2015-04-04 12:39:00

Méditation du Dimanche de Pâques


Le Père Jésuite Raphaël Bazebizonza, nous introduit à la méditation avec les lectures du Dimanche de Pâques:

Nous célébrons aujourd’hui la Pâques de notre Seigneur Jésus-Christ, son passage de la mort à la vie, sa résurrection d’entre les morts. La Pâques, nous le savons, est le plus grand évènement de l’histoire du salut, le cœur de notre foi. Comme telle, elle est le sommet de toutes les fêtes chrétiennes, l’évènement fondateur de notre foi : Si le Christ n’est pas ressuscité – s’exclamait Paul –, notre foi aussi est sans contenu (1Cor 15,14). Nous nous réjouissons donc parce que le Christ n’est pas resté dans le tombeau, son corps n’a pas connu la corruption ; il est vraiment ressuscité.

Ce qui nous frappe d’emblée, c’est l’extrême discrétion dans laquelle se déroule le plus grand mystère de l’histoire du salut : c’est un matin. « Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin… ». Quand Dieu créa le monde, « il eut un soir… il eut un matin » ; quand Dieu recrée le monde dans la victoire de son Fils, il y a désormais un matin définitif et plus jamais un soir.

Il est vrai qu’à la première création la lumière est entrée dans le monde. C’est ce que le récit biblique de la création, nous dit : « Que la lumière soit ! » (Gn 1, 3). Et il en fut ainsi. La lumière est apparue et avec elle, la vie a jaillit, le chaos s’est transformé en cosmos. Mais cette lumière a vite été menacée par l’orgueil et l’arrogance de l’homme, d’Adam et Ève, jusqu'à nous, en passant par nos pères au désert. Notre péché obscurcit le monde, crée une vie de désordre et une histoire des ténèbres. On préfère les ténèbres. À la lumière qui a rendu possible la rencontre de l’homme avec Dieu, à la lumière qui a rendu possible la connaissance, l’accès à la réalité de la création, à la vérité, nous avons préféré les ténèbres. En Judas nous voyons la nature de ce choix encore plus clairement : le Jeudi saint, il était sorti dans la nuit. C’est l’heure de la corruption, des actes de violence, des pots-de-vin, c’est l’heure de la duplicité quand le cœur se laisse troubler par l'ivresse du plaisir. Pour Judas, l'amour ne compte plus : l'argent est plus important que la communion avec Jésus, plus important que Dieu et que son amour. Les ténèbres sont là. Et même ce matin, le verset 1 de Jean 20 ajoute que « c’était encore les ténèbres ». Marie-Madeleine est la première à percevoir ce « matin du Seigneur ». Il fait encore nuit en ce premier jour de la semaine lorsqu’elle se met en route. C’est certainement la nuit du Mont des Oliviers, l’éclipse solaire de la passion et de la mort de Jésus, la nuit du sépulcre. Mais aussi comme tout lendemain de fêtes, il règne dans les rues désertes un silence de lassitude. Jérusalem, la ville sainte, est encore endormie, épuisée par les fêtes pascales de la veille quand Marie-Madeleine se rend au tombeau pour accomplir les derniers devoirs de l’amour à un être cher.

À Pâques, au matin du premier jour de la semaine, Dieu a dit de nouveau : « Que la lumière soit ! ». Et c’est un matin définitif. Jésus se lève du tombeau. La vie est plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort que la haine. La vérité est plus forte que le mensonge. L’obscurité des jours passés est dissipée au moment où Jésus ressuscite du tombeau et devient, lui-même, le jour que fit le Seigneur, le matin du monde dans lequel nous pouvons encore rencontrer Dieu et œuvrer pour le salut du monde.

Pâques est la fête de la nouvelle création. Jésus est ressuscité et ne meurt plus. Il a enfoncé la porte vers une vie nouvelle qui ne connaît plus ni maladie ni mort. Il est ressuscité, Il est vivant à jamais ! C’est ce qu’affirme avec certitude  Pierre dans son vibrant témoignage que rapporte le livre des Actes des apôtres. Pierre se fait ainsi le chantre du kérygme. À la lumière de la Pâques du Seigneur, Pierre réinterprète tous les faits réalisés par Jésus tout au long de son ministère sur terre. Par la prédication de Pierre et des autres apôtres, ces faits deviennent des articles de foi. Dès lors, quiconque – juif ou païen – croit au Christ reçoit dès à présent le pardon des péchés.

Par le baptême, chacun de nous a été arraché  à la nuit du péché pour être introduit dans le « matin de Dieu ». Le nouveau matin, le matin de la vie indestructible vient aussi à nous. Ainsi, chacun de nous est devenu un « être pascal ». Il appartient donc à chacun de nous d’inaugurer « le matin de Dieu » dans nos familles et nos lieux de service. Notre monde entrera dans le « matin de Dieu » si nous lui affectons un large coefficient d’amour par l’être de nos manières et nos manières d’être.

Vivre la Pâques c’est finalement vivre « le matin du Seigneur ». C’est sortir de la nuit du tombeau, c’est se réveiller, c’est réveiller le monde afin qu’il entre dans la lumière du « matin de Dieu ». Mais comment vivre ce matin ? Paul nous conseille de rechercher les réalités d’en Haut. L'homme peut choisir un chemin facile et éloigner toute difficulté. Il peut aussi descendre vers le bas, la vulgarité. Il peut sombrer dans le marécage du mensonge et de la malhonnêteté. Le matin de Pâques  nous conduit vers l'air sain des hauteurs : vers la vie selon la vérité ; vers le courage qui ne se laisse pas intimider par la rumeur des opinions dominantes ; vers la patience qui supporte et soutient l'autre.

Prions donc pour que la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ apporte à l’Église et à toute l’humanité un nouvel élan spirituel, un nouveau souffle apostolique afin que règne à jamais le « matin de Dieu ». Amen !








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