2014-09-05 16:41:00

Inde : l'inquiétude des chrétiens face à l'extrémisme hindou


(RV) Entretien- En Inde, la minorité chrétienne est inquiète. Les extrémistes hindous ont mené plusieurs attaques contre eux : le principal d’une école catholique a été roué de coups et arrêté ; une église a été brièvement transformée de force en temple de Shiva, ou bien encore des pasteurs sont accusés de faire des conversions forcées.

Les chrétiens représentent seulement 2% de la population. Cela fait plusieurs années qu’ils sont la proie des violences des fondamentalistes hindous, notamment dans le nord de l’Inde. Mais la tension monte depuis l’écrasante victoire en mai dernier du BJP (Baratiya Janata Party), le parti nationaliste hindou, et la nomination de Narendra Modi comme Premier ministre. En août dernier, le cardinal Totthunkal, le président de la Conférence des évêques catholiques indiens, avait fait part de l'inquiétude des chrétiens à Modi.

Voici le témoignage du père Camille Cornu, supérieur pour les missions étrangères de Paris en Inde. Il est arrivé dans ce pays il y a près de cinquante ans. Après avoir officié dans plusieurs paroisses, il est aujourd’hui directeur spirituel au séminaire à Bangalore, dans le sud. Il est interrogé par Christelle Pire.

 

Depuis l’élection du nouveau gouvernement, qui est connu comme étant très hindou, on peut discerner dans les journaux et dans les paroles un peu d’anxiété et de peur pour l’avenir ; de l’avenir plutôt que pour le présent. C’est sûr qu’il y a une certaine anxiété, parce que ce premier ministre aura sans doute de la peine à faire oublier ce qu’il est, formé par l’extrême-droite hindoue. Qu’est-ce qui va nous arriver ? Le gouvernement a une majorité absolue. Il peut donc faire à peu près ce qu’il veut.

De quoi avez-vous peur ?

Une certaine peur, je pense, de ce qui pourrait arriver tout simplement. Les politiciens disent : « c’est l’Inde aux hindous ». C’est facile de créer des situations où l’Église serait très embarrassée avec les institutions. D’un coté, les institutions sont une force avec  toute la puissance de ces très grandes écoles, pour ne pas dire universités, comme le collège, etc. D’un autre côté, on a peur pour nos institutions. Qu’est-ce qui va nous arriver ? Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de peur de persécutions en Inde en ce moment. Mais enfin, c’est arrivé donc il n’y aucune raison de penser que ça n’arrivera pas. Surtout que lorsque des remarques pro-hindous ont été faites par l’un ou l’autre ministre ou politicien hindou, le premier ministre actuel n’a jamais réagit. C’est ce qui inquiète un peu.

Les chrétiens n’ont d’ailleurs pas droit aux quotas, à la discrimination positive qui aide par exemple les Dalits, les ex-intouchables à rentrer dans la fonction publique...

Depuis 1950, tous ces privilèges et facilités ont été accordés aux hindous, réservés aux hindous de basse classe et d’autres minorités sikhs, bouddhistes, etc. Les chrétiens et musulmans n’y ont pas droit.

Dernièrement, il y a eu plusieurs attaques contre des chrétiens. Est-ce que ce sont des choses courantes en Inde ?

Ça fait des années qu’il y a des attaques comme cela. Les plus connues étant en 2007, 2008 en Orissa contre des chrétiens. Ce n’est pas nouveau. C’est surtout dans les milieux tribaux. C’est là où il y a des chrétiens. Ca fait au moins dix ans qu’il y a des attaques ici et là contre des chrétiens. Je n’ignore pas non plus qu’il y en a pas mal contre les musulmans. Eux aussi sont une forte minorité tandis que les chrétiens ne sont que de microscopiques minorités en Inde. Ils n’ont aucun poids politique et ils n’ont par exemple aucun poids aux élections.

Et les chrétiens sont aussi accusés de convertir par la force les hindous au christianisme...

C’est un peu la maladie qui imagine prétendre que les chrétiens font de conversions forcées partout. Malgré toutes les lois, on a jamais découvert ou que ce soit une conversion forcée. D’ailleurs, je ne vois pas ce que ça veut dire. 








All the contents on this site are copyrighted ©.