2015-04-04 17:49:00

Au Kenya, la violence ciblée des shebabs contre les chrétiens


(RV) Entretien - Difficile cette année pour les chrétiens du Kenya de vivre la joie de la Résurrection, après le massacre perpétré dans un campus, jeudi, par des djihadistes somaliens appartenant au groupe des shebabs. Le dernier bilan est d’au moins 148 victimes, en majorité des étudiants. Beaucoup d’entre eux ont été exécutés parce qu’ils étaient chrétiens. Le porte-parole des shebabs a déclaré que l’université de Garissa avait été ciblée parce qu’elle éduquait de nombreux étudiants chrétiens sur « une terre musulmane colonisée ».

Deuil et unité nationale

Ce lundi, deuxième jour de deuil national au Kenya. Dimanche, aucune cérémonie officielle de deuil n'a été organisée, mais les chrétiens se sont rassemblés pour la messe de Pâques. A Garissa, où plusieurs églises avaient déjà été prises pour cible ces dernières années, quelques policiers patrouillaient, mais les forces de sécurité annoncées ne sont pas toutes venues. A Nairobi, la cathédrale anglicane était protégée par des policiers armés. Des membres de la paroisse fouillaient les fidèles à l'entrée. Leurs prières étaient consacrées en ce dimanche de Pâques aux victimes de Garissa, 148 personnes la plupart des étudiants chrétiens tués par des islamistes Shebabs. Ils ont prié pour l’unité du pays. 

"Le Kenya est en guerre, nous devons tous rester solidaires" De son côté, Hassan Ole Naado, un dirigeant du Conseil suprême des musulmans du Kenya a mis en garde contre les haines entre communautés religieuses dans ce pays qui se revendique chrétien à 80% mais où vit une importante communauté musulmane.
Dimanche, dans son message "urbi et orbi", le Pape a demandé au monde entier de prier pour les victimes des violences sur le continent africain: "Qu'une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie - je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l'université de Garissa, pour tous ceux qui ont été enlevés."

Le Pape François a exprimé sa douleur face à ce carnage d’une violence brutale et insenséeCette nouvelle attaque meurtrière visant des chrétiens prend un relief particulier à l’heure où les persécutions ont été au cœur des méditations du Chemin de Croix.

Olivier Bonnel a recueilli le témoignage du père Etienne Triaille, jésuite belge vivant au Kenya depuis quinze ans. Il est en charge de la paroisse francophone de Nairobi :

 

Lors de l’attaque contre le centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013, certaines personnes avaient été tuées parce qu’elles étaient incapables de réciter par cœur des versets du Coran ou parce qu’elles ne connaissaient pas le nom de la mère de Mahomet. Fin novembre, les shebabs avaient sélectionné les 28 passagers chrétiens d’un bus pour les assassiner.

Une violence ciblée qui n'épargne même pas les enfants

De multiples armées djihadistes qui invoquent l’islam sont engagées dans une stratégie planifiée d’extermination. Au Kenya, plus de 85% de la population est chrétienne. En Somalie, où les musulmans représentent 99,8% de la population, la liberté religieuse n’existe pas pour la toute petite minorité chrétienne lourdement persécutée par les extrémistes.

Dans un communiqué, la fondation Aide à l’Eglise en Détresse (AED) se demande pourquoi une telle barbarie exhibée et satisfaite n’épargne même pas les enfants, pourquoi les chrétiens sont la cible d’une cruauté savamment orchestrée parce qu’ils sont chrétiens. Au Kenya, l’AED a conçu des projets humanitaires et éducatifs pour les personnes menacées. Une radio diocésaine a été mise en place pour les tribus chrétiennes qui vivent dans la région de Lodwar, faiblement peuplée et sous-développée. Les tribus sont nomades ou semi-nomades. 25% de la population est chrétienne. Un missionnaire raconte que les musulmans écoutent volontiers la radio diocésaine. Une manière de promouvoir la cohabitation interreligieuse dans un contexte de plus en plus explosif. (avec AED)








All the contents on this site are copyrighted ©.