2014-10-06 17:08:00

Crise politique en Bulgarie après les élections législatives


(RV) Entretien - L’heure est aux tractations en Bulgarie. L’opposition de centre-droit de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov est arrivée en tête des élections législatives de ce dimanche. Son parti Gerb obtient environ 33 % des voix, mais il reste loin de la majorité absolue au parlement. Les socialistes ont eux recueilli près de 16% des voix et une quarantaine de sièges, talonnés par le parti de la minorité turque MDL.

Une coalition avec l'un ou l'autre de ces deux partis est a priori écartée, le Parti socialiste ayant annoncé qu'il resterait dans l'opposition et Boïko Borissov ayant annoncé qu'il refuserait de gouverner avec le MDl. Mais face à l’urgence les positions pourraient évoluer. Alors à quoi peut-on s’attendre ? Hélène Destombes a recueilli l’analyse d’Antony Todorov, professeur de sciences politiques à la nouvelle université bulgare de Sofia.

Dans cette situation de crise qui est généralisée en Europe, la Bulgarie a été fortement frappée, surtout que ces derniers temps, il y avait une crise particulière dans la sphère bancaire du pays. Le pays qui était financièrement assez stable pendant plusieurs années est maintenant ébranlé par cette crise bancaire que ni le gouvernement précédant ni le gouvernement actuel ad interim n’arrive à résoudre car il faut un parlement pour prendre des décisions sur un certain nombre de choses. Là, il y a des urgences et ces urgences signalent qu’il faut trouver une formule gouvernementale assez stable, assez légitime et assez acceptée par la population pour pouvoir gérer les urgences.

Les défis seront nombreux pour le nouveau gouvernement. Les réformes qui devaient être entreprises ne l’ont pas été, notamment au niveau de la santé et de l’éducation.

Le nouveau gouvernement, si on arrive à le former, sera devant la nécessité d’entreprendre également quelques réformes structurelles et stratégiques qui ne pourront pas s’accomplir en un seul mandat. Il faut en être conscient. Mais dans ce cas-là, l’attente est plutôt d’un gouvernement de consentement national qui arrivera à être soutenu par une majeure partie de la population et des acteurs politiques.

Sept ans après son entrée dans l’Union Européenne, la Bulgarie est toujours sous perfusion et sous contrôle de Bruxelles. C’est à la fois un soutien mais ça maintient aussi le pays dans une situation de grande dépendance.

On peut dire que cette situation  est un peu ambigüe parce que d’un côté, on voit bien des mobilisations nationalistes qui disent que la Bulgarie est dans une situation de protectorat par rapport à l’Union Européenne. Mais d’un autre côté, une grande partie de la population qui a une très faible confiance dans les institutions nationales pense que cette présence de l’Europe, ce contrôle de l’Europe est plutôt bénéfique pour la Bulgarie. Donc, c’est ambigu et en même temps, je pense et je suis même persuadé que la présence européenne dans les affaires intérieures  de la Bulgarie est plutôt bénéfique.

Vous évoquez  les affaires intérieures de la Bulgarie. Le principal problème de Sofia est un manque de confiance, la faiblesse de son état de droit, une augmentation de la corruption et du crime organisé ?

Disons que la corruption et la criminalité organisée, même si elles restent à un niveau alarmant, ne se sont pas beaucoup développées ces dernières années. Ces faiblesses sont structurelles. Ce sont surtout les faiblesses du système judiciaire et de l’état de droit qui restent insuffisamment efficaces. Ce qui fait que la confiance de la population vis-à-vis des institutions nationales mais aussi la confiance des acteurs internationaux et des investisseurs étrangers reste assez limitée et assez faible.

Ces problèmes structurels sont donc d’une importance majeure pour le pays et si un nouveau gouvernement veut entamer une réforme structurelle stratégique, il faut commencer par l’état de droit et le système judiciaire en premier lieu.








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