Expo 2015 : reflet d'une Italie contrastée

(RV) Ballet de camions, d’ouvriers, d’architectes, le site de l’Exposition universelle de Milan est une véritable fourmilière. Plus que quelques heures pour boucler les travaux avant l’inauguration prévue vendredi matin. Au total : plus de 140 participants, dont le Saint-Siège, présenteront un thème aux enjeux cruciaux « Nourrir la planète, énergie pour la vie » : un défi considérable pour l’Italie.

Miroir mon beau miroir, dis-moi qui je suis, l’Expo de Milan c’est un peu ça : un miroir qui reflèterait tous les défauts et les qualités de l’Italie. Commençons par les défauts : à la veille de l’inauguration le site est encore en chantier, la faute à la corruption, des querelles entre la ville de Milan et la région de Lombardi, la désorganisation ou encore la folie des grandeurs. Mais tout le monde veut y croire et l’enthousiasme ne manque pas, la créativité non plus. C’est ça aussi l’Italie : cette capacité de rebondir, de transformer un fiasco en une réussite, sur le fil du rasoir.

Il faut dire que l’enjeu est de taille : 20 millions de visiteurs sont attendus et le gouvernement italien y voit une formidable occasion de donner au pays un coup de fouet après des années d’immobilisme. Venons-en maintenant au thème : Nourrir la planète - Energie pour la vie, qui mieux que l’Italie, pays de la dolce vita, y compris dans l’assiette, pour l’illustrer : nutrition bio équitable, circuits courts privilégiant les petits agriculteurs, slow food, autant d’options privilégiées par la péninsule où art de vivre rime avec alimentation.

Mais l’Italie, c’est également cette terre où des centaines de milliers de migrants, fuyant les guerres mais aussi la famine, débarquent chaque année. Ceux-là même que l’on retrouve parfois dans les champs de tomates du sud du pays, main d’œuvre bon marché. L’Expo 2015 saura-t-elle sensibiliser à toutes ces questions, ne risque-t-elle pas de se transformer en une foire alimentaire plutôt que de mettre l’accent sur le drame de la faim, la nécessité de protéger l’environnement ? Le défi est de taille mais il doit être relevé pour que ce grand rendez-vous, porteur d’un message crucial, ne se transforme pas en miroir aux alouettes.

Hélène Destombes