2015-06-03 20:10:00

RD Congo: Mgr Nicolas Djomo prône la paix et l’unité à Katako


Sur invitation de Mgr Nicolas Djomo, évêque de Tshumbe, les différentes couches de la population de Katako se sont réunies en son chef-lieu du 29 au 30 mai 2015 pour prier et réfléchir sur des questions de paix, de sécurité et de cohabitation pacifique qui se posent actuellement avec acuité dans leur territoire. Ces journées de réflexion et de prière s’inscrivaient dans le cadre de la Campagne pour  la paix et l’unité au Sankuru, campagne initiée et ouverte par l’évêque de Tshumbe, depuis le 19 janvier 2014 au stade Lomumba dans le territoire de Lodja.

Vendredi 29 mai 2015, la journée était consacrée aux entretiens de l’évêque avec les différents groupes, notamment le Conseil de sécurité du territoire, les chefs de secteurs, les chefs de groupements, la société civile, les notables, les mamans, les nouveaux candidats à la députation provinciale et les jeunes pour tenter de décrire et d’analyser la situation actuelle qui prévaut à Katako, aux fins d’en  dégager les voies de sortie. Tous ont exprimé l’ampleur de la souffrance qui afflige aujourd’hui les filles et fils de ce territoire, souffrance qui se traduit par de graves violences entraînant insécurité, agressions physiques sanglantes et mort d’hommes. De l’analyse faite, il ressort deux causes majeures génératrices de la crise actuelle.

Eviter des discours de division et de haine pendant les échéances électorales

Les tiraillements et les tensions autour de l’éternelle question du partage des terres cultivables et des lagunes poissonneuses se réglaient toujours pacifiquement moyennant des compromis et des pactes. Mais depuis les compétitions électorales pour les députations provinciale et nationale qui ont commencé en 2006 et qui ont repris en 2011, le discours de campagne électorale des acteurs politiques, généralement basé sur le principe machiavélique « diviser pour régner », va alors susciter et développer la haine entre les Ahamba (Secteurs de Ngando, Watambolo Nord et Watambolo Sud) et les Basambala. Le venin de la division et de la haine ainsi inoculé aura comme l’une de graves conséquences l’exacerbation de ces tiraillements et tensions autour du partage des terres et des lagunes poissonneuses.

Tous ont convenu que les interférences incongrues et rébarbatives des acteurs politiques dans l’administration ont fini par neutraliser les autorités territoriales en même temps qu’elles ont vidé de sa substance le pouvoir coutumier. Ceci provoque la carence d’une autorité régulatrice des conflits et problèmes locaux, autrefois existante et puissante. Cet affaiblissement de l’Etat et du pouvoir coutumier se nourrit malheureusement de la situation de pauvreté dans laquelle croupissent et les autorités territoriales et les chefs coutumiers, tous à la solde de ceux qui leur donnent de quoi survivre.

Une cérémonie marquée aussi par une rencontre interreligieuse

Par ailleurs, pour ramener la paix, la sécurité et la cohabitation pacifique entre les filles et fils de Katako, les participants aux entretiens avec Mgr Nicolas Djomo, ont suggéré quelques pistes de solution : Que l’évêque de Tshumbe aille rencontrer les élus du territoire de Katako en leur demandant de changer de stratégie de campagne électorale, et en adoptant un discours plutôt unificateur et incitateur au développement ; Qu’il les invite aussi à descendre sur le terrain à la rencontre de leur population afin de trouver ensemble des voies et moyens de solution à la crise ; Que l’Etat pense à protéger les chefs coutumiers par la création et la mise en application d’une loi organique qui vise à leur restituer et à stabiliser le pouvoir que leur ont ravi les acteurs politiques ; Que les autorités territoriales et coutumières se comportent en vrais responsables dignes de leur pouvoir, privilégiant le bien-être de leur population aux intérêts mesquins et sordides issus de leur allégeance aux acteurs politiques ; et qu’elles arrêtent ainsi de se laisser instrumentaliser à cause de la pauvreté mais soient plutôt, pour leurs sujets, promotrices d’une auto-prise en charge, car le travail ennoblit.

La journée du 30 mai, quant à elle, fut celle de la célébration d’un culte interreligieux pour demander au Seigneur la paix et l’unité des filles et fils de Katako. Dans sa prédication en cette circonstance, Mgr Nicolas Djomo a commencé par montrer que la paix est un bien suprême, une nécessité vitale pour tous, et donc une denrée chère à un peuple. Sans la paix, il n’y a ni développement ni prospérité pour un peuple. Mais il n’y a pas non plus de paix possible sans vertus, a-t-il ajouté. Car, bien qu’étant un attribut et un don de Dieu, la paix est aussi une tâche humaine. Dans sa création, en effet, Dieu a doté l’homme des atouts nécessaires pour poursuivre son œuvre  de salut: intelligence, sagesse, conscience et amour. Chacun de nous, a poursuivi l’évêque de Tshumbe, à quelque niveau qu’il se trouve, devient ainsi un instrument de pacification et un témoin crédible d’une vie réconciliée en Jésus, en qui s’est écroulé une fois pour toutes le mur de la haine et de la division qui séparait juifs et païens (Cf. Ep. 2, 12-17).

" Faire de la politique n’est pas un péché"

Mgr Nicolas Djomo a rappelé à l’assemblée que faire la politique n’est pas un péché, mais c’est la meilleure des choses qui soit, en tant que moyen de régulation et de direction de la cité vers le bien-être commun. Toutefois, a-t-il fait remarquer, la politique peut devenir dangereuse à partir du moment où elle se construit à base d’un discours dévastateur porteur de haine et de division, capable de faire basculer la communauté dans le chaos et la jungle ! Il est donc possible, a conclu le Prélat, de faire autrement la politique sans se salir les mains.

A la suite de l’évêque de Tshumbe et les prières de repentance de différents chefs religieux, s’en suivi le moment pour les différentes couches de la population de se succéder à la tribune pour adresser des messages de paix et d’unité en vue d’une cohabitation pacifique entre filles et fils du territoire de Katako-Kombe, terre natale de Patrice Emery Lumumba, héros national.

 








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