2014-11-04 14:25:00

Les chrétiens de Syrie ne sont pas seuls


(RV) Les chrétiens de Syrie ne sont pas seuls: c’est ce qu’affirme Mgr Giampietro Dal Toso, Secrétaire du Conseil Pontifical Cor Unum, qui est à peine rentré de Damas où il a pris part à la réunion de l’assemblée des évêques catholiques de Syrie. Alors que sur le terrain, à la frontière avec la Turquie, l’avancée du prétendu État islamique à Kobane est contrastée par des milices kurdes, soutenues par les peshmergas irakiens et que les affrontements entre le front diversifié de rebelles insurgés et celui des forces partisanes du régime se prolongent dans le reste de la Syrie, le travail silencieux de nombreuses institutions- catholiques et autres- se poursuit. Elles sont en première ligne dans les activités d’assistance humanitaire du pays, bouleversé par plus de trois années de conflit. Interrogé par notre collègue Giada Aquilino, Mgr Dal Toso, secrétaire du Conseil Pontifical Cor Unum nous en parle :

Durant ma permanence à Damas, j’ai vu une normalité apparente. Il est clair que sous celle-ci se cachent les conséquences tragiques du conflit, c’est-à-dire les bombes, les armes, les attentats mais nous devons voir aussi que le revers concret de cette guerre combattue par les armes est une situation toujours plus dévastatrice pour la population du pays. Certains chiffres nous aident à la comprendre : presque la moitié des syriens- c’est-à-dire 10 millions de syriens- vit hors de leurs maisons ; dans cette incertitude sociale, il n’y a plus de travail et par conséquent, tout le mécanisme de cohabitation sociale s’est bloqué et il y a des difficultés d’accès aux médicaments. Il est impressionnant de voir que la guerre a des revers concrets dans la vie de nombreuses personnes. Ces conséquences sont dramatiques et nous ne pouvons les oublier.

Avez-vous pu constater un appauvrissement général de la population ? Mgr. Audo, Président de la Caritas Syrie, a tiré la sonnette d’alarme à propos d’un appauvrissement de la population, non seulement chrétienne mais aussi de tous les habitants…

Oui, j’ai pu constater un appauvrissement général, surtout à travers les entretiens que j’ai tenu. On cherche à enrayer cette situation comme on peut, grâce aux organismes d’aide- qui jouent leur rôle - et également grâce à de nombreux autres organismes qui n’appartiennent pas à l’Église catholique. Par exemple, il y a un engagement fort des agences des Nations-Unies.

Comment œuvrent les organisations qui sont à la tête de l’Église locale mais aussi les autres organisations présentes sur le terrain ?

J’ai vu une vivacité considérable. Par tradition, au Moyen-Orient, les évêques sont aussi des pères. Ils ont donc été les premiers à qui ils se sont adressés pour demander de l’aide. Vendredi matin, j’ai tenu un entretien avec les religieux de Damas et j’ai vu que chacun, à sa manière et selon son charisme, selon ses possibilités, est en train de trouver des moyens pour aider les gens, qui dans le domaine sanitaire, qui dans le domaine éducatif, qui dans le domaine de l’assistance, qui simplement en écoutant. Nous avons un grand témoignage de la part du clerc et des religieux à propos de leur présence avec leurs fidèles : ils ne se sont pas enfuis, ils sont là. Et c’est une grande aide, surtout pour les chrétiens qui s’aperçoivent qu’ils ne sont pas abandonnés.

De nombreuses personnes sont obligées de quitter leurs maisons: c’est une urgence qui ne concerne malheureusement  pas seulement la Syrie et l’Irak, mais aussi la Jordanie, le Liban et la Turquie et les autres pays limitrophes….

R.- Le conflit s’est élargi d’un point de vue militaire et il est clair que, d’un point de vue humanitaire, il y a des conséquences et une influence réciproque entre ces urgences; en outre, il y a une rechute des pays voisins. Il y a un bon nombre de réfugiés, même en Turquie mais surtout en Jordanie et au Liban, qui sont des pays avec une population relativement contenue et qui se sont retrouvés à accueillir un flux de réfugiés de dimensions énormes, avec le risque d’une déstabilisation.

Avec la journée de mobilisation et de prière pour la Syrie en septembre 2013, le Pape n’a jamais arrêté de prier pour le Pays, pour sa population. Combien les appels et la proximité du Pape sont importants pour les chrétiens de Syrie ?

Je crois qu’ils sont fondamentaux et je l’ai expérimenté aussi ces jours-ci. Pour l’Église en Syrie, cette présence est essentielle et a été très bien accueilli et très bien ressentie : les chrétiens syriens sentent que l’Église universelle est proche, par l’aide, la prière et le témoignage et c’est un aspect fondamental pour les encourager, pour les animer, pour les renforcer, nonobstant les difficultés qu’ils sont en train de vivre. Je dois dire que notre action est orientée à soulager et renforcer la communauté chrétienne mais elle est aussi orientée à aider toute la population syrienne qui est en train de souffrir dans ce conflit. L’action du Saint-Siège, à différents niveaux, est destinée à tous ceux qui, indistinctement, souffrent des conséquences du conflit. C’est également pour cela que nous espérons que ce conflit puisse finir le plus tôt possible.

Un conflit qui n’implique pas seulement les groupes syriens mais qui va outre: on parle du prétendu État islamique…justement, quelle est l’espérance ?

Que la violence puisse cesser le plut tôt possible. Toutes ces souffrances et toutes ces nécessités humanitaires sont générées par une guerre qui doit finir et les différentes parties doivent s’engager à trouver une forme de dialogue pour réconcilier le pays.








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