2014-12-31 19:20:00

Lors des Vêpres, le Pape fustige la corruption qui gangrène Rome


(RV) Ce mercredi 31 décembre en début de soirée, le Pape François a présidé dans la basilique Saint-Pierre les premières Vêpres de la Solennité de Marie Mère de Dieu. Conformément à la tradition, la liturgie a été suivie de l’exposition du Saint Sacrement, du Te Deum d’action de grâce de fin d’année et de la bénédiction eucharistique. Dans son homélie de fin d’année, en 2013, le Souverain Pontife s’était adressé aux consciences : la fin de l’année est l’occasion de faire des bilans, de se demander combien de temps nous avons réservé à Dieu et combien à nos égoïsmes. Il avait également interpellé les responsables de la ville de Rome, en leur demandant ce qu’ils avaient fait pour améliorer la qualité de la vie. Le Pape François avait par ailleurs rappelé que la conception chrétienne du temps est linéaire et que, par conséquent, chaque année qui s’écoule nous rapproche de Dieu et de notre dernière heure. 

Comme l’an passé, le Pape a interpellé directement les Romains dans leur ensemble et les responsables politiques en particulier après le scandale de corruption qui a émergé ces dernières semaines. Les précisions de Xavier Sartre

Le Pape n’a pas mâché ses mots : en tant qu’évêque de Rome, il a interpellé directement les Romains pour les interroger sur leur manière d’être chrétiens dans la Ville Eternelle, leur rappelant leurs responsabilités, « faisant partie de l’Eglise fondée sur le témoignage et sur le martyr des saints apôtres Pierre et Paul. » Il a ainsi évoqué ce qui a défrayé la chronique ces dernières semaines dans la capitale italienne : un vaste système de corruption allant jusqu’aux portes du bureau du maire et révélant que la ville a été mise en coupe réglée par la criminalité. Ces affaires montrent à quel point est nécessaire « une conversion consciente et sérieuse des cœurs pour une renaissance spirituelle et morale, tout comme un engagement renouvelé pour construire une cité plus juste et solidaire, où les pauvres, les faibles, les marginaux sont au centre de nos préoccupations et de nos actes quotidiens ».

Le Pape François en a profité pour revenir sur le sort que la ville et ses habitants réservent à ses pauvres, invitant chacun à « avoir le courage de proclamer, dans notre Cité, qu’il faut défendre les pauvres et non se défendre des pauvres, qu’il faut servir les faibles et non se servir des faibles ».

« Quand, dans une ville, les pauvres et les faibles sont soignés, secourus et aidés à se promouvoir dans la société, ils se révèlent être le trésor de l’Eglise et un trésor dans la société. En revanche, quand une société ignore les pauvres, quand elle les persécute, les criminalise, les contraint à devenir mafieux, cette société s’appauvrit jusqu’à la misère, elle perd la liberté et préfère l’ail et les oignons de l’esclavage, de l’esclavage de son égoïsme, de l’esclavage de sa pusillanimité et cette société-là cesse d’être chrétienne. »

Le Pape a donc pointé du doigt les maux dont souffre Rome. Mais son message va bien au-delà de la capitale italienne pour s’étendre à toutes les sociétés. De même qu’au début de son homélie, il a exhorté tous les fidèles à faire un examen de conscience pour savoir s’ils avaient clairement choisi d’être vraiment libres et non esclaves. « Vivons-nous selon la logique mondaine, corrompue, faisant ce que le diable nous fait croire être notre intérêt ? »

« La liberté nous fait peur parce qu’elle nous met devant les yeux le temps et nous met devant notre responsabilité de le vivre bien. En revanche, l’esclavage réduit le temps à l’instant et nous nous sentons ainsi plus sûrs. » Il a donc invité à ne pas céder à ce mirage pour ne pas arrêter de « rêver, de voler et d’espérer ».

Après le Te Deum, le Pape François a pris un bain de foule place Saint-Pierre, saluant les personnes venues pour visiter la crèche inspirée de l’Opéra italien. Décorée d’une vingtaine de santons de taille humaine en terre cuite, elle est installée près d’un sapin de Calabre de 25 mètres de haut. Pour le Saint-Père, la crèche et l’arbre touchent le cœur de tous, y compris de ceux qui ne croient pas, parce qu’ils parlent de fraternité, d’intimité et d’amitié.








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