2015-03-09 17:00:00

Le cardinal Sandri évoque le sort des chrétiens de Syrie et d'Irak


(RV) « Les chrétiens : les plus persécutés dans le monde » : tel était le thème d’un congrès organisé par les pères mercédaires, qui appartiennent l’Ordre de Notre-Dame de la Merci. Cet ordre, fondé au XIIIe siècle par St Pierre Nolasque, s’était assigné comme principale mission de racheter les chrétiens captifs et réduits en esclavage par les pirates barbaresques turcs et maures, qui régnaient alors sans partage sur les eaux de la Méditerranée. Les membres de cet ordre, outre les vœux de chasteté, pauvreté et obéissance, prononçaient un quatrième vœux : celui de demeurer comme otage, à la place de leurs frères chrétiens, quand ils n'avaient pas l'argent nécessaire pour les racheter.

Ce congrès, organisé en vue de la préparation du huitième centenaire de l’ordre, a vu, entre autres, la participation de Mgr Marayati, archevêque arménien d’Alep. Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation des Eglises orientales, est également intervenu sur le thème choisi pour ce congrès, un thème plus que jamais d’actualité.

La Syrie, ses morts, ses disparus, ses réfugiés

Le cardinal n’a en effet pas manqué de revenir longuement sur les situations extrêmement graves qui prévalent en Irak et en Syrie. « Nous recevons continuellement des nouvelles par l’intermédiaire du nonce apostolique, Mgr Zenari, des patriarches et des évêques », a affirmé le cardinal, qui a évoqué la mémoire de tous les nombreux morts de ce conflit, parmi lesquels, le père jésuite Franz Van Der Lugt, tué à Homs le 7 avril 2014, lui qui avait décidé de rester jusqu’au bout, auprès de ses fidèles. Et le préfet de rappeler tous ceux enlevés, et dont on demeure sans nouvelles : deux évêques d'Alep, syro-orthodoxe, et grec-orthodoxe, un prêtre arménien, et le père jésuite Paolo Dall’Oglio. Tous « prisonniers en haine de la foi, ou réduits à être monnaie d’échange ». Sans compter ces millions de réfugiés syriens qui peuplent désormais les pays environnants, le Liban surtout, où le cardinal s’était rendu en janvier 2014.

En Jordanie, la situation n’est guère meilleure, note encore le cardinal Sandri. On y compte pas moins de 211 000 réfugiés dans les camps, et quelque 610 000 qui n’en dépendent pas, selon les chiffres de l’UNHCR. Dans certains camps, un phénomène inquiétant est observable, celui de ces jeunes filles vendues par leurs familles, pour quelques centaines de dollars, et destinées au mariage. Des situations terribles causées par la pauvreté et le désespoir . « Mais combien est plus grande la responsabilité des parties qui persistent dans la violence, celle-là même qui engendre et alimente le trafic d’armes, et celui plus aberrant des personnes, surtout les femmes et les enfants ».

Le cardinal Sandri à Erbil en mai prochain

La situation en Irak, fait, elle, la Une des journaux du monde entier. Le drame des minorités chrétiennes et Yézidies, chassées de leurs maisons par les jihadistes de l’Etat islamique, massacrées, ou contraintes à la conversion est connu de tous. Nombreux sont ceux qui ont pu trouver refuge, sous la conduite de leurs pasteurs, à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, où le cardinal Sandri prévoit de se rendre au début du mois de mai prochain. Ces chrétiens pensent maintenant à se réfugier dans d’autres pays ; attitude humainement compréhensible, mais qui pose la douloureuse question d’un Moyen-Orient sans chrétien.

La situation actuelle au Moyen-Orient est donc telle, qu’elle est propice à l’apparition de nouvelles formes d’esclavage », et « peut-être, le gouvernement général de l’Ordre mercédaire pourra-t-il considérer la possibilité d’une présence sur ces terres », espère le Cardinal, qui pense certes, à l’aide d’urgence, mais aussi à l’aide morale et psychologique, sur le long terme.

L'esclavage d'un cœur tiède

Mais il est également une forme d’esclavage dont nous devons nous libérer, insiste le cardinal Sandri. « Je pense à l’esclavage d’un cœur tiède, et replié sur lui-même, tandis que nos frères chrétiens en Syrie et en Irak, fragiles et sans défense, restant fermes dans la profession de leur foi en un Dieu unique, qui a envoyé son Fils pour nous sauver, nous disent, ainsi qu’à l’Occident, où souvent la foi est perçue et présentée comme une sous-culture, que l’amour de Dieu est réel ». Et le cardinal de rappeler avec émotion le sort de ces 21 coptes sauvagement exécutés par les jihadistes de Daech, en Libye, « le nom de Jésus sur les lèvres ».

 « Nous devons vaincre également cet esclavage culturel, dont la lecture de l’Histoire se fait à travers le prisme de stéréotypes idéologiques. Il est coutume de souligner la présence d’intellectuels arabes ou juifs, au sein des cours occidentales du Moyen-Age, ainsi que leurs inestimables contributions, à la culture humaniste européenne. Il est plus rare toutefois d’évoquer l’inverse ! Comme la présence de Jean Damascène, chrétien, qui fut conseiller de la cour omeyyade, ou encre le travail des moines syriaques qui traduisirent du grec vers l’arabe, les œuvres d’Aristote ». 

Et le cardinal de conclure son intervention en confiant à Dieu la situation moyen-orientale, et plus particulièrement celle des chrétiens.  « Que surgisse bientôt un temps de paix et de réconciliation et que les chrétiens puissent retourner dans leurs maisons et vivre comme citoyens à part entière, aux côtés des fidèles des autres religions, dans ces terres où l’Evangile rayonna, et où ces chrétiens veulent continuer à œuvrer pour le bien commun ».








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