, continue à développer sa mission, à accomplir sa mission d’annonce de l’Évangile et de charité avec toutes les personnes. Je crois que nous pouvons nous référer fondamentalement aux indications qui ont été données par le Pape lui-même en mars dernier durant la visite Ad limina des évêques du pays. Le Pape leur a surtout dit : « Aidez les pauvres, aidez les faibles, mettez en acte tout ce qu’il est possible de faire pour que les gens, surtout les jeunes, ne quittent pas le pays, restent dans le pays, et donc que se créent les conditions aussi de travail, surtout, et de sécurité sociale pour qu’ils rencontrent un présent et surtout un futur. Et ensuite, soyez présents dans la société avec la fraicheur de l’Évangile. » Et donc, toujours, ici, une plus grande attention aux jeunes, une attention au clergé… En somme, une Église qui soit un ferment vivant dans la société, même si c’est une société complexe et, par certains aspects, difficile.

Encore un voyage sous le signe de la paix et de la coexistence entre les peuples, alors que dans le monde, malheureusement, s’élargissent les frontières des conflits, souvent portés au nom de la religion. Est-il possible de repérer la racine du problème ? En dehors des interventions plus immédiates, qu’est-ce que l’on peut faire pour résoudre la question dans le futur ?

Pour ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, je voudrais souligner un autre aspect, que me semble de grande importance : la nécessité de réaliser une égalité substantielle entre tous les citoyens et entre toutes les couches sociales, culturelles et politiques qui composent le pays, de façon à ce que tous se sentent pleinement citoyens, avec leur identité spécifique, indépendamment de leur nombre. Je crois que ceci est une condition qui pourra aider la paix. Et naturellement ceci, avec l’aide aussi de la communauté internationale, qui est présente dans le pays au niveau des organisations internationales, pourra favoriser aussi les aspirations naturelles de la Bosnie-Herzégovine de s’intégrer dans l’Union européenne. En ce sens elle pourrait devenir un exemple aussi pour tant de situations qui existent aujourd’hui dans le monde, où l’on n’arrive pas à conjuguer et à accepter les diversités, qui deviennent des motifs de conflits et d’oppositions, au lieu de richesse réciproque. Donc, nous espérons que ce voyage du Pape ne contribue pas seulement au bien et à l’amélioration de la situation dans ce pays, mais soit aussi une invitation à tous les hommes et à tous les pays pour retrouver les raisons de la paix, de la réconciliation et du progrès humain, matériel et spirituel. »

 

 

 








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