2014-09-24 13:45:00

Le virus Ebola déstabilise le gouvernement libérien


(RV) EntretienLors de son audience mercredi, le pape François a appelé la communauté internationale à agir pour « soulager les souffrances » des victimes du virus Ebola. L’épidémie a fait plus de 2 811 morts en Afrique de l'Ouest depuis le début de l’année, 5 864  personnes ont été contaminées. Et ces chiffres pourraient exploser : l’Organisation mondiale de la santé prévoit que 20 000 personnes pourraient être touchées par le virus d’ici novembre si les Etats n’engagent pas plus de moyens dans la lutte.

Ebola a aussi des conséquences politiques, notamment au Libéria, un des pays les plus touchés : son ministre de la Défense a affirmé que « l’existence » même du pays « était gravement menacée ». Il craint que l'épidémie replonge le pays dans la guerre civile. Pour Stephen Ellis, chercheur au centre d’études africaines à Leiden aux Pays-Bas, ces propos sont un peu exagérés, le Libéria ne va pas disparaître. Mais une aide de la communauté internationale est nécessaire pour rétablir la confiance des Libériens envers leur gouvernement. Il est au micro de Christelle Pire

L'épidémie a révélé que le Libéria est toujours en crise politique, onze ans après la fin des guerres civiles qui ont fait environ 250 000 morts. Les autorités n'ont pas les ressources nécessaires pour lutter contre le virus Ebola. La population n'a donc pas confiance en son gouvernement, selon le spécialiste. 

« C’est une dégradation de l’autorité morale et politique du gouvernement face à l’épidémie si grave qui menace actuellement le pays, explique Stephen Ellis, à l’extérieur de la capitale mais également à Monrovia elle-même. Le gouvernement n’a pas vraiment les services médicaux nécessaires pour combattre l’épidémie parce qu’il manque les moyens. Même avant la crise, on disait qu’il n’y avait que 45 médecins pour une population de plus de 4 millions d'habitants.

La population ne peut pas dépendre du gouvernement et dans ces circonstances-là, les communautés qui sont assez éloignées de l’État peuvent en conclure qu’elles ont été laissées pour compte. Ce qu’on peut voir, c’est une désagrégation de l’État libérien qui n’est pas fort et qui n’a jamais été très fort. Je suppose qu’aux prochaines élections présidentielles, une contestation plus politiquement organisée se déploiera. Ce n’est pas à exclure. »

 








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