2015-01-13 19:01:00

En Allemagne, on manifeste beaucoup en faveur de la tolérance


(RV) Entretien - Le mouvement anti-islam Pegida reste très actif en Allemagne, où plus de 25 000 manifestants se sont rassemblés lundi, à Dresde. Mais c’est particulièrement dans l’Est du pays que les manifestations anti-islam perdurent. Et les contre-manifestations s'organisent : lundi, plus de 100 000 personnes ont défilé en Allemagne pour prôner la tolérance.

Selon le Père Bernd-Michael Fasel, curé d’une paroisse à Cologne, dans l’ouest de l’Allemagne, il est nécessaire de remettre ces manifestations dans un contexte historique.

Des propos recueillis par Fanny Cheyrou

On a été très surpris par ce mouvement « Pegida. » Ca a commencé ex nihilo. Avant, il n’y avait rien et tout d’un coup, il y a des milliers de personnes qui se sont regroupées. Le problème, c’est surtout un arrière-fond de diffamation générale d’une religion contre l’Islam. C’est uniquement un mouvement contre des étrangers. Une manifestation était prévue à Cologne la semaine dernière. On a éteint les lumières de la cathédrale de Cologne pour donner le signal que l’Église ne veut pas donner un « arrière-fond illuminé » à un mouvement contre une autre religion, à un mouvement qui diffame d’autres personnes.

 Est-ce que vous pensez que l’Église catholique et protestante dans son ensemble a une responsabilité dans le message à transmettre aujourd’hui ?

 On n’a pas encore fait un texte ensemble pour toute l’Allemagne. Mais dans la ville de Cologne, par exemple, les juifs, les catholiques, les protestants ont signé un document contre « Pegida » pour une cohabitation en paix avec des hommes de différentes nations et de différentes religions. J’ai lu dans le journal que les représentants musulmans ont écrit un manifeste. Je ne sais pas s’il y a quelque chose entre les juifs, les musulmans et les chrétiens.

Pour le moment, « Pegida » prospère surtout en ex-RDA. Est-ce que le problème qui se pose aujourd’hui en Allemagne révèle quelque chose sur la cicatrisation du pays ?

Oui, certainement. Et c’est quelque chose qui a pu naître, justement dans ce contexte, dans l’est de l’Allemagne qui n’est pas aussi fort à l’ouest dans l’ancienne RDA. Il y a très peu de travail et il y a beaucoup de chômage. Ce sont des régions rurales, dépeuplées et même dans les villes, il n’y a pas assez de travail pour tout le monde. Et du coup, il y a un ressentiment contre les autres. Dans l’ancienne RDA, ils ont vécu pendant plus de 50 ans sous des régimes totalitaires. C’était d’abord les nazis, ensuite les communistes et les gens n’ont jamais connu de vraie liberté. Depuis 25 ans, il y a la liberté mais pour beaucoup, c’est une liberté sans travail !

On pourrait souhaiter que notre chancelière, Angela Merkel, qui est originaire de l’est puisse avoir une sensibilité pour ses compatriotes de l’est. Du coup, on pourrait s’imaginer qu’elle trouve des mots et aussi des actions pour mieux régler ce problème mais il semble qu’elle n’a pas de solution. L’ancien président de la République, Wulff a dit « l’Islam fait partie de notre République » et Angela Merkel a repris ses mots ces derniers jours : «  L’Islam est une partie de l’Allemagne et on ne peut pas revenir en arrière ». 








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