2015-02-06 17:35:00

Etat islamique : "il faut arrêter les flux d'armes et de combattants"


(RV) Entretien- Le Jordanie n’exclut pas des attaques par voie terrestre pour neutraliser la menace de l’État islamique. En attendant, des dizaines de raids ont été menés en Irak et en Syrie, en réponse au meurtre barbare du pilote jordanien brûlé vif dans une cage. Ces atrocités auraient été commises, selon l’ONU, également sur des milliers d’enfants irakiens. L’ayatollah Ali al Sistani, la plus haute autorité chiite d’Irak a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle combatte l’Etat islamique. Mgr Giorgio Lingua, le nonce apostolique en Irak, répond au micro de notre collègue de la rédaction italienne, Benedetta Capelli.

Vous savez comme l’Etat islamique constitue encore un danger et l’on n’arrive pas, malgré les bombardements et les diverses stratégies à l’affaiblir…Dernièrement, il y a eu cette vidéo-choc du pilote jordanien qui a été brûlé: il semblerait que cela réponde à une stratégie, celle d’inspirer de la terreur pour démontrer qu’ils sont forts.

Hier, l’ONU a dénoncé le meurtre et la torture d’enfants de la part de l’Etat islamique. Peut-on dire que nous sommes arrivés à un point de non retour dans l’inhumanité ?

Certainement, il y a suffisamment matière pour démontrer qu’il s’agit d’actes barbares…Je ne sais pas à quel point tout peut être vérifiable parce que les informations qui nous arrivent de là-bas sont peu nombreuses et souvent, elles sont elles-mêmes filtrées par ceux qui l’exploitent pour la propagande de la terreur. Il faut voir au cas par cas si cela est vrai mais nous savons bien combien certains de ces comportements sont inhumains.

Tant de violences commises contre la population, les chrétiens et même les minorités en général. Que cela vous évoque-t-il ?

 Le premier sentiment est celui de dégoût et presque d’incompréhension. Quelqu’un dit : « Mais comment est-il possible que l’humanité arrive à un tel point, à dépasser certaines limites ? ». Et d’autre part, comme homme de foi,  il ne peut manquer ce regard adressé à Dieu où l’on demande : « Aie pitié, Seigneur, aie pitié pour nous, les pécheurs », tout en demandant qu’il touche leurs cœurs.

Pour les chrétiens, quelle est la situation? Des sources non confirmées disent que l’Etat islamique, outre le fait de tuer, a également imposé le retrait des symboles religieux.

Il s’agit également d’informations qui ne sont pas confirmées. Je parlais avec le patriarche qui me disait qu’on ne pouvait pas vérifier ces choses-là. Au contraire, il semblerait que cela ne soit pas vrai, au moins pas dans tous les cas. Oui, il y a eu des épisodes mais on ne peut pas généraliser. Je crois qu’il faut faire attention à ne pas inspirer plus de terreur que celle qu’ils veulent transmettre, également parce qu’il me semble qu’en ce moment, les chrétiens sont très désorientés et découragés parce que plus le temps passe, plus vivre dans certaines conditions de précarité influent de façon négative sur le comportement, sur l’espérance aussi bien pour leur futur que dans le rapport avec leurs frères musulmans. Il me semble qu’on est en train d’ériger une barrière toujours plus profonde entre les chrétiens et les musulmans et donc, on en arrive à suspecter tout le monde, à ne plus avoir confiance, même dans les choses les plus normales….On a peur parce que les chrétiens se sont sentis un peu isolés et parfois même, trahis par leurs frères avec lesquels ils cohabitaient. Et alors, voilà, je crois qu’il est important de chercher d’aller au-delà parce afin que ces murs ne deviennent pas insurmontables. Quoi qu’il en soit, il faudra beaucoup de temps pour assainir ces blessures et ces blocages psychologiques.

Selon vous, que devrait faire la communauté internationale pour endiguer cette spirale de violence qui semble vraiment ne pas avoir de fin?

Une des premières choses, c’est de freiner l’afflux de gens qui viennent dans ces territoires avec des intentions belliqueuses.  Je crois qu’il faut ensuite arrêter également le ravitaillement des armes parce qu’aujourd’hui, nous voulons savoir d’une pomme si elle est produite en Nouvelle-Zélande, au Chili ou si elle vient du Trentin : est-il possible que nous ne réussissions pas à contrôler les armes ? Où vont-elles ? Dans quelles mains finissent-elles ? Donc, la communauté internationale doit être très résolue dans son engagement d’arrêter l’afflux d’armes dans ces territoires. 








All the contents on this site are copyrighted ©.