« Le développement des relations interreligieuses et oecuméniques prend une signification
toute particulière et urgente au Srilanka où depuis trop d’années les hommes et les
femmes de ce pays ont été victimes de conflits civils et de violence » Voilà ce qu’a déclaré le Pape durant la rencontre avec les responsables des
quatre religions présentes au Srilanka : le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam et le
christianisme. Le Pape a demandé aux responsables religieux du Sri Lanka de ne plus
permettre que des croyances religieuses soient détournées pour favoriser la violence
et la guerre et les a encouragés à oeuvrer en faveur de la réconciliation sur l'île.
« Dans l'intérêt de la paix, les croyances religieuses ne doivent jamais être autorisées à être détournées en faveur de la violence et la guerre », a dit le pape devant des responsables bouddhistes, hindous, musulmans,et chrétiens, dans un pays profondément marqué par 37 ans de guerre civile.
Le Pape a rencontré les responsables religieux au Bandaranaike Memorial Conference Hall de Colombo. Il a rappelé à cette occasion que « le Concile Vatican II avait exprimé son profond respect pour les autres religions ». « Et je tiens, a déclaré le Pape, à réaffirmer le respect sincère de l’Eglise à votre égard, envers vos traditions et vos croyances ». Le Pape a alors dit espérer que « sa visite aidera à encourager et à approfondir les diverses formes de collaboration interreligieuse et œcuménique, qui ont été entreprises durant ces dernières années ».
Après avoir encouragé à la sincérité dans l’expression des propres convictions et identités, et l’approfondissement des éléments communs entre les diverses religions, le Pape François a insisté sur l’urgence du dialogue dans le pays. « Surtout en ce moment de l’histoire de votre pays, a –t-il ajouté, tellement de personnes de bonne volonté cherchent à reconstruire les bases morales de toute la société. Que l’esprit de coopération entre les leaders des différentes communautés religieuses puisse s’exprimer dans un engagement à donner la priorité à la collaboration entre tous les srilankais pour tous les efforts à faire en vue de renouveler la société et ses institutions ».
Texte intégral du discours du Pape François
Rencontre interreligieuse et œcuménique
Colombo, Bandaranaike Memorial, 13 janvier 2015
Chers amis,
je suis reconnaissant de l’occasion qui m’est donnée de participer à cette rencontre,
qui réunit ensemble – parmi d’autres – les quatre communautés religieuses les plus
grandes qui font partie intégrante de la vie du Sri Lanka : Bouddhisme, Indouisme,
Islam et Christianisme. Je vous remercie de votre présence et de votre accueil chaleureux.
Je remercie aussi tous ceux qui ont offert des prières et des bénédictions, et j’exprime
particulièrement ma gratitude à l’Évêque Cletus Chandrasiri Perera et au Vénérable
Vigithasiri Niyangoda Thero pour leurs aimables paroles.
Je suis venu au Sri Lanka sur les traces de mes prédécesseurs, les Papes Paul VI et
Jean-Paul II, pour montrer le grand amour et la sollicitude de l’Église pour le Sri
Lanka. C’est pour moi une grâce particulière de visiter la communauté catholique de
ce lieu, de la confirmer dans la foi au Christ, de prier avec elle et d’en partager
la joie et les souffrances. Et c’est aussi une grâce d’être avec vous tous, hommes
et femmes de ces grandes traditions religieuses, qui partagez avec nous un désir de
sagesse, de vérité et de sainteté.
Lors du Concile Vatican II l’Église catholique a déclaré
son respect profond et durable envers les autres religions. Elle a déclaré qu’« elle
ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec
un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines »
(Nostra aetate, n. 2). Pour ma part, je souhaite réaffirmer le respect sincère de
l’Église pour vous, pour vos traditions et vos croyances.
C’est dans cet esprit de respect que l’Église catholique souhaite coopérer avec vous,
et avec toutes les personnes de bonne volonté, dans la recherche de la prospérité
de tous les Sri-lankais. J’espère que ma visite aidera à encourager et à approfondir
les diverses formes de coopération interreligieuse et œcuménique, qui ont été entreprises
ces dernières années.
Ces initiatives louables ont offert des occasions
de dialogue, essentiel si nous voulons nous comprendre et nous respecter mutuellement.
Mais, comme l’enseigne l’expérience, pour qu’un tel dialogue et une telle rencontre
soient efficaces, ils doivent se fonder sur une présentation complète et sincère de
nos convictions respectives. Certainement, un tel dialogue fera ressortir combien
nos croyances, traditions et pratiques sont différentes. Et cependant, si nous sommes
honnêtes dans la présentation de nos convictions, nous serons capables de voir plus
clairement tout ce que nous avons en commun. De nouvelles routes s’ouvriront pour
une estime mutuelle, une coopération et, certainement, une amitié.
De tels développements positifs dans les relations
interreligieuses et œcuméniques ont une signification particulière et urgente au Sri
Lanka. Pendant trop longtemps les hommes et les femmes de ce pays ont été victimes
de lutte civile et de violence. Ce qui est nécessaire aujourd’hui c’est la guérison
et l’unité, et non de nouveaux conflits et de nouvelles divisions. La promotion de
la guérison et de l’unité est, certainement, un engagement noble, qui incombe à tous
ceux qui ont au cœur le bien de la nation et, en vérité, de toute la famille humaine.
J’espère que la collaboration interreligieuse et œcuménique montrera que les hommes
et les femmes ne doivent pas oublier leur propre identité, ethnique ou religieuse,
pour vivre en harmonie avec leurs frères et sœurs.
Combien nombreuses sont les façons d’accomplir ce service, pour les disciples des
diverses religions ! Combien il y a de nécessités dont il faut prendre soin, avec
le baume thérapeutique de la solidarité fraternelle ! Je pense en particulier aux
nécessités matérielles et spirituelles des pauvres, des personnes dans le besoin,
de tous ceux qui attendent avec anxiété une parole de consolation et d’espérance.
Je pense ici aussi aux nombreuses familles qui continuent de pleurer la perte de leurs
êtres chers.
Surtout, en ce moment de l’histoire de votre nation,
combien de personnes de bonne volonté cherchent à reconstruire les fondements moraux
de toute la société ! Puisse l’esprit croissant de coopération entre les responsables
des différentes communautés religieuses trouver une expression dans l’engagement à
mettre la réconciliation entre tous les Sri-Lankais au cœur de chaque effort pour
renouveler la société et ses institutions. Pour le bien de la paix, on ne doit pas
permettre que les croyances religieuses soient utilisées abusivement pour la cause
de la violence et de la guerre. Nous devons être clairs et sans équivoques lorsque
nous mettons nos communautés au défi de vivre pleinement les commandements de la paix
et de la coexistence, qui se trouvent en chacune des religions, et lorsque nous dénonçons
les actes de violence qui sont commis.
Chers amis, je vous remercie encore pour l’accueil
généreux et pour votre attention. Que cette rencontre fraternelle confirme tous nos
efforts pour vivre en harmonie et pour répandre les bénédictions de la paix.
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