(RV) La bulle d'indiction du Jubilé de la Miséricorde sera présentée samedi 11 avril par le Pape François, pour formaliser l'annonce faite près d'un mois plus tôt. Créant une immense surprise, le Souverain Pontife l'avait annoncé le 13 mars dernier, au cours d'une célébration pénitentielle à la basilique Saint-Pierre. L'Année Sainte de la Miséricorde s'ouvrira le 8 décembre prochain, jour de la fête de l'Immaculée Conception, et en cette année 2015, du 50e anniversaire de la clôture du Concile Vatican II. Elle s'achèvera au terme de l'année liturgique, le 20 novembre 2016.
Après la lecture de quelques extraits devant la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre, le Pape présidera la célébration des premières vêpres du dimanche de la divine Miséricorde, « soulignant ainsi de manière particulière quel sera le thème fondamental de l’Année Sainte extraordinaire : la miséricorde de Dieu », a fait savoir vendredi le diocèse de Rome.
Que signifie concrètement l’ouverture d’une année sainte ? L'éclairage du père Cabes, recteur de l’église de la Trinité-des-Monts à Rome, avec Anne-Sophie Saint-Martin
Avant les vêpres samedi, la cérémonie de publication prévoit la lecture d’extraits de « Misericordiae Vultus » par le régent de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, devant le Pape François, sur le seuil de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre, qui restera fermée. Le document scellé par le sceau du Pape précisera alors les dates d'ouverture et de conclusion, le déroulement, l'esprit, le sens, les conditions, les intentions et les attentes du Pontifie pour ce jubilé.
La bulle sera remise à des représentants de l’Église dans le monde. Pour l’Orient, c’est le prélat chinois Mgr Savio Hon Tai-Fai, secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, qui la recevra, et pour l’Afrique Mgr Barthélémy Adoukonou, secrétaire du Conseil pontifical de la culture. Elle sera également remise à Mgr Khaled Ayad Bishay, de l’Église catholique copte, pour les Eglises orientales. Une copie de cette bulle sera transmise aux archiprêtres des basiliques papales. A Sainte Marie-Majeure, Saint Jean-de-Latran, et Saint Paul-hors-les-murs, la lecture de la bulle est prévue dimanche lors de la célébration eucharistique : à Sainte-Marie-Majeure avec le cardinal Santos Abril Y Castello à 10h ; avec le cardinal Michael Harvey en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, à 10h15 et enfin à 17h dans la basilique Saint-Jean-de-Latran avec le cardinal Agostino Vallini.
Qu’est-ce qu’une bulle ? À l’origine, le terme faisait référence à la capsule métallique utilisée pour protéger le sceau de cire lié par une cordelette à un document d’importance particulière, pour en attester l’authenticité. Elle peut annoncer une nomination épiscopale ou une définition dogmatique, la convocation d’un concile ou une canonisation. Avec le temps, le terme a servi à indiquer soit le sceau, soit le document lui-même. Lors des deux dernières années saintes extraordinaires, en 1933 et en 1983, la bulle fut publiée à l'occasion de la Solennité de l’Épiphanie.
Transcription de l'entretien ci-dessus avec le père Cabes
Cette Année Sainte reprend la tradition des années jubilaires juives. Il était prévu dans le livre du Lévitique que tous les cinquante ans, chaque famille juive reviendrait dans sa situation d’origine, que s’il y avait eu des dettes, on récupérait tout, on redevenait vraiment comme au premier matin de la Création. Le Seigneur ne se satisfait pas de voir ses enfants se disputer, se perdre, se voler, se déchirer. Il y a un moment où on remet les pendules à l’heure pourrait-on dire, donc une Année Sainte nous remet dans l’année de grâce voulue par Jésus dans une année de l’Évangile.
Cette Année Sainte est dite "extraordinaire".
Pourquoi ?
Il semble que la première année jubilaire ait été
célébrée en 1300 avec le Pape Boniface VIII. Elle permettait aux gens qui se rendaient
sur les lieux saints, de préférence à Jérusalem (mais Jérusalem étant occupé par les
musulmans, il était difficile de s’y rendre) mais dans d’autres lieux saints comme
Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle, etc. On venait et on obtenait ainsi d’entrer dans
la grâce du pardon. Puis on avait pris l’habitude de recélébrer une Année Sainte cent
ans après. Et puis, on s’est dit que cent ans, pour une vie d’homme, c’est trop long.
Donc, on a fait 50 ans, puis 25 ans qui, finalement, est devenu un peu le rythme.
Les Années Saintes ordinaires se célèbrent tous les 25 ans. Mais de temps en temps,
en fonction d’un évènement particulier, il y a des Années Saintes extraordinaires.
