Les grâces de la visite du Pape au Sri Lanka

Le Pape François a quitté le Sri Lanka jeudi matin après deux journées pleines, marquées par une grande ferveur populaire et des promesses de dialogue et de réconciliation. Avant son arrivée aux Philippines, deuxième étape de ce voyage apostolique, retour sur les moments forts avec notre envoyèe spéciale au Sri Lanka Marie Duhamel 

Religieuses en prière, fidèles tendant les bras vers la papamobile, François embrassant une vieille femme malade. A en croire le nombre de photos publiées dans la presse, « les Srilankais n’avaient jamais vu une telle foule à Colombo ». C’est d’ailleurs le titre The Daily mail ce jeudi. A la Une de The Island : « Le Pape offre son premier saint au Sri Lanka ». Plus de 500 000 fidèles ont participé à la messe de canonisation de Saint Joseph Vaz, l’apôtre du pays. C’est cet indien qui a sauvé le trésor de leur foi, alors qu’elle risquait de s’éteindre, persécutée par les Hollandais calvinistes. François a invité les catholiques à poursuivre l’œuvre de ce « missionnaire zélé », de ce « prêtre exemplaire » qui a porté à tous, partout, la parole du Christ et la charité de l’Evangile. Saint Joseph Vaz est même parvenu à toucher, en pleine terre bouddhiste, le cœur du Roi de Kandy qui a autorisé les conversions dans le pays. Le Pape a d’ailleurs offert aux évêques ce décret gravé dans la cuivre.

Grâce à Joseph Vaz, tous ont vu que l’amour de Dieu apporte la paix et non la violence. Certes, la liberté religieuse doit être défendue : l’Eglise veut aider chacun, collaborer avec tous. Il l’avait d’ailleurs dit mardi lors d’une rencontre interreligieuse, quand des centaines de moines dans leur soie orangée s’asseyaient aux côtés de centaines d’hindous et de musulmans. François les avait assuré du respect de l’Eglise. Il les avait tous exhorté à dialoguer. L’amitié suivra. 

Mercredi soir répondant à l’invitation d’une moine, François s’est rendu dans un temple : visite improvisée, démarche d’amitié. François croit aux rencontres personnelles. Dans le centre de congrès du BMICH, il a appelé chaque dignitaire religieux à inviter ses fidèles à vivre pleinement le commandement de paix propre à toutes les religions. Le pays a besoin du « baume réparateur que représente la solidarité fraternelle ».

Le moment le plus touchant peut-être de ce voyage : François serrant dans ses bras la reproduction en bois de la vierge de Maddhu, mercredi. Marie dans sa demeure, son sanctuaire, tous ont pu trouver refuge pendant la guerre. Marie qui encouragera toujours les Srilankais sur le chemin du pardon. « Ce n’est pas facile »,  mais il faut « faire réparation de nos péchés » pour un vrai remord et un vrai repentir, a dit le Pape, pour reconstruire « l’unité perdue » entre Tamoul et Cinghalais.

Dès son arrivée, François avait demandé aux autorités, à ce que soient respectés les droits de l’homme, la dignité humaine ; que chacun ait sa place dans la société. Et cette venue du Pape a été accompagnée de diverses grâces : pas de violences post-électorales et deux présidents, le sortant et le nouvel élu, qui semblent sur la voie du dialogue : une rencontre est d'ailleurs annoncée à la Une de la presse, juste sous la photo du Pape.