(RV) En spéculant sur la faim, les marchés financiers ont gaspillé environ cinquante milliards de dollars dans le monde en l’espace d’un an, révèle une analyse du marché des matières premières agricoles réalisée au niveau international. Dans un livre « Terre et Nourriture » présenté à l’Exposition internationale de Milan ce jeudi matin, le Conseil pontifical Justice et Paix et la confédération italienne des agriculteurs relève que le cours des cotations des produits agricoles est fortement influencé par le mouvement des capitaux qui se déplacent rapidement des matières premières comme le pétrole, aux métaux précieux, au blé, au maïs et au soja. C’est le résultat d’un modèle de développement intensif et globalisé qui a réduit la nourriture à une marchandise anonyme.
Un tiers de la nourriture produite est gaspillé
Selon les auteurs de l’ouvrage, il faut revoir le modèle de production et de distribution de la nourriture. Il ne suffit pas de parler du droit à la nourriture, il faut relancer et soutenir le travail agricole. Parmi les problèmes évoqués : les nouvelles technologies comme les OGM, l’exploitation sauvage des terres pour produire des biocombustibles surtout dans les pays pauvres, la volatilité des prix sans rapport avec le marché réel, le gaspillage d’un tiers de la nourriture produite dans le monde, soit 1,3 milliards de tonnes qui suffiraient à nourrir ceux qui ont faim. Tous doivent se sentir interpellés par ce scandale : les chefs d’entreprise, les médias, les publicitaires, les éducateurs, les consommateurs...
« L’Eglise aussi a quelque chose à dire sur “nourrir la planète” et sur “énergie pour la vie” » : le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a présenté ce jeudi matin le livre « Terre et Nourriture ». Lors d’une conférence, il est revenu sur le message que le Pape François avait lu lors de l’inauguration officielle de l’Exposition universelle, le 1er mai dernier.
Le Pape avait alors dénoncé « le paradoxe de l’abondance » et espéré que cet événement mondial consacré à l’alimentation, n’en fasse pas partie et qu’il soit au contraire « une occasion de changement de cœur et de mentalité ». Le cardinal Turkson a rappelé que « la préoccupation de l’Eglise est le bien-être intégral de chaque personne, de chaque famille, de chaque communauté et nation, de l’entière famille humaine, génération après génération. »
Le Conseil pontifical Justice et Paix veut donc apporter sa pierre, d’où « ce modeste ouvrage de 150 pages » « Terre et Nourriture », divisé en trois parties. Dans la première, est dressée la situation préoccupante de l’alimentation et de l’agriculture en termes de développement, de carence et de pauvreté. Dans la seconde, est présenté le message biblique et ecclésial sur le développement agricole. Dans la dernière, le conseil pontifical propose quelques suggestions concernant l’engagement dans l’industrie alimentaire et agricole guidé par les principes éthiques afin de réaliser le bien commun et la paix.
L’ouvrage « Terre et Nourriture », publié par la Librairie éditrice vaticane est disponible en italien et en français.
Une campagne franciscaine contre l'accaparement des terres
De son côté l’organisation Franciscans international dénonce l’accaparement des terres et des ressources naturelles par les pays développés au détriment des plus pauvres, un phénomène qui risque d’instaurer une forme nouvelle et encore plus sournoise de colonialisme dans le sud du monde. C’est la conséquence d’une crise des valeurs et du profit sauvage. Il faut, toujours selon Franciscans international, replacer les droits humains et le respect de la nature au centre du marché et du business. Cette campagne a reçu le soutien du célèbre chanteur irlandais Bono. Dans un message vidéo, il se déclare prêt à collaborer avec le Pape François pour venir en aide aux plus fragiles et lutter contre les structures et l’indifférence qui enferment les pauvres dans leur pauvreté dans l’injustice et dans la faim.
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