Derniers préparatifs pour les chrétiens de Turquie

(RV) Alors que le Pape François est attendu en Turquie ce vendredi, sur place, on se consacre aux derniers préparatifs. L’unité des chrétiens sera au cœur de ce sixième voyage apostolique du pape, tandis que les autorités turques attendent un discours de paix, au moment où la guerre est aux frontières, en Irak et en Syrie. Quant aux fidèles chrétiens, dont la présence s’est réduite comme une peau de chagrin (passant en un siècle de 20 % à moins de 0,5% de la population aujourd’hui), ils sont déçus de ne pas voir un peu plus François, mais restent tout de même excités à l’idée de la messe samedi à Istanbul en la cathédrale du Saint Esprit.

Les impressions de Romilda Ferrauto 

 

Dans le bâtiment qui abrite les bureaux de l’Eglise assyro-chaldéenne à Istanbul, à deux pas de la célèbre place Taksim, l’excitation est palpable. On se prépare à la dernière répétition de la chorale qui chantera en araméen, la langue du Christ, pendant la messe du Pape samedi. Cette communauté catholique orientale ne compte plus qu’un millier de membres aujourd’hui en Turquie. Mais elle a créé une Fondation humanitaire pour venir en aide aux quelque 40 000 réfugiés chrétiens d’Irak, eux-aussi en majorité chaldéens. Ces derniers seront nombreux à pouvoir approcher le Saint-Père, car leurs coreligionnaires de Turquie leur ont généreusement cédé leur place à la messe.

Si la portée de ce voyage est avant tout œcuménique, nombreux sont ceux qui l’attendent avec impatience. Les catholiques latins, en mal de reconnaissance juridique, qui reprochent ouvertement à leurs responsables leur profil bas, leur manque d’audace. Les autorités politiques, qui comptent sur les appels prophétiques du Pape en faveur de la paix, dans une région en plein marasme où risquent de sombrer les rêves d’une grandeur néo-ottomane. Les artisans du dialogue et de la rencontre avec l’Islam, qui misent sur l’aura du Pape François pour inverser une tendance inquiétante. Avec ses contradictions et ses ambiguïtés, avec son histoire complexe et ses tabous, avec ses femmes voilées et ses commerces à l’occidentale, tiraillé entre démocratie et tradition, le géant turc cristallise les tourments d’une région qui fut le berceau du christianisme et pour laquelle beaucoup aujourd’hui craignent le pire.