Mourir dans la rue, ce n'est pas seulement en période de froid l'hiver

(RV) Les décès de personnes sans domicile lors des épisodes de grand froid suscitent une grande émotion collective, notamment en France. Mais ces décès tragiques ne doivent pas masquer la réalité dramatique et quotidienne des personnes qui perdent leur domicile, tout au long de l’année. L’INSEE affirme que le phénomène des personnes SDF en France a augmenté de 44% au cours de la décennie écoulée.

Les plans « grand froid » déclenchés dans certains départements seulement lorsque les températures sont négatives ne permettent pas de résoudre ces problèmes de fond.

Cécile Rocca, coordinatrice du Collectif des morts de la rue, est très en colère contre l’inefficacité de ces politiques publiques.

Des propos recueillis par Cyprien Viet.

Texte de l'entretien:

On est dans quelque chose qui se répète toutes les années qui nous met en colère, c’est-à-dire que chaque année, on fait comme si c’était le froid l’évènement dramatique et non pas le fait que des personnes vivent à la rue. Ouvrir des centres d’hébergement va faire que des personnes qui ont un petit réseau dans les quartiers, qui ont un coin où ils ont quelques repères vont se déplacer, abandonner une partie de leurs affaires pour la période de grand froid et retourner à la rue après, sans qu’aucune solution durable ne soit prise. C’est une réponse d’Etat. Chaque année, on découvre qu’il fait froid en hiver, comme si c’était une grande nouveauté. Chaque année, on ouvre des gymnases, chaque année, on dit que les quelques morts de froid, c’est de leur faute car ils n’avaient pas appelé les secours avant, qui n’ont pas voulu de ce qu’on leur donnait. Chaque année, on va reposer la question : est-ce qu’on ne pourrait pas les amener de force ? Sans se rendre compte que la réalité, c’est qu’il y a de plus en plus de gens en situation de rue, que les gens meurent toute l’année et que le drame, ce n’est pas le froid. Cela a un côté ridicule. Ca donne vraiment l’image des gens qui sont dans la tempête, leur donner un radeau pour le temps de la tempête et le leur retirer et les laisser se noyer après.