2015-03-17 17:46:00

Mgr Tomasi : « les enfants syriens risquent de devenir une génération perdue »


(RV) Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève, est intervenu dans le cadre de la 28e session du Conseil des Droits de l'homme. Il s'est exprimé ce mardi sur le rapport de la Commission indépendante internationale d'enquête sur la Syrie. Mgr Tomasi a choisi d'insister particulièrement sur la situation des enfants dans le conflit syrien, qui sont parfois directement exposés au front, « recrutés, entraînés et utilisés dans des positions actives de combat, parfois même utilisés comme boucliers humains dans des attaques militaires » souligne Mgr Tomasi. Mais les enfants représentent également la moitié de la population réfugiée, alors qu'ils sont très vulnérables. 

Ils sont des millions, et certains n'ont même pas d'existence légale. Ces « enfants fantômes » ont vu leurs parents fuir la Syrie, mais leur lieu et date de naissance n'ont jamais été enregistrés quelque part. L'UNICEF avance le chiffre de 3500 enfants qui n'ont pas « officiellement » de famille ni d'identité. La guerre a pu provoquer la destruction de documents officiels et parfois les parents « n'ont pas eu le temps ni l'argent d'obtenir un certificat de naissance ». Le fait de ne pas avoir d'existence aux yeux de la loi peut aussi poser des problèmes pour avoir accès à des services de base, comme les soins ou l'éducation.

« Il va falloir apprendre à vivre avec les réfugiés »

D'ailleurs, l'éducation est un autre problème soulevé par Mgr Tomasi dans son intervention. 5000 écoles ont été détruites en Syrie, d'autres fermées dans les territoires contrôlés par l'Etat islamique. « Dans les camps de réfugiés, on dénombre 40 enseignants pour plus de 1000 élèves, âgés de 6 à 17 ans. La plupart des enseignants sont volontaires, et souvent eux-mêmes des réfugiés » souligne Mgr Tomasi. Le chiffre total d'élèves sans accès à l'éducation s'élève à 1,5 million de réfugiés. « La communauté internationale dans son ensemble semble avoir mal jugé l'extension du conflit syrien. Beaucoup pensaient que le flux de réfugiés serait temporaire et que ces réfugiés allaient quitter leur pays d'asile après quelques mois. Aujourd'hui, après quatre ans de conflit, il semble plutôt que ces réfugiés vont rester et que les autochtones doivent apprendre à vivre côte-à-côte avec eux » estime le représentant du Vatican à Genève.

Enfin, la séparation familiale est une autre préoccupation relevée par Mgr Tomasi. « Les racines de la déstabilisation d'une société sont la violence généralisée qui conduit à décomposer les familles, l'unité sociale de base d'une société. Pour éviter une exploitation plus grande des enfants et afin de les protéger, un effort supplémentaire doit être fait pour faciliter la réunification des mineurs avec leur famille respective » souligne-t-il. « Si la violence ne s'arrête pas et que l'éducation et le développement ne reprennent pas leur cours normal, ces enfants encourent le risque de devenir une génération perdue » alerte Mgr Tomasi, tout en rappelant que la solution à la crise syrienne ne pourra se faire qu'à travers le dialogue. 








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