Il y a eu une grande Année Sainte pour les 1900 ans de la Rédemption qui est considéré
s’être déroulée dans la Passion du Christ en l’an 33, et donc, sur deux ans, de 1933
à 1935, le Pape Pie XI a célébré une année sainte qui s’est d’ailleurs clôturée à
Lourdes par un triduum de messes ininterrompu. Le Pape Jean-Paul II a voulu pour les
1950 ans de la rédemption, en 1983, célébrer aussi une Année Sainte extraordinaire.
Puis, il a célébré l’Année Sainte au rythme normal en l’an 2000 comme Paul VI l’avait
fait en 1975 et 2000. On peut donc s'y attendre en 2025. Mais le Pape François sentant
toutes ces difficultés, toutes ces violences, cette guerre mondiale dont il dit qu’elle
est éclatée, qu’elle se déroule par morceaux, a voulu proposer, offrir aux fidèles,
à tous ceux qui le voudraient, d’entrer dans la grâce d’un Jubilé extraordinaire.
Samedi, le Pape François va présenter ce
qu’on appelle la bulle d’indiction du Jubilé de l’Année de la Miséricorde. Qu’est-ce
que c’est qu’une bulle ?
C’est un document officiel qui est scellé par le Saint-Père,
scellé de son sceau pour indiquer -l’indiction- que l’année jubilaire va s’ouvrir.
Souvent, elle était donnée à l’Épiphanie pour annoncer l’année jubilaire suivante.
Là, il a choisi le dimanche de la Miséricorde puisqu’il propose une Année Sainte de
la miséricorde. Pour lui, ce mot revient tout le temps. C’est d’ailleurs Jean-Paul
II qui lui a redonné ses lettres de noblesse. Nous nous souvenons qu’il a institué
le dimanche de la divine miséricorde, le deuxième dimanche de Pâques avec l'épisode
de l’Évangile où Thomas met sa main dans les plaies de Jésus, parce qu’il n’était
pas là le soir de Pâques pour voir Jésus ressuscité. Il a dit « je ne croirai
que si je peux mettre mon doigt dans son côté ouvert par la lance sur la croix ».
Et le Pape a choisi d’annoncer officiellement l’Année Sainte de la Miséricorde la
veille, à l’ouverture du dimanche de la Miséricorde, le samedi soir, à peu près à
l’heure où est mort Jean-Paul II il y a dix ans. Il est mort non pas le 11 avril mais
le 2 avril qui était cette année-là, l’ouverture du dimanche de la Miséricorde, le
samedi soir.
Qu’est-ce qu’il y a dans ce document officiel ?
Il annonce le principe même de l’Année Sainte et les
grâces qu’elle va apporter. Ce sont des grâces de pardon, de réconciliation. Je crois
que le Pape indiquera que le sacrement de réconciliation doit être une des grâces
particulières de cette année et avec comme « cerise sur le gâteau », ce qu’on appelle
l’indulgence. Même si nous recevons le pardon, il est certain que nous continuons
à traîner des boulets : il y a des conséquences du mal que nous avons commis, en particulier
pour nous. Eh bien, l’indulgence, en quelque sorte, enlève ces conséquences et nous
remet vraiment dans cet état de première jeunesse.
La lecture de la bulle d’indiction doit
se faire devant la porte sainte de la basilique. D’où vient cette tradition ?
La porte qui va s’ouvrir, symboliquement, c’est la
porte du paradis. Dans les quatre grandes basiliques romaines, il y a cette porte
sainte qui va s’ouvrir le 8 décembre prochain. Mais tout à l’heure, j’évoquais Thomas
qui met la main dans le côté ouvert de Jésus. En fait, cette porte, c’est celle-là.
C’est Jésus, qui, dans le côté ouvert, laisse librement accès à l’eau et au sang de
la grâce. L’eau, c’est l’eau du baptême. Le sang, c’est l’eucharistie et la vie de
Dieu qui nous est offerte. Cette porte sainte symbolise l’entrée dans la vie de Dieu,
c’est-à-dire dans un monde fait d’amour et de paix, un monde auquel toute l’humanité
aspire. Ce sera donc l’entrée dans cette basilique qui est expressément bâtie sur
le tombeau de Saint-Pierre parce que c’est le lieu où celui à qui le Seigneur confiait
son église a rendu le témoignage suprême, le témoignage du martyr et que finalement,
nous sommes appelés nous aussi à laisser notre vie s’ouvrir, et donc se donner, notre
sang se verser. Alors, ça se fait progressivement, jour après jour par un martyre
quotidien. Ça peut se faire violemment un jour précis par un martyre sanglant, mais
ça se fait de toute manière finalement par une mort qui sera pour un chrétien normalement
toujours une vie offerte.
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