2014-11-27 19:55:00

Mgr Nzapalainga visite un camp de réfugiés de la Séléka à Bangui


(RV) Depuis un an, en Centrafrique, 847 anciens soldats de la Séléka, vivent retranchés dans un ancien camp militaire. Ce sont tous des jeunes âgés de 15 à 25 ans. Leurs familles, menacées par la population, les ont rejoints. Après le désarmement général qui a conduit à leur confinement dans le camp Béal, situé au nord de la capitale Bangui, ces ex-membres de la Séléka attendent depuis onze mois leur réintégration dans l’armée centrafricaine.

Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui, leur a rendu visite le 24 novembre. Il a pu constater par lui-même les conditions déplorables dans lesquelles ils vivent et l’absence d’hygiène évident dont ils pâtissent. Lançant un nouvel appel pour la réconciliation, il était accompagné par des volontaires de Caritas et de l’Association San Vincenzo de’Paoli. Vivres et médicaments ont ainsi pu être distribués.

Christian Libangué faisait partie de la délégation. Le responsable du programme Caritas Centrafrique raconte à Jean-Baptiste Cocagne ce qu’il a vu sur place

On leur a d’abord apporté un soutien moral et on leur a apporté des habits, du savon, de la nourriture pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins. On a vu les jeunes avec leur famille parce que leurs enfants ou leurs femmes sont menacées dans le quartier où ils habitaient et leur famille est obligée de les rejoindre. Ils sont donc avec leurs enfants, leurs femmes. Ils sont abandonnés à eux-mêmes parce que d’après eux, on leur donne deux boîtes de sardines par semaine et ils sont obligés de se battre pour pouvoir survivre. C’est sale parce que le camp a été saccagé. Ce sont des jeunes qui sont obligés d’arracher les plafonds des maisons pour pouvoir se servir de nattes pour dormir et il y en a même qui dorment à même le sol. Ca fait pitié !

Du coup, ils sont retranchés. Vous dites qu’ils sont menacés. Pourquoi ?

Le problème, c’est que quand on commençait à les désarmer, il fallait les cantonner. Donc, on a trouvé qu’il était mieux de les amener au camp Béal pour pouvoir les protéger en attendant que la situation se normalise pour qu’on puisse les réintégrer ou les réorienter. Ils ne peuvent pas sortir au-delà de 200 mètres du camp Béal. Dès qu’ils sortent, ils sont automatiquement tués et donc, ils ne peuvent pas sortir. On a envisagé qu’ils rentrent chez eux. Mais ils ne veulent pas parce qu’en les faisant évacuer de chez eux, on leur a proposé une somme de dix mille francs, à peu près 18 euros, une chose qu’ils trouvent inadmissible parce qu’ils ont déjà des familles. Ils n’acceptent pas 10.000 francs. Ils nous ont dit clairement que nos chefs sont en train de se servir d’eux pour s’enrichir. Ce sont des généraux qui les dirigeaient. Quand on donne des subventions ou des dons ou des vivres, ils leur donnent seulement une miette et ils empochent le reste.

Quel est le message que ces anciens combattants de la Séléka ont souhaité vous faire passer ?

Ils ont avoué à l’archevêque qu’ils attendent vraiment beaucoup de choses de lui. Ils souhaitent qu’il serve de pont entre eux et le gouvernement parce que d’après eux, le gouvernement les a marginalisés et ils ne sont pas vraiment dans l’agenda du gouvernement. Donc, ils souhaitent qu’il fasse un plaidoyer auprès du gouvernement pour qu’on puisse tourner les yeux vers eux pour savoir que quelque part, il y a des gens qui sont là et qu’on doit s’occuper d’eux.

Concernant la suite, est-ce qu’il y a déjà quelque chose de prévu ?

L’archevêque a promis de revenir parce qu’il est en train de faire le tour de tous les camps pour recueillir les points de vue de ces différents jeunes et maintenant remonter l’information, soit au niveau de la Communauté Internationale, soit au niveau du gouvernement pour pouvoir décider. Il compte aller voir le chef Balaka et aussi visiter d’autres camps, par exemple le camp RDOT situé à 10km du centre-ville pour pouvoir en tout cas essayer de faire la réconciliation entre ces deux groupes Séléka  et anti-Balaka. Mais nous, en tant que Caritas, on restera toujours parce qu’on va créer une école, au sein de ce camp, pour les enfants. On a identifié 250 enfants avec un âge compris entre 0 et 7 ans qui sont presque abandonnés à eux-mêmes. 








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