Une visite du Cardinal Sandri prévue à Erbil, en mai prochain

(RV) Entretien- Comme chaque année, une quête en faveur de la Terre Sainte sera faite dans toutes les églises catholiques le vendredi saint. En cette période particulièrement dramatique pour toute la région du Moyen-Orient, l’Eglise invite les fidèles à apporter leur soutien aux communautés locales et au maintien des Lieux Saints. Ces derniers mois, le Pape François a multiplié les appels en faveur des chrétiens de cette région du monde, dont « la souffrance crie vers Dieu ».

Dans une lettre aux évêques du monde entier, le préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, le cardinal Leonardo Sandri, brosse un tableau dramatique de la situation en Irak et en Syrie où le bruit des armes ne s’arrête pas, et où prévalent la haine aveugle et le désespoir. Les réfugiés irakiens et syriens se comptent désormais par millions. L’Eglise appelle les chrétiens de Terre Sainte à résister dans la mesure du possible et à ne pas fuir à l’étranger. Mais il est nécessaire que les fidèles du monde entier se montrent sensibles à leur sort. Dans sa lettre, le cardinal Leonardo Sandri souligne ainsi que la Quête pour la Terre-Sainte, cette année, est plus que jamais une occasion précieuse pour devenir des pèlerins de la foi et pour promouvoir le dialogue par la concorde, la prière et le partage. Le petit troupeau des Chrétiens, répandu dans tout le Moyen-Orient est appelé, écrit-il, à être artisan de paix, de réconciliation et de développement, à promouvoir le dialogue, et à construire des ponts, selon l’esprit des Béatitudes. Le cardinal Sandri souhaite donc que cette Quête reçoive un accueil généreux de la part de toutes les Eglises locales afin de répondre aux besoins spirituels et matériels de la vie ecclésiale en Terre-Sainte.

Interrogé par Hélène Destombes il explique le sens de cette lettre et s’attarde en particulier sur les drames vécus par les chrétiens irakiens et syriens évoquant notamment les récents enlèvements de familles assyriennes :

 

Il y a beaucoup de gestes du Pape François de sa visite en Terre Sainte qui l’a fait en Jordanie, en Palestine, en Israël mais aussi la lettre qu’il a envoyée aux chrétiens du Moyen-Orient au mois de décembre dernier, justement quand il parle de l’aggravation de ce conflit dans la région du Moyen-Orient. Il dit que cette souffrance, c’est un cri vers Dieu et c’est un appel à notre engagement dans la prière et dans chaque initiative que nous pouvons prendre en faveur de notre frère chrétien. Et justement, s’il fallait toujours être à coté de nos frères et sœurs du Moyen-Orient, encore plus dans ce moment de terribles souffrances et de terribles persécutions.

Vous évoquez dans cette lettre les conditions terribles dans lesquelles vivent les chrétiens d’Irak, de Syrie, et vous invitez les fidèles du monde entier à compatir à leur sort.

Oui et je voulais surtout mettre en relief que dans cette terrible souffrance de nos frères, soit catholiques soit chrétiens en général, surtout des Églises orthodoxes, mais aussi nos frères musulmans qui eux aussi ont été victimes de la violence et de la barbarie. Je voulais vous dire qu’il y a une chose extraordinaire qui met en lumière l’espérance du Moyen-Orient, c’est les martyrs. C’est l’œcuménisme du sang qui a touché tout le monde, pas seulement les catholiques mais aussi les chrétiens, de cette souffrance et de ce martyr sortira la paix et j’espère et je prie, un monde futur de solidarité entre toutes les religions et entre tous ceux qui habitent la région. Voilà l’espérance que nous ne pouvons jamais perdre : un futur meilleur pour ce monde.

Il y a également bien sur beaucoup d’inquiétude pour ces centaines de chrétiens assyriens toujours retenus en otage par les djihadiste de l’État islamique...

Certainement, nous sommes vraiment très touchés par la douleur de ces gens-là, de ces familles chrétiennes, mais nous pensons à toute la série de personnes enlevées, disparues, des évêques, des prêtres. Et nous voulons certainement prier pour eux, mais surtout voir dans leur sacrifice un germe, une espérance pour le futur.

Une situation très préoccupante en Syrie, mais également en Irak où vous prévoyez de vous rendre, à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien en mai prochain.

Oui, j’espère pouvoir y aller avec le représentant des agences qui travaillent pour aider l’Eglise orientale. Et ce voyage est prévu. J’espère pouvoir être avec eux et porter toute notre amitié, notre solidarité à l’Eglise catholique de l’Irak, surtout à l’Eglise chaldéenne.

Le Saint Père suit, on le sait, avec beaucoup de préoccupation la situation  en Syrie et en Irak et en particulier, le sort de ces chrétiens qui ont été enlevés.

Bien sur, il le suit chaque jour. Il offre toujours des prières avec sa parole. Il porte l’attention du monde entier dans cette région. Je voulais seulement vous dire que le dernier jour de notre retraite spirituelle avec le Pape et la Curie romaine, il a voulu offrir la dernière messe pour la paix en Irak,  pour les victimes de toutes ces souffrances, de tous ces gestes de barbarie et d’inhumanité. Nous voulons un monde meilleur pour tous, chrétiens, catholiques, musulmans, fondé dans le respect et la dignité de la personne humaine, dans la justice et dans la liberté pour tous, spécialement pour ceux qui souffrent beaucoup. 

 

Les recettes de cette Collecte sont affectées en priorité à la Custodie franciscaine à laquelle est confié l’entretien des Sanctuaires édifiés sur les lieux saints et des structures pastorales, éducatives, médicales et sociales catholiques. Une partie de la somme est également destinée à l’Assemblée des évêques catholiques de Terre Sainte. Des communautés ecclésiales catholiques latines ou orientales de différentes traditions, ainsi que des familles religieuses bénéficient également d’une aide financière. Depuis quelques années, un effort supplémentaire est déployé pour assurer aux chrétiens des conditions de vie plus dignes et leur permettre ainsi de rester, notamment par la création d’emplois, la restauration des logements et l’aide à la scolarisation. Les territoires destinataires de la Collecte du Vendredi Saint sont les suivants : Jérusalem, Palestine et Israël, Jordanie, Chypre, Syrie, Liban, Egypte, Ethiopie et Erythrée, Turquie, Iran et Irak.