Les étudiants hongkongais dans la rue contre Pékin

(RV) Entretien - A Hong Kong, les étudiants sont dans la rue. Ils protestent contre la Chine, qui a décidé de limiter le suffrage universel. En août, Pékin a en effet annoncé que le futur chef de l’exécutif local sera bien élu au suffrage universel à partir de 2017, mais que les candidats seront choisis par un comité de nomination. Cette annonce a porté un coup d’arrêt au processus démocratique, alors que les Hongkongais pensaient avancer vers le pluralisme.

Alors depuis hier, les étudiants mènent la contestation. Près de 13 000 d’entre eux sèchent les cours, boycottent les universités. Et ce matin ils se sont rassemblés devant le siège du pouvoir. Ce mouvement étudiant est une surprise pour Antoine Kernen, enseignant à l’université de Lausanne, et qui pourrait bien forcer Pékin à faire marche arrière. Il est au micro de Christelle Pire

« On ne voyait pas venir cette contestation parmi les étudiants, explique le spécialiste. Jusqu’ici, ce ne sont pas eux qui ont porté les mouvements de contestation par rapport à Pékin mais les ONG et les syndicalistes. Maintenant, ça a été repris par les étudiants. Il faut comprendre que Hong Kong a beaucoup changé. Ce n’est plus véritablement un pays émergent. Les étudiants ont les mêmes aspirations qu’ailleurs dans le monde. Ces étudiants ne sont pas très militants en temps normal. Ce ne sont pas des échevelés qui distribuent des tracts tous les deux jours. Ce sont des étudiants bien sages, qui seuivent leurs études.

Cela donne aussi du courage aux autres. Je ne vois pas comment on va les arrêter. Ces étudiants n’ont rien à perdre. Je pense que ce mouvement commence et il est probable que d’autres groupes de la société vont s’y associer, et donc que ce mouvement continue. Je ne vois pas comment Pékin va pouvoir gérer ce mouvement sinon avec une certaine reculade. On peut bien sûr envoyer la police mais on ne va pas envoyer les tanks. »