2014-12-04 16:01:00

En Amazonie, plus de la moitié des réserves de carbone sont menacées


(RV) Entretien - Lors de l’ouverture du sommet des Nations unies sur le climat qui se tient à Lima, au Pérou, jusqu’au 12 décembre, un rapport a été publié par des scientifiques d’organisations indigènes du bassin amazonien. Ils font état d’une déforestation massive alarmante sur les territoires autochtones et les zones naturelles protégées du Brésil. Plus de la moitié des réserves de carbone de l'Amazonie, sont menacées et nécessitent d'être mieux protégées car elles aident à stabiliser le climat mondial.

Tristan Lecomte est le fondateur du collectif Pur Projet qui accompagne les grandes entreprises, notamment en Amazonie, dans l'intégration de la problématique du climat en passant par un modèle agroforestier.

Des propos recueillis par Fanny Cheyrou.

La déforestation continue d’être extrêmement importante, en particulier en raison des pratiques agricoles. Au niveau mondial, 60% de la déforestation est directement liée à notre consommation de produits carniers : de viande, par exemple de poulet ou de bœuf. Et donc, le Brésil étant un des principaux fournisseurs de produits destinés à l’alimentation animale, on assiste à un taux de déforestation qui continue d’être très important et on ne voit pas vraiment comment est-ce qu’on va réussir à sortir de ce cycle.

Cela met en doute l’efficacité des politiques actuelles en matière de prévention et de contrôle de la déforestation ? Quels sont donc les enjeux pour un pays comme le Brésil face à cette destruction massive des sols ?

Il y a une demande tellement forte que les politiques vont à mon avis avoir du mal à contenir cette évolution. Une imposition politique pure et simple n’est pas en mesure de contrer la demande qu’il y a sur les marchés internationaux. Il y a aussi des lobbys très importants qui font que le politique ne peut pas prendre une mesure unilatérale pour imposer l’arrêt de la déforestation. La première étape, c’est les consommateurs. Il faut qu’on prenne tous conscience qu’en particulier notre consommation de viande n’est pas compatible avec la préservation des écosystèmes. Et ensuite, pour les entreprises, il y a des pratiques agro-écologiques qui permettent de combiner harmonieusement le développement agricole et la préservation de l’environnement. Par exemple, l’agroforesterie. La bonne nouvelle, c’est qu’un grand nombre de grandes entreprises ont pris conscience de la nécessité de changer de modèle agricole, de passer d’un modèle agricole intensif, mono-culturel  à un modèle agro-écologique, agro-forestier qui réintroduit l’arbre au cœur des systèmes agricoles. C’est ce qu’on fait par exemple pour Nestlé ou Nespresso où maintenant, on plante des milliers d’arbres. Nespresso s’est engagé à planter dix millions d’arbres avec nous sur les cinq prochaines années au sein des champs de café, avec les producteurs qui leur fournissent le café afin de régénérer l’écosystème d’où vient le café. C’est un exemple très concret. Je pense que le politique joue un rôle intéressant pour faire connaitre les pratiques, les valoriser et donner un cadre légal qui encourage tout le monde à s’engager. C’est vraiment un enjeu fondamental et pas uniquement pour les brésiliens mais pour l’ensemble des habitants de la planète.  








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