2015-04-15 17:40:00

Mgr Marayati à Alep : « c'est la mort qui nous guette »


(RV) Entretien - C’est un véritable cri de détresse que viennent de lancer les évêques orthodoxe et catholique d’Alep. Dans un communiqué à la fois poignant et alarmant, ils s’adressent à la communauté internationale. Après les récents bombardements qui ont visé la deuxième ville syrienne et tué de nombreux civils en pleine Pâque orthodoxe, les évêques font part de leur colère face à la violence aveugle qui frappe la population locale et réclament avec force que les armes se taisent.

L'archevêque catholique d'Alep des Arméniens, Mgr Boutros Marayati s’associe à cet appel lancé alors que la population d’Alep est à genoux, après trois ans de combats sanglants, Il est interrogé par Anne-Sophie Saint-Martin : 

C’est un cri d’alarme, un cri de désespoir, de toutes les communautés chrétiennes d’Alep. Et bien sûr, la situation est très grave. Nos quartiers sont bombardés. Il y a deux, trois jours, c’était l’hécatombe, l’apocalypse à Alep. Avant, c’était toujours cette demande-là : est-ce qu’on reste ou bien on quitte ? Nous, on disait à chacun de choisir ce qu’il veut selon sa conscience mais maintenant, il parait qu’ils ont choisi. Ils veulent quitter. Ils ont peur et ils ne voient plus ce qu’il y a après ce tunnel. Nos fidèles se sentent dans l’impasse et  ils préfèrent quitter, malheureusement. Le Pape, quand il nous a reçus, nous comme membres du synode de l’Église arménienne catholique, il a appelé "Alep la ville martyre". C’est une ville martyre. Et nous avons eu notre cathédrale qui a été touchée. Il n’y a plus de coupoles ni de toits. Et maintenant, on est dans une zone chaude et on pense à quitter le quartier et même, à déménager et l’évêché sera dans un autre quartier. Maintenant, c’est la mort qui nous guette. À chaque coin, on sent qu’on est encerclé et les chrétiens d’Alep ont peur. C’est pourquoi les évêques, l’espoir des églises, ont lancé cet appel afin que ceux qui sont responsables regardent un peu vers nous.

Dans ce communiqué, les évêques d’Alep répètent plusieurs fois « Nous sommes fatigués. Verrouillez les portes des armements ! Arrêtez la livraison des instruments de morts ! ». Ce sont des mots très forts qui sont employés.

Bien sûr, nous sommes fatigués. On est sans eau, sans électricité, sans essence, sans médicament. La nourriture est très chère. On a accepté tout cela mais on est fatigué parce qu’il y a maintenant des missiles qui arrivent, des bombes et des explosions et nous avons eu beaucoup de victimes. Alors, ça suffit. Mais qui entend cet appel ? C’est un cri lancé vers l’Occident parce qu’au fond, c’est toujours le commerce d’armes qui règne. Il y a beaucoup de côtés, de partis qui ne veulent pas que cette guerre finisse, à l’intérieur et à l’extérieur. Et je ne sais pas si l’Occident entend, voit, regarde le Saint-Père. Quand il nous a reçus, il nous a expliqué « Voilà, quand il y a la guerre quelque part, à la place de l’affronter en face, on tourne la tête comme si Caïn disait à Dieu, après avoir tué son frère Abel « Est-ce que moi je suis le gardien de mon frère ? ». Alors, chacun se lave les mains comme Pilate et voilà que nous, nous sommes là avec beaucoup de martyrs, avec beaucoup de victimes, mais aux cotés des chrétiens et des musulmans. Et surtout, ce sont les enfants qui paient, les vieillards, les femmes, les familles. C’est un appel et j’espère qu’il y a quelqu’un qui puise entendre et répondre à notre appel. 








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