2015-01-13 18:06:00

Le Pape François: le choix préférentiel pour les pauvres vient de l'Evangile


(RV) « L’attention portée aux pauvres est tirée de l’Évangile et n’est pas une intervention du communisme ». C’est ce qu’a déclaré le Pape dans un entretien accordé à Andrea Tornelli, coordinateur du « Vatican Insider » et Giacomo Galeazzi, journaliste du Vatican pour le quotidien « La Stampa ». L’entretien avec le Pape est publié dans le livre « Le Pape François. Cette économie tue », un livre consacré au magistère social du Souverain Pontife. Le volume recueille et analyse les documents du magistère sur la pauvreté, l’immigration, la justice sociale et la sauvegarde de la Création. Publié par Piemme, le libre sortira mardi 13 janvier mais aujourd’hui « la Stampa » a anticipé quelques amples extraits de l’entretien avec le Pape :

«  L’attention portée aux pauvres se trouve dans l’Évangile et dans la tradition de l’Église, ce n’est pas une invention du communisme et il ne faut pas l’idéaliser » : c’est ainsi que le Pape François explique la continuité, dans la tradition ecclésiale, du « choix préférentiel pour les pauvres ». Une « attention qui a ses origines dans l’Évangile- répète t’il- documentée déjà lors des premiers siècles du christianisme » : Il suffit de citer les premiers Pères de l’Église, du II ou III° siècle. Leurs homélies ne peuvent pas se définir comme « marxistes », explique le Souverain Pontife, car lorsque « l’Église invite à vaincre la globalisation de l’indifférence, elle est loin de tout intérêt politique et de toute idéologie ». Elle est « uniquement empreinte de la parole de Jésus » et « veut offrir sa contribution à la construction d’un monde où l’on se protège et où l’on prend soin l’un de l’autre ».

L’avortement, un résultat de la culture de rejet

Et à propos de la globalisation, le Pape François en souligne les zones d’ombre et de lumière : d’un côté, elle « a aidé de nombreuses personnes à se soustraire de la pauvreté », en amenant à « une croissance de la richesse mondiale en termes absolus » mais de l’autre côté, la globalisation « a condamné tant d’autres personnes à mourir de faim », provoquant une augmentation « des disparités » et la naissance de « nouvelles pauvretés ». C’est un système économique et social qui met au centre l’argent et le transforme en un idole- souligne le Souverain Pontife- et réduit les hommes et les femmes à de « simples instruments », provoquant « de profonds déséquilibres ». C’est-à-dire que ce qui prédomine dans la culture, dans la politique et dans la sociologie, c’est « le rejet » de ce qui ne sert pas : les enfants, les jeunes, les personnes âgées. « La culture du rejet amène a refuser les enfants, même par voie de l’avortement », répète le Pape qui se dit par la suite « troublé » par « les taux de natalité aussi bas en Italie parce qu’ainsi, on perd le lien avec le futur ».

Euthanasie cachée pour les personnes âgées abandonnées

Et la culture du rejet entraine aussi « l’euthanasie cachée des personnes âgées qui sont abandonnées » au lieu d’être considérés comme « notre mémoire, le lien avec notre passé, une ressource de sagesse pour le présent ». Les jeunes sont également touchés par ce comportement, aussi bien que- observe le Pape- «  dans les pays développés, il y a tant de millions de jeunes de moins de 25 ans qui sont sans travail ». Ce sont les jeunes « ni-ni »- comme le définit le Souverain Pontife- « ils n’étudient pas parce qu’ils n’ont pas la possibilité de le faire et ils ne travaillent pas parce que le travail manque ». Le Pape se pose, dès lors, une question : « Quel sera le prochain rejet ? ».

Résoudre la pauvreté pour guérir le monde

C’est à partir de cette constatation qu’émane cet appel fort : « Arrêtons-nous, s’il vous plait ! », « ne considérons pas cet état des choses comme irréversible, ne nous résignons pas » mais « cherchons de construire une société et une économie où l’homme et son bien-être sont au centre, non pas l’argent », parce que « sans une solution aux problèmes des pauvres, nous ne résoudrons pas les problèmes du monde ». Ce dont on a besoin, répète le Pape, c’est « d’une éthique en économie et en politique ;  pour ce faire, il est nécessaire de mettre en œuvre des programmes, des mécanismes et des processus orientés à une meilleure distribution des ressources, à la création du travail et à la promotion intégrale de ceux qui sont exclus ».

Non à l’autonomie absolue des marchés 

Il faut surtout « des hommes et des femmes avec les bras levés vers Dieu pour prier », conscients que « l’amour et le partage dont dérive l’authentique développement » ne sont pas « un produit » de l’homme mais « un don à demander ».  Ces hommes et ces femmes, exhorte le Pape, s’engagent à tous les niveaux- social, politique, institutionnel et économique- « en mettant au centre le bien commun » afin que « les marchés et la spéculation ne puissent pas jouir d’une autonomie absolue ». « Nous ne pouvons plus attendre- met en garde le Souverain Pontife- pour résoudre les causes structurelles de la pauvreté, pour guérir nos sociétés d’une maladie qui ne peut que conduire à de nouvelles crises ».

Paupérisme, caricature de l’Évangile

Enfin, le Pape François rappelle que l’Évangile « ne condamne pas les riches mais l’idolâtrie de la richesse qui rend insensible au cri de la pauvreté ». Et donc, il met en garde contre le paupérisme, en le définissant comme « une caricature de l’Évangile et de cette même pauvreté ». Au contraire, « le lien profond entre la pauvreté et le chemin évangélique », qui nous a été enseigné par saint François d’Assisse, est le vrai « protocole » sur la base duquel l’homme sera jugé : il signifie « prendre soin du prochain, de celui qui est pauvre, de celui qui souffre dans le corps et dans l’esprit, de celui qui est dans le besoin ». Et ce n’est pas du paupérisme- conclut le Pape- mais l’Évangile. Le Pape François se défend d’être « marxiste »








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