2014-09-23 08:24:00

Sommet de l'ONU sur le climat : le changement, c'est maintenant ?


(RV) Entretien - Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon présidera ce mardi à New York un sommet sur le changement climatique. Une réunion exceptionnelle, prévue en dehors des procédures habituelles, afin de préparer la prochaine grande conférence qui aura lieu sur le climat à Paris en 2015.

Plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement pourraient annoncer des engagements pour la signature d’un accord contraignant. L'objectif est de limiter à deux degrés Celsius le réchauffement climatique. Pour encourager les dirigeants à cette prise rapide de décision, une marche mondiale a regroupé ce dimanche 670 000 personnes dans plus de 150 pays.

Mathieu Doray est coordinateur du programme Alternatiba à Nantes. Son association a participé à la Marche mondiale de ce dimanche. Il explique à Jean-Baptiste Cocagne les enjeux de cette rencontre à l’ONU.

 

On a des attentes par rapport à cette réunion parce qu’elle se situe hors du processus habituel de réunion de l’ONU. Normalement, tous les ans se déroule une réunion pour intervenir sur le problème climatique. Là, il y a quelque chose qui change car Ban Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU a décidé de réunir, de convoquer les chefs d’État pour une réunion supplémentaire pour faire en sorte que ce processus de négociation climatique avance. C’est donc porteur d’espoir parce qu’on a l’impression qu’au niveau de l’ONU, il y a une prise de conscience de la crise climatique qu’il faut absolument régler. Il y a aussi une volonté d’éviter le fiasco de la Conférence de Copenhague en 2009. C’est très positif et nous, on est très content que cette réunion ait lieu. Par contre, on reste très vigilant sur le compte-tenu des propositions qui vont être faites pour sauver le climat. Ce qui est avancé jusqu’à présent est assez inquiétant pour nous car ce sont de fausses solutions. Par exemple la géo-ingénierie ou des solutions basées uniquement sur des mécanismes de marché qui ont été mis en œuvre depuis Copenhague et qui ont montré qu’ils n’étaient pas du tout efficaces.

 

Est-ce que la mobilisation citoyenne est aujourd’hui l’unique façon de faire avancer le débat ?

On a vu comment le débat a été posé et s’est développé à Copenhague qui était présenté comme la Conférence de la dernière chance pour sauver le climat. Ca ne marche pas. Très clairement, si on laisse le débat aux mains des dirigeants et des grandes multinationales qui font un lobbying énorme, notamment les grandes multinationales du pétrole ou tout ce qui a trait aux hydrocarbures ou au nucléaire, on va dans le mur parce que tous ces gens-là n’ont vraiment aucun intérêt à ce que les choses se résolvent positivement. Je pense que les citoyens ont vraiment un énorme rôle à jouer. En gros, il nous reste dix ans pour régler la crise climatique. Est-ce qu’on pourra dire dans dix ans que l’on a agit ou est-ce qu’on reste les bras croisés à regarder les choses se dégrader ? Là, on arrive aux limites de ce système. Ce système économique se heurte aux limites physiques de la planète, c’est quelque chose qu’on ne peut pas dépasser. La physique s’imposera toujours aux théories économiques.

Mais est-ce que dans la mobilisation citoyenne, il y a une différence entre le nord et le sud ?

Paradoxalement, les pays du sud souffrent déjà des conséquences du dérèglement climatique. Ils sont les premiers à être sensible et les premiers mobilisés dans le mouvement citoyen qui s’amorce. Il y a des mouvements qui viennent de partout. À Copenhague, il y a eu des prises de position très fortes des pays du sud. Ils ont parlé d’holocauste climatique puisque très clairement chez eux, si les sécheresses augmentent et si le niveau de la mer augmente, cela aura des conséquences immédiates avec des déplacements de population, des mortalités, etc. Le sud est très mobilisé parce qu’ils sont encore plus dans l’urgence que nous. Et paradoxalement, c’est plutôt difficile de mobiliser les pays du nord. Et c’est là où il faut faire un gros effort parce que nous, on a des conditions  de vie qui sont encore très confortables. On est responsable de 80% des émissions de gaz à effet de serre historique. Donc, on est responsable du problème. Il faut avoir cette prise de conscience. Il faut se rendre compte que notre mode de vie n’est pas durable, d’autant plus que ce sont les modes de vie qu’on donne en exemple au pays du sud. Très clairement, si tous les pays du sud veulent se mettre à vivre comme nous, c’est rigoureusement impossible d’un point de vue physique. 

 








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