(RV) La Centrafrique regarde cette nouvelle année avec espoir. C’est en effet en 2015 que doit s’achever la période de transition politique dans le pays avec l’organisation d’élections d’ici le mois d’août. Mais, même si le niveau de violence a baissé, les affrontements sporadiques se poursuivent entre hommes armés de l’ex-rébellion Seleka et milices chrétiennes anti-balaka. La situation humanitaire surtout est toujours très fragile, dans certaines zones où les civils qui ont fui la violence vivent encore dans le plus grand dénuement et la peur des représailles.
Ces derniers jours, la Caritas locale, avec à sa tête Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui, a organisé une mission de soutien aux habitants du village Gbangou, dans le centre du pays. Un village dont les maisons ont été incendiées le 21 septembre dernier par Andilo, un chef des anti-Balaka. Depuis, les habitants vivent dans la brousse, dans des conditions effroyables. La délégation est venue apporter des vivres et des médicaments, mais surtout une présence et un soutien spirituel et moral auprès de ces villageois. La tension est toujours grande encore dans la zone : le cortège de la Caritas a été menacé de mort par un groupe des anti-Balaka. Interrogé par la radio locale Ndeke Luka, Mgr Nzapalainga est revenu sur cette visite auprès des plus démunis :
« J’ai fait ce geste parce que j’ai en face de moi des êtres humains qui sont réduits à l’état d’animal a expliqué l’archevêque de Bangui, ému par la rencontre. J’ai été outré, j’ai été indigné en les voyant dans la brousse depuis plus de deux mois et je ne voulais pas rester indifférent et donc, j’avais fait des annonces sur les ondes en attirant l’attention du gouvernement et de la communauté internationale. Mais j’ai comme l'impression que ces appels sont restés vains. Cette population mourait à petit feu alors j’ai décidé de prendre mon bâton de pèlerin pour venir à la rencontre de mes frères et sœurs pour venir redonner la dignité à ces personnes. » a-t-il aussi précisé.
Désamorcer la violence
Face aux intimidations lancées par un jeune membre des anti-Balaka, l’archevêque de Bangui a gardé son calme, tout en expliquant que malgré les dangers, il venait en pasteur « prêt à mourir pour ses brebis ». Il a rappelé combien, voyant les dérives d’une certaine jeunesse africaine dans ce jeune homme, il était nécessaire d’instruire et d’éduquer. Il n'y a plus d'école à Gbangou depuis 2012. « On est en train de sacrifier une génération » s'indigne le prélat.
« Chacun fait sa loi quand on est seigneur de la guerre, a dénoncé Mgr Nzapalainga, on a le droit de vie et de mort sur les gens ». Pour l’archevêque, il est nécessaire de dénoncer toute violence et surtout l’indifférence dans laquelle sont laissées des populations entières de Centrafrique. « C’est en parlant haut et fort que l’on pourra rétablir l’ordre et redonner la liberté aux gens » a-t-il conclu.
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