2014-10-28 15:53:00

« Etre aux côtés des pauvres, c’est l’Evangile, pas le communisme »


(RV) Le Pape François a accueilli ce mardi au Vatican les participants à la Rencontre mondiale des Mouvements populaires organisée en ce début de semaine par le Conseil pontifical Justice et Paix, en collaboration avec l’Académie pontificale des Sciences Sociales. Paysans sans terre, vendeurs ambulants, mineurs, chômeurs, migrants, marginaux, locataires de bidonvilles, jeunes en situation de précarité, mais aussi évêques et agents de la pastorale étaient venus l’écouter et c’est un discours long et puissant que le Saint-Père leur a adressé, s’exprimant avec passion, en espagnol, sa langue maternelle, alternant l’espérance à la dénonciation.

Etre aux côtés des pauvres, c’est l’Evangile, ce n’est pas le communisme, a-t-il lancé. Pour l’évêque de Rome, il y a trois dossiers prioritaires : la terre, le logement et l’emploi. Il est d’autre part urgent de revitaliser les démocraties prises en otage par de nombreux facteurs, de vaincre la faim et la guerre et de garantir la dignité de tous les êtres humains, surtout des plus pauvres et des marginaux. Fidèle à lui-même et à son engagement de toujours, le Pape François a souligné que la solidarité était aujourd’hui confrontée aux effets destructeurs de l’empire de l’argent. Ce n’est pas en apprivoisant les pauvres et en les rendant passifs et inoffensifs qu’on luttera contre le scandale de la pauvreté, a-t-il tonné s’insurgeant contre des stratégies hypocrites.

« L'amour des pauvres est au cœur de l’Evangile »

Terre, toit et travail. Le Pape François s’est demandé pourquoi quand il évoque ces questions, certains le prennent pour un communiste. Ils ne comprennent pas que l’amour des pauvres est au cœur de l’Evangile, que ces droits sacrés sont au cœur de la doctrine sociale de l’Eglise. Et de faire la liste des injustices qui blessent le monde : les paysans déracinés à cause des guerres et des catastrophes naturelles ; les millions de personnes qui souffrent de la faim alors que la spéculation financière fixe le prix des denrées alimentaires, comme s’il s’agissait d’une marchandise parmi d’autres ; ceux qui n’ont pas de logement dans les villes immenses, modernes, fières et orgueilleuses, où fleurissent les centres commerciaux, mais où une partie de la population est abandonnée dans les périphéries.

Ces derniers, a-t-il noté avec amertume, on les désigne par un euphémisme « sans domicile fixe » ; or souvent, les euphémismes cachent des délits. Mais la pire des pauvretés matérielles c’est le manque de travail. Les millions de jeunes chômeurs sont les victimes d’un système économique qui place le profit au-dessus des personnes, qui exploite la nature pour soutenir une consommation frénétique, qui doit parfois déclencher une guerre pour survivre.

« Le monde a oublié Dieu » 

Que de souffrance, de destruction, de douleur partout. Le monde a oublié Dieu et s’est retrouvé orphelin. Le Pape François veut accompagner la lutte des mouvements populaires. Il faut, selon lui, construire des structures sociales qui proposent une alternative, promouvoir la culture de la rencontre contre les discriminations, favoriser la participation de toute la population, surmonter l’assistanat paternaliste. Il faut le faire avec courage, mais sans fanatisme, avec passion, mais sans violence. Les chrétiens peuvent s'appuyer sur le programme des béatitudes. Le Souverain pontife a confirmé qu’il préparait un Encyclique sur l’Ecologie. Les préoccupations des mouvements populaires y seront présentes, a-t-il assuré.

Et pour conclure cet appel : Qu’il n’y ait plus de familles sans toit, plus de paysans sans terre, plus de travailleurs sans droits, plus aucune personne privée de la dignité que confère le travail.

L’objectif de cette rencontre est de renforcer le réseau des organisations populaires, de favoriser la connaissance réciproque et de promouvoir la collaboration entre ces mouvements et les Eglises locales. Des évêques et des agents de la pastorale engagés dans la promotion et la protection des droits humains y participent. Dans un monde globalisé, marqué par de multiples discriminations et injustices, a expliqué le cardinal Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, les congressistes, veulent faire entendre la voix des sans-voix et donner de la visibilité à des millions d’exclus et de marginaux, en particulier les paysans, les jeunes, les immigrés et les femmes qui ont du mal à obtenir un travail digne, une terre ou un logement décent, et à toutes les victimes de l’indifférence et de l’égoïsme d’un système économique et social élitiste. Ils veulent construire une société plus juste et solidaire.








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