2014-12-30 19:07:00

L'année noire de Gaza, entre destruction et non reconstruction


(RV) Entretien – Les Palestiniens laissent éclater leurs divisions. Le Hamas a critiqué une nouvelle fois le gouvernement palestinien. Pour le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza, le gouvernement n'a pas tenu ses engagements pour la reconstruction de la bande de Gaza, dévastée cet été par les bombardements israéliens. Ces critiques ont été formulées par l’ancien Premier ministre du Hamas Ismaïl Haniyeh après l'arrivée lundi soir d'une délégation ministérielle à Gaza. Huit ministres ainsi qu’une quarantaine de fonctionnaires sont présents pour faire le point sur la reconstruction dans le territoire.

Cette année 2014 a donc été particulièrement sombre avec cette guerre en juillet et août. Plus de 2100 Palestiniens ont été tués lors de l’opération israélienne « bordure protectrice », sans compter les destructions matérielles qui ont mis encore plus à genoux un territoire exsangue à cause du blocus que lui impose l’état hébreu. Le père Mario Da Silva, de l’institut du Verbe Incarné, vicaire de la paroisse catholique de Gaza, en poste depuis deux ans et demi, revient avec Xavier Sartre sur cette nouvelle épreuve et ses conséquences pour les Gazaouis

Le fait le plus important, cette année, c’est certainement la guerre qui a été vraiment la pire de toutes. Elle a détruit des quartiers entiers. Aujourd’hui il y a tant de personnes qui vivent au milieu des décombres ou dans les écoles ou dans les maisons de proches et d’amis, mais il y a aussi tant de personnes qui sont sans toit et maintenant que l’hiver arrive, c’est pire parce que toutes ces personnes qui ont perdu leur maison souffrent en plus du froid.

Autre conséquence de cette guerre, on voit qu’il y a de très nombreuses personnes qui sont en train de quitter Gaza ou qui veulent au moins partir dès qu’ils en auront l’opportunité. Et chose encore plus triste, les chrétiens, la majorité d’entre eux, veulent tout quitter parce que la situation à Gaza est très difficile, et ceux qui peuvent, malheureusement, s’en vont. La communauté catholique, qui était déjà très petite avant la guerre, 136 personnes, diminue jour après jour.

Est-ce que vous savez où vont les chrétiens et les autres personnes qui s’échappent de Gaza ?

Alors eux, ils cherchent à aller n’importe où. Par exemple ils savent que moi je suis brésilien, alors ils me demandent un peu d’aide pour s’adresser à l’ambassade du Brésil afin d’obtenir des permis de sortie. D’autres veulent aller en Amérique, ou d’autres encore veulent aller tout simplement en Cisjordanie pour avoir un peu plus de liberté, y compris de liberté religieuse, et la liberté politique d’aller là où ils veulent.

Comment voyez-vous la reconstruction de Gaza? Avez-vous un espoir pour les prochains mois ?

La reconstruction est encore quelque-chose de très difficile. Ils ne se mettent pas d’accord: qui reçoit l’argent et qui doit reconstruire et les familles qui attendent cela ne savent pas quoi faire. Il y avait un projet de l’ONU, du PNUD, de louer des maisons à ceux qui n’avaient plus de toit, au moins pour l’hiver, à cause du froid. Mais même ça, on n’a pas pu le faire parce que l’argent n’est pas arrivé. Et donc on ne peut rien faire.

Ce qui est fait jusqu’à maintenant, et ce sont les gens qui le font, c’est de chercher à nettoyer tous les décombres parce qu’en vendant ces décombres, ils peuvent gagner quelques sous en vendant notamment la ferraille. Et donc le seul travail de reconstruction que l’on voit maintenant c’est seulement celui de nettoyer ce qui a été détruit.

Est ce qu’il y a un espoir parmi les Palestiniens et surtout parmi les chrétiens et catholiques évidemment, d’un engagement plus grand du Pape dans ce dossier ?

Les chrétiens, mais aussi les musulmans, sont très contents de tout ce que le Pape a fait pour les aider, pour les efforts qu’il a faits pour essayer de réconcilier ces deux peuples. Les Gazaouis sont vraiment très contents et particulièrement les chrétiens parce qu’ils ont su que le Pape, en personne, lorsqu’il y avait encore la guerre, a appelé le curé de Gaza depuis le Vatican pour l’encourager et pour savoir ce qu’il se passait ici, et pour chercher à aider. Il a même envoyé une aide matérielle ceux qui en avaient besoin. C’est pourquoi il y a une grande espérance et les Gazaouis sont vraiment contents de l’aide que le Pape continue de nous donner.








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