2015-01-13 17:14:00

Visite du Pape au Sri Lanka : entretien avec Mgr Wickramasinghe, évêque de Galle


(Radio Vatican ) Entretien - Au Sri Lanka, on affiche sa religion. Elle est, autant que l’ethnie, une carte d’identité. Mais à la différence de l’appartenance à la communauté cinghalaise (70%) ou tamoul (15%), qui se sont indirectement affrontés lors de la guerre entre les autorités de Colombo et les séparatistes armés de l’Eelam Tamoul, la religion n’est pas un facteur de trouble. Elles cohabitent dans la paix. Il arrive cependant que la communauté musulmane (10%) et la toute petite minorité protestante (1%) soient la cible d’un groupe de moines bouddhistes extrémistes politisés.

Au Sri Lanka, la politique est l’objet de toutes les passions. On se rend aux urnes en masse lors des élections, comme la semaine dernière. Plus de 70% de la population a fait le déplacement pour élire son président. A trois jours de la venue du Pape, le verdict des urnes est d’ailleurs tombé. Le président sortant Mahindra Rajapaksa  a reconnu sa défaite. Il était au pouvoir depuis dix ans. Et, pour la première fois semble-t-il, les discussions post-électorales en sont restées aux mots. Aucune violence n’a été déclarée.

Pour Mgr Raymondo Wickramasinghe, la visite du Pape François y est clairement pour quelque chose. L’évêque de Galle est en charge de la commission pour les relations avec les médias.

 

Je le crois vraiment parce que le Pape François est aimé de tous, pas seulement des catholiques, il y a aussi de nombreux bouddhistes, musulmans et hindous qui ont prévu de venir à Colombo et au sanctuaire de Madhu dans le nord pour voir le Pape François, pour apercevoir cet incroyable être humain.

Je pense que sa bénédiction, ses prières pour nous et les millions de personnes qui prient pour nous, ont déjà commencé à apporter, et le feront encore, un peu plus d’espoir et de prospérité à notre patrie.

Je crois que c’est une excellente opportunité pour le nouveau président du Sri Lanka et le nouveau gouvernement en cours de formation. C’est une bénédiction, un incroyable miracle pour eux d’accueillir le Pape au Sri Lanka. La première action officielle des nouvelles autorités sera d’accueillir le Pape au Sri Lanka !

Quand vous regardez autour de vous, vous voyez que les préparatifs sont prêts. Les drapeaux sont hissés, les décorations installées et les gens oublient qu’il y a eu des élections dans ce pays. Tout le monde a sous les yeux cette sainte personne, les posters à son effigie. Et quand vous marchez ici ou là, vous entendez les gens dire « quelqu’un va arriver au Sri Lanka ». Donc clairement, je pense que sa venue va créer un changement, même pour l’image du pays dans le monde. Pour ceux qui connaissent la politique dans notre pays, cela va faire une grande différence. Je crois que cette visite est l’opportunité pour le pays d’avoir un nouveau visage ; c’est un nouveau point de départ dans la vie ; c’est une nouvelle aube pour une nouvelle ère au Sri Lanka.

Le nouveau président a été élu avec le soutien des minorités et des bouddhistes, vous pensez qu’avec l’aide et les paroles du Pape, le Sri Lanka va pouvoir atteindre cet objectif de paix et de réconciliation ?

Sa sainteté le Pape François était intéressée par la paix et la réconciliation, l’unité. Il a utilisé ces termes concernant le Sri Lanka. Il nous a suivi, beaucoup. On m’a même dit qu’avant son élection, il était déjà intéressé par le Sri Lanka. Le Saint-Père va clairement nous appeler à tous nous unir afin qu’on oublie le passé, qu’on respecte la dignité de tous les êtres humains. C’est très important.

Le nouveau président, beaucoup, beaucoup de partis, se sont unis derrière lui : une voix pour le changement afin d’apporter la justice, la paix et la réconciliation au Sri Lanka.

Donc nous on est là, comme hiérarchie catholique, comme responsables. On va continuer à suivre les orientations du Vatican et du Saint-Siège et à dialoguer avec la bénédiction du Saint-Père. On va poursuivre notre rôle prophétique. Jusqu’à ce que la justice soit faite pour tous les gens du Nord, du Sud, de l’Est, du centre, pour tout le monde. Nous tous, nous voulons être heureux. Nous tous, nous voulons pouvoir nous déplacer en sentant que nous sommes égaux. Nous avons hérité une formidable histoire. On a contribué au développement de ce pays. Voilà l’état des discussions aujourd’hui.

Je ne suis pas un prophète, bien sûr, mais je crois qu’il y a un mouvement massif qui nous pousse vers cela. Donc le gouvernement et ceux qui ont l’autorité pour mettre en application tout ce qui a été promis, ce que les gens attendent, doivent le faire, à cause de cette force que sont les gens. Le pouvoir des gens.

Je ne pense pas qu’on puisse vraiment comparer, mais comme aux Philippines, quand est tombé le régime de Marcos, avec Aquino, je crois qu’il y avait là la voix d’un peuple. Et ce sont des voix déterminées. « Assez est assez ». Ces divisions, la corruption, tout cela… le pouvoir. Cela doit finir. Je ne veux pas juger ou condamner une quelconque faction du passé ou du présent. Je voudrais dire qu’on a là une opportunité. Maintenant, travaillons, prouvons que nous pouvons mettre nos paroles en acte. C’est un objectif.

Je pense que la venue du Pape va marquer un début, elle va incarner ce changement.








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