2015-03-24 15:16:00

Mgr Pontier trace les priorités de l'Église dans une France tourmentée


(RV) Depuis ce mardi matin, les 120 évêques de France sont réunis dans le sanctuaire marial de Lourdes pour  leur assemblée plénière de printemps. Mgr Georges Pontier, l’archevêque de Marseille, qui préside actuellement la Conférence des évêques, a ouvert les cinq jours de réflexions qui s’engagent. Les thèmes seront nombreux.

Une journée sera dédiée au prochain synode sur la famille. : chacun sera appelé à témoigner de ce qu’il a entendu et vécu dans son diocèse. Une autre journée sera consacré au discernement pastoral, avec « un temps de prière tous ensemble pour se mettre à l’écoute de ce que dit l’Esprit aujourd’hui ».

Dans son discours, le président de la conférence des évêques est revenu sur l’actualité en France. Sur les élections, Mgr Pontier a parlé d’un nombre « trop élevé » d’abstentionnistes. Or, les départementales permettent d’élire des responsables chargés de mettre en œuvre des politiques concrète en matière d’éducation, d’aide sociale ou de logement... Il appelle les Français à voter. « Rien ne nous dédouane de notre responsabilité individuelle de citoyens. » Mais, il plaide pour un vote responsable : Les candidats « ne prennent pas tous en compte de la même manière la recherche du bien commun, le respect de la vie, les soucis des plus pauvres ou des migrants. »

Mgr Pontier évoque les élections en cours, mais son appel le plus fort ce mardi matin à Lourdes, c’est cette mise en garde contre le repli sur soi, car, dit-il, « des durcissements sont apparus » depuis les attentats de janvier à Paris.

Les explications de Marie Duhamel.

 

Il y a deux mois et demi, notre pays a été « frappé par des forces de morts, forces de l’ombre ». Mgr Pontier évoque l’émotion, la stupeur, puis la journée du 11 janvier, « jour référence de dignité et d’unité nationale ». Mais aujourd’hui force est de constater ces durcissements. « On s’en est pris aux symboles religieux », aux lieux de culte. Personne n’y a échappé. Ce message est alors lancé à chacun. Concitoyens français de confession juive, « votre présence nous est précieuse et chère ». Concitoyens musulmans, continuons « à apprendre à vivre ensemble » dans une société qui a montré sa capacité d’accueil. Les chrétiens, sont eux, encouragés à se tenir éloignés de toute peur. Encouragés à manifester, les premiers, les gestes de pardon et de réconciliation. Aux Français sans confession : ensemble nous voulons construire notre avenir.

« Mais comment faire pour que la devise de la République « Liberté égalité fraternité » inspire les choix de notre société ? » Alors que le débat sur la laïcité s'est tendu ces derniers semaines, avec des tentatives par exemple de bannir les menus de substitution dans les cantines scolaires, Mgr Pontier prononce un vibrant plaidoyer pour défendre cette laïcité « qui veille à la paix civique tout en permettant le vivre-ensemble de citoyens aux convictions diverses. On ne peut, dit-il, assurer cette paix en surveillant les uns, en leur demandant de renoncer à l’expression de leurs convictions religieuses, tout en permettant à d’autres de les stigmatiser. L’État ne saurait passer sans risque de la garantie des libertés à leur surveillance soupçonneuse. » Rejetant les politiques d’exclusion, Mgr Pontier encourage enfin les autorités à garantir pour tous, l’accès aux biens élémentaires que sont le logement, le travail, l’éducation et la santé.

Outre le repli sur soi observé en France, le président de la Conférence épiscopale souligne la « renationalisation de la pensée caractérisée par la méfiance affichée à l’égard de "l'autre" » et l’idée que « finalement on s’en sortirait mieux entre soi ». Mais pour lui, c’est « oublier les leçons de l’histoire » que de voir en un retour à l’État-nation  comme solution à tous nos problèmes, au sein de la zone euro et plus largement en Europe.  « Il n’y a pas d’un côté les États et de l’autre, l’Union européenne ». Un partage de la souveraineté a déjà été opéré, souligne-t-il. « Dans cette aventure européenne, l’autre n’est pas un ennemi, mais un partenaire de longue date, dont il ne convient pas uniquement de se soucier par intérêt. »

Enfin, en cette semaine précédant la Semaine sainte, Mgr Pontier a eu une pensée pour beaucoup d’hommes et de femmes qui vivent le mystère pascal « sous sa phase douloureuse, celle de la vie dure, celle des conséquences du manque de travail, de logement, de santé, d’accueil, celle des ruptures, des abandons, des calomnies, celles aussi des peurs, des incertitudes, du manque de perspectives ».  Une pensée aussi pour les frères chrétiens, vivant avec tant d’autres en situation de guerre, soumis à des conflits qui n’en finissent pas, victimes d’exactions odieuses et barbares, d’attentats inqualifiables, en Irak, en Syrie, en Libye, au Nigeria, au Pakistan ou en bien d’autres lieux du monde. « Nous voulons leur redire notre union profonde en cette quinzaine de la Passion », a tenu à souligner le président de la conférence épiscopale française.

 

 

 

 








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