Le Pape: « Dépassons nos peurs, pour une pastorale audacieuse »

(RV) Ne nous laissons pas « paralyser par les peurs », mais ayons le courage de mener « une pastorale évangélisatrice audacieuse et sans craintes ». C’est l’invitation lancée par le Pape François, qui recevait en audience ce jeudi matin, dans la Salle du Consistoire au Palais Apostolique, les participants au Congrès International de la Pastorale des Grandes Villes. « Dans ma réflexions avec vous, a déclaré le Pape François, je désire vous aider à dépasser les éventuelles peurs que souvent tous, d’une manière ou d’une autre, ressentons, des peurs qui nous ahurissent et nous paralysent ».

D’où l’exhortation du Pape : « Nous ne pouvons rester désorientés, parce qu’en restant ainsi déconcertés nous faisons fausse route, mais surtout on porte le peuple de Dieu à la confusion et ceux qui cherchent d’un cœur sincère la Vie, la Vérité et le Sens. Nous sommes issus d’une pratique pastorale séculaire, dans laquelle l’Eglise était l’unique point de référence de la culture. Elle a ainsi ressenti la responsabilité de délimiter et imposer, non seulement le formes culturelles, mais aussi les valeurs, et plus profondément de tracer l’imaginaire privé et collectif, autant dire les histoires, les repères sur lesquels les personnes s’appuient pour trouver la signification et les réponses à leurs questionnements existentiels. »

«Mais nous ne sommes plus à cette époque. Nous ne sommes pas dans la chrétienté, a renchéri le Pape. Aujourd’hui, nous ne sommes plus les seuls à produire de la culture, ni même les premiers, encore moins les plus écoutés. Nous avons donc besoin de changer notre mentalité pastorale, sans pour cela se diriger vers une pastorale relativiste, qui pour être présente dans la ‘cuisine culturelle’ perd l’horizon évangélique, en laissant l’homme abandonné à lui-même, et émancipé de la main de Dieu. On ne pourrait dans ce cas parler de pastorale ! Celui qui agit de la sorte n’a pas de véritable intérêt pour l’homme, mais le laisse exposé à deux dangers aussi graves l’un que l’autre : il lui cache Jésus et la vérité sur l’homme lui-même ».

«Il faut avoir le courage de mener une pastorale évangélisatrice audacieuse et sans craintes, parce que l’homme, la femme, les familles et les différentes communautés qui habitent la ville attendent de nous, et ont besoin pour leur vie, de la bonne nouvelle qu’est Jésus et son Evangile. Si souvent j’entends dire que les gens éprouvent de la honte à s’exposer. Nous devons travailler pour ne pas éprouver de la honte ou de la réticence à annoncer Jésus-Christ ».

« L'identité chrétienne ne peut se négocier, il faut dialoguer avec la multi culturalité, en donnant la parole aux « villes invisibles ». « Nous avons besoin d’une attitude contemplative, qui sans refuser l’apport des différentes sciences pour comprendre le phénomène urbain, -ces apports sont importants-, cherche à découvrir le fondement des cultures, qui au plus profond d’elles-mêmes sont toujours ouvertes et assoiffées de Dieu. » « Cela nous aidera beaucoup de connaître les imaginaires et les villes invisibles, càd les groupes et les territoires humaines qui s’identifient dans leurs symboles, langages, rites et formes pour raconter la vie ». « Dieu habite dans la ville, a encore déclaré le Pape, il suffit d’aller le chercher et de s’arrêter là où il est en train d’opérer. Dieu continue à nous parler aujourd’hui, comme il l’a toujours fait, au travers des pauvres. En général, les grandes ville aujourd’hui sont habitées par de nombreux migrants et de nombreux pauvres, qui proviennent des zones rurales, ou d’autres continents, avec leurs cultures propres. Ce sont des pèlerins de la vie, à la recherche de ‘salut’, a ajouté le Pape, qui souvent ont la force d’aller de l’avant et de lutter grâce à un sens ultime qu’ils ont acquis d’une expérience simple et profonde de foi en Dieu ».

Le défi est double. « Etre accueillants envers les pauvres et les migrants, -la ville normalement ne l’est pas-, et valoriser leur foi. Il est probable aussi que cette foi soit mélangée à des éléments d’une pensée magique et immanente, mais nous devons la reconnaître, l’interpréter et certainement l’évangéliser. Mais je suis convaincu que dans la foi de ces hommes et de ces femmes existe un potentiel énorme pour l’évangélisation des zones urbaines ».