(RV) Entretien - Le cardinal Jean-Louis Tauran est revenu en Europe après une visite de cinq jours en Côte d’Ivoire où il a présidé les festivités marquant les 110 ans de l’évangélisation du diocèse de Korhogo, au nord du pays, dans la région du Poro. Sur place, la ferveur spirituelle est une réalité et le dialogue interreligieux fonctionne.
À quelques mois de la présidentielle, le président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux a célébré lundi une messe à la cathédrale de Yamoussoukro pour la paix en Côte d’Ivoire et pour des élections apaisées. Le dernier scrutin présidentiel s'est déroulé dans le sang. Près de 3 000 personnes ont perdu la vie à la fin de l'année 2010 et le début de l'année 2011 dans des violences opposant les partisans du chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo (aujourd'hui inculpé à La Haye) et ceux de l'actuel président. Alassane Ouattara qu'a rencontré le chef de dicastère mardi avant de regagner Rome.
Jean-Baptiste Cocagne a contacté le cardinal avant son départ d'Abidjan mardi soir. Le président du Conseil pontifical, Jean-Louis Tauran tire un bilan très positif de son déplacement.
Que retiendrez-vous de ce voyage ?
Ça m’a donné l’impression d’un peuple qui est profondément religieux et qui est attaché
aux valeurs traditionnelles, la convivialité, un respect des ancêtres et des personnes
âgées. L’Eglise est très présente. Personnellement,
ce qui m’a beaucoup frappé, c’est la religiosité de ce peuple. C’est un peuple qui
est très religieux. Par exemple, j’ai célébré la messe à Yamoussokro. C’était magnifique :
la piété, la musique, une participation des gens très intense. Je voudrais développer
beaucoup le contact avec les religions traditionnelles africaines parce qu’il y a
une prédisposition surnaturelle qui me paraît tout à fait intéressante. Puis, il y
a aussi un grand désir de voir le Pape. Tout le monde le dit. J’ai été reçu par le
président de la République ce matin qui m’a dit « Dites au Pape de venir vite.
Il sera bien reçu ».
Justement, que vous a dit le président Ouattara,
par exemple, sur le rôle de l’Église en Côte d’Ivoire ?
Il n’a eu que des compliments. Surtout le travail
de l’Eglise dans le domaine scolaire, dans le domaine de la santé, vraiment une grande
appréciation. Il faut dire que les missionnaires - c’était d’ailleurs de but du voyage :
célébrer les 110 ans d’évangélisation - ont travaillé de manière admirable. D’ailleurs,
tous les évêques sont maintenant des évêques autochtones. C’est une Église qui a beaucoup
de vocations. Dans un diocèse comme celui de Yamoussokro, il y a 40 séminaristes.
Ça nous fait « pâlir de jalousie » !
Quelle est la réalité du dialogue interreligieux en
Côte d’Ivoire ?
Il est tout à fait serein. Dans la réunion à laquelle
j’ai participé, tous les chefs religieux étaient là au premier rang. Ils ont parlé,
il y a une amitié, une amitié vraiment sincère. De ce point de vue-là, il faut dire
que la Côte d’Ivoire est un modèle. Je crois que les Ivoiriens regardent autour d’eux
et ils s’aperçoivent que leur formule leur donne la sécurité, la sérénité. Les chefs
religieux dialoguent et quand il y a un problème, ils vont voir le président. Le président
est une personne très disponible. C’est la diversité dans l’unité. Ici, c’est une
société qui est rurale. Ils sont très fidèles à leur héritage culturel, familial.
Il n’y a pas ces divisions comme en Europe. La famille a une grande importance. J’ai
été frappé par les ministres que j’ai rencontrés, de voir l’importance de la famille.
Puis, il y a un comité interreligieux aussi qui permet de discuter ensemble et de
présenter ensemble les desiderata au gouvernement. Dans l’ensemble, je suis très satisfait
de ce voyage. Il y avait beaucoup de positif. J’aimerais bien que ce soit « contagieux
», si je puis dire.
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