2015-04-29 13:30:00

De la prévention à l'assistance, le Vatican lutte contre la traite


(RV) Comment lutter contre le trafic et la traite d’êtres humains ? Une question à laquelle le Vatican cherche à apporter une réponse concrète. Caritas Internationalis et le Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants ont présenté mercredi plusieurs pistes pour contrer ce « crime » qu’est cette « forme moderne d’esclavage ».

La confédération et le dicastère sont convaincus que l’Église peut agir sur quatre points. En amont, par la prévention et la sensibilisation, notamment des groupes à risque, comme les personnes qui ont l’intention de migrer en quête d’un travail dans ou en dehors de leur pays, mais aussi les éducateurs et les professionnels ainsi que le grand public.

L’Église doit ensuite venir en aide aux victimes . Elle doit, selon un communiqué conjoint, « fournir un abri sûr aux victimes dans les pays de destination, de transit et d’origine, fournir une assistance sociale, médicale, psychologique et juridique individuelle, ainsi que des formations professionnelles pour permettre à ces personnes de trouver du travail ».

À côté de ce travail de terrain, elle doit mettre l’accent sur le « plaidoyer » et le « réseautage ». « Le plaidoyer dans les pays de destination et envers les institutions internationales, expliquent les deux entités, devrait viser spécifiquement à assurer qu’une législation appropriée soit en place et qu’elle soit dûment appliquée au niveau national et international pour protéger les victimes de trafic, pour punir les trafiquants et pour garantir les droits des victimes de la traite ».

Il est aussi « très important de travailler, à la foi nationalement et internationalement, dans des réseaux interdisciplinaires, où la collaboration entre autorités, ONG et organisations internationales s’améliore. En même temps, il faut aussi établir des réseaux au sein de l’Église et des organisations confessionnelles, afin de renforcer la collaboration et la coordination des différents efforts, ainsi qu’avec les partenaires œcuméniques d’autres églises. Le réseautage devrait viser à améliorer l’assistance transfrontalière et la protection des victimes de la traite. Il est aussi un outil pour le plaidoyer commun en quête d’une amélioration de la législation au niveau international et national et à sa mise en pratique. »

La traite, un « crime » facilement rentable

Caritas Internationalis et le Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants dépeignent un sombre tableau de la situation d’aujourd’hui. Et une décrivent précisément la traite humaine, qui « comprend le fait de contrôler une personne par la force ou la coercition dans le but de la soumettre au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle, à des liens d’endettement ou à toute autre forme de servitude ».

Ils mettent en lumière aussi la difficile situation des victimes, même une fois libérées. Elles « n’ont aucun accès aux droits légaux, à la couverture médicale et aux services de conseil. Elles peuvent se retrouver confrontés à la criminalisation et à la persécution, ainsi qu’à la stigmatisation et à la discrimination ».  Et cela concerne aussi la famille et l’environnement de la victime.

Les causes fondamentales de la traite peut s’expliquer par « le manque de stabilité politique, sociale et économique », par des « situations de conflit armé et d’oppression, et par le statut inférieur des femmes dans certaines cultures ». Sont aussi dénoncés la demande d’ouvriers, peu chers et exploitables, le manque de conscience publique, l’absence d’une législation anti-traite efficace et, « même si une telle législation existe, l’inefficacité de son application », la corruption et les obstacles aux canaux de migrations légaux. Mais le potentiel de profit élevé est aussi pointé du doigt.

Selon les estimations de l’Organisation internationale du Travail (OIT), il y a au moins 2,4 millions de personnes victime de la traite « à tout moment ». Cependant, « il n’y a que quelques milliers de condamnations pour traite humaine chaque année. La plupart des victimes ne sont pas identifiées et de ce fait il ne leur est jamais fait justice pour le tort infligé », selon le rapport Trafficking in persons, réalisé par le gouvernement américain. L’OIT estime enfin que les profits annuels réalisés à travers la traite des êtres humains s’élèvent à quelque 32 milliards de dollars.








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