2014-08-29 10:02:00

Cardinal Vegliò : sensibiliser le monde au sort des migrants


(RV) Le Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement apporte son soutien à un évêque empêché de célébrer une messe à la frontière entre le Mexique et le Guatemala en mémoire de migrants massacrés par des narcotrafiquants mexicains. Une lettre du dicastère a été rendue publique ce jeudi 28 août par son président. Le cardinal Antonio Maria Vegliò y encourage chaque chrétien et la communauté internationale dans son ensemble à prêter plus d’attention aux situations, souvent tragiques, des migrants dans le monde. Il demande plus de sensibilité et des mesures adéquates pour protéger les dignités de ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants.

20 000 migrants séquestrés 

Le 27 août dernier, le service mexicain des douanes et l’Institut national des migrations ont interdit à l’évêque de Tabasco, à Mgr Gerardo De Jesús Rojas López, de célébrer à la frontière entre le Mexique et le Guatemala une messe en mémoire des 72 migrants d’Amérique du sud et d’Amérique centrale qui ont été massacrés en 2010 par le cartel de la drogue mexicain des Zetas. « La Providence a voulu que la célébration commémorative se soit tenue en territoire guatémaltèque près du Vicariat apostolique de El Petén », affirme une lettre du Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Dans cette lettre publiée jeudi 28 août, le dicastère « exprime sa proximité spirituelle » et soutient cette initiative au « caractère profondément spirituel ».

Au nom du Saint-Siège, le cardinal Antonio Maria Vegliò relaie une nouvelle fois l’appel du Pape : il ne faut pas se résigner à la mondialisation de l’indifférence. Outre ce massacre de 2010, le prélat rappelle qu’entre 2009 et 2011, plus de 20 000 migrants ont été séquestrés dans le diocèse frontalier de Mgr Gerardo De Jesús Rojas López. « Sans compter tous ceux qui sont tombés dans les filets des trafiquants, et les milliers d’hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie ». Le prélat alerte également sur le renforcement de mesures visant à empêcher les migrants de monter à bord du train de marchandises surnommé « la Bête », obligeant ces personnes déracinées à emprunter des parcours alternatifs plus risqués pour rejoindre les Etats-Unis.

« Comment fermer les yeux ? »

Envoyée au diocèse de Tabasco, cette lettre fait mention des flux migratoires en direction de la frontière américaine, mais aussi d’autres situations de par le monde où des personnes, en raison de la misère ou de persécutions, sont contraintes à quitter leur patrie, à la recherche d’une vie plus digne. « Comment ne pas se souvenir des 20 000 migrants morts alors qu’ils cherchaient à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe ? De tous ceux qui fuient des pays d’Afrique ou d’Asie pour frapper à la porte de l’Australie ? Et ces dernières semaines, comment fermer les yeux sur les faits de violence et de tragédie qui frappent les minorités au Moyen-Orient, où les chrétiens en fuite sont crucifiés ou décapités, où leurs têtes sont brandies comme des trophés ? »

Le cardinal Vegliò fait ensuite « l’elenco impressionnant » des sévices : abus d’autorité, violation des personnes et de leurs droits fondamentaux, exploitation, extorsion, faim, enlèvement, vol, mutilation, douleur et mort. Tout cela manifeste pour le prélat, et de manière évidente, « un déclin des institutions et, pire, une perte du sens authentique d’humanité ». Face à cette situation et l’ampleur de la tâche, « l’Eglise ne s’arrête pas, ni ne s’effraie », assure le chef de dicastère.

Des mesures pour réguler les flux et protéger les personnes

Dans cette lettre, le Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement unit sa voix à celle du Pape pour lancer un appel vibrant aux institutions nationales et internationales, ainsi qu’à tous les croyants afin qu’ils intensifient leurs initiatives de prières pour que des voies justes conduisent à une coexistence pacifique. Le dicastère invite au dialogue et à la négociation pour arrêter la violences comme « les agresseurs » et demande des mesures locales et supranationales pour « réguler les flux migratoires dans le respect et la promotion de la dignité humaine, des individus et des membres de leurs familles. »








